lundi 18 avril 2011

Ouganda - Des marches contre la vie chère empêchées par la police

(Le Monde 18/04/2011)

Pour la deuxième semaine consécutive, la police ougandaise a arrêté, lundi 18 avril, les principaux dirigeants de l'opposition et tentait ainsi d'étouffer dans l'œuf des "marches" contre la vie chère, susceptibles de se transformer en manifestations hostiles au régime. Kizza Besigye, leader du Forum pour le changement démocratique, (FDC, coalition d'opposition), a été condamné pour comportement inssurectionnel et incitation à la violence devant un tribunal lundi. Il avait été interpellé par la police alors qu'il sortait de chez lui.
Au moins dix-sept responsables de l'opposition ont été arrêtés dans les mêmes circonstances aux premières heures de la matinée, dont Norbert Mao, leader du Parti démocratique, et Olara Otunnu, le dirigeant du Congrès du peuple ougandais (UPC), selon l'opposition. Leur arrestation n'est pas liée à leur participation à des manifestations, mais a eu lieu dans le cadre "de plusieurs enquêtes en cours" contre M. Besigye, a affirmé un porte-parole de la police.
Les forces de l'ordre ont également fait usage de gaz lacrymogènes et de tirs à balles réelles pour disperser des protestataires qui tentaient d'ériger des barricades sur une avenue du nord de Kampala et jetaient des pierres. Deux personnes ont été hospitalisées dans ces affrontements, selon la Croix-Rouge ougandaise.
"HAPPENING" POLITIQUE
M. Besigye avait été déjà interpellé le 11 avril à la sortie de son domicile et inculpé "d'incitation à la violence", après avoir annoncé son intention de "marcher" contre l'augmentation des prix des denrées de base. Devant la pression d'un régime toujours prompt à interdire toute manifestation "illégale", il s'agissait pour l'opposition de tester une nouvelle tactique de "happening" politique : appeler les Ougandais à se rendre au travail à pied, en une "marche" de protestation contre la vie chère.
M. Besigye avait été largement battu par le président sortant Yoweri Museveni (au pouvoir depuis 1986) lors de l'élection présidentielle de février, un scrutin marqué par des fraudes du régime en place, selon l'opposition. Tout au long de la campagne puis à l'issue de l'élection, l'opposant avait brandi la menace de manifestations de rue, à l'image des révoltes populaires dans le monde arabe, et plus particulièrement sur le modèle de la révolution égyptienne. Depuis lors, les autorités ont sévèrement mis en garde l'opposition contre toute manifestation "illégale" non autorisée par la police ou visant à un changement "anticonstitutionnel de régime".

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters
18.04.11
13h26 • Mis à jour le 18.04.11
14h44
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