(L'Express 18/04/2011)
AJDABIYA (Libye) - Les forces pro-Kadhafi se sont rapprochées dimanche d'Ajdabiya, repoussant de nouveau vers l'est les rebelles qui ont cependant gardé le contrôle de la ville et tenaient bon aussi à Misrata, ville côtière que les forces loyalistes pilonnent depuis des semaines.
Samedi, les insurgés avaient progressé d'une quarantaine de kilomètres en direction de Brega (Est), située à 80 km à l'ouest d'Ajdabiya, à la faveur de raids aériens de l'Otan les jours précédents.
Mais dès dimanche matin, des tirs intenses sur la porte ouest d'Ajdabiya indiquaient que les forces pro-Kadhafi étaient revenues à moins de 20 km de cette ville stratégique, poussant certains rebelles et les habitants restés dans la ville à fuir par centaines, selon un journaliste de l'AFP.
L'armée a fini par se replier et les rebelles ont gardé le contrôle de la ville. Ils étaient déployés sur les grandes artères, érigeant des barricades pour ralentir les troupes loyales au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en cas d'incursion.
Des tirs de roquettes des forces gouvernementales sur le front à mi-chemin entre Ajdabiya et Brega avaient fait samedi 8 morts et 27 blessés.
A Misrata (ouest), 16 personnes ont été tuées et 71 blessées selon des chiffres de l'hôpital de la ville, où les combats ont repris de plus belle en milieu de journée dimanche, et le vrombissement des avions de l'Otan a pu être entendu tout l'après-midi, selon un photographe de l'AFP. Les insurgés ont affirmé avoir conquis des positions des forces pro-Kadhafi dans la nuit.
"Ca se complique. Il y a beaucoup de blessures par balles à la tête", a indiqué un médecin se présentant sous le pseudonyme de Mohamad al-Misrati, laissant entendre que le régime a envoyé des tireurs mieux entraînés.
Samedi, l'hôpital avait compté six morts et 31 blessés. Les restes de bombes à sous-munitions étaient visibles dans différents quartiers, selon un photographe de l'AFP. Le régime a fermement démenti avoir utilisé ces armes, interdites depuis 2010.
Une dizaine de milliers de migrants, notamment égyptiens et nigériens, attendaient toujours leur évacuation dans un camp de fortune installé près du port de Misrata, dans des conditions particulièrement précaires, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Deux bateaux affrétés par l'OIM doivent faire la navette entre Misrata et Benghazi, fief des rebelles dans l'Est.
L'un d'eux devait accoster dimanche soir pour embarquer un millier de réfugiés, "en priorité les plus vulnérables, ceux originaires d'Afrique de l'Ouest, notamment du Tchad et du Niger, qui sont les moins bien soignés par la population" selon Jeremy Haslam, qui dirige cette opération.
Plus à l'ouest encore, les forces loyalistes bombardaient les environs de la ville de Nalout, à quelques dizaines de kilomètres de la frontière tunisienne, selon un témoin.
Des habitants de Nalout s'étaient rendus un peu plus tôt à Zenten, à près de 120 km plus à l'est, pour chercher des renforts, faisant état de violents combats alors que les forces pro-Kadhafi tentaient de bloquer complètement la frontière, officiellement fermée mais encore poreuse par endroits.
Environ 3.000 Libyens ont fui samedi les montagnes de l'ouest de leur pays pour rejoindre la Tunisie, a indiqué le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR).
Dimanche, le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a estimé qu'il y avait "un certain risque" que le conflit "puisse durer" parce que le dirigeant libyen et son pays n'étaient pas "totalement prévisibles".
Le Premier ministre britannique, David Cameron, a répété qu'il n'était "pas question d'une invasion ou d'une occupation". "Il ne s'agit pas d'envoyer des soldats sur le terrain", a-t-il asséné, précisant que cette restriction rendait les choses "plus difficiles".
Le porte-parole du régime libyen, Moussa Ibrahim, a quant à lui affirmé que "l'implication d'al-Qaïda dans le conflit en Libye" était "prouvée chaque jour", affirmant disposer d'informations selon lesquelles, Abdelhakim Al-Hasadi, "un dirigeant très connu d'al-Qaïda" a quitté Benghazi pour se rendre à Misrata à bord d'un bateau rempli d'armes et de moyens de communication modernes, en compagnie de 25 "combattants bien entraînés".
Selon le New York Times, le gouvernement américain recherche activement un pays susceptible d'accueillir M. Kadhafi, sans avoir à le livrer s'il était poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour les violences contre son peuple.
Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy a déclaré qu'il fallait "maintenir la pression militaire" en Libye et affirmé que le départ de Mouammar Kadhafi était "le but principal" de la coalition.
Par AFP publié le 18/04/2011 à 06:40
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