(La Nouvelle Expression 19/04/2011)
Le quatrième volume du livre qui encense Paul Biya a été dédicacé hier à Yaoundé.
A quelques exceptions près, le volume IV du livre « Paul Biya, l’appel du peuple » ne diffère pas des éditions antérieures. Cinq sections regroupent les centres d’intérêts des soixante dix-sept appels (à se représenter à l’élection présidentielle de 2011) et autres motions adressées à Paul Biya, président de la République et président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), par les militants de son parti. Ce sont « Appels à candidature » (26), « Soutiens appuyé à la politique d’assainissement des mœurs » (9), « positive indicators to economic development » (19), « Defending the national integrity of Cameroon » (5) et « Du fond du cœur » (18).
Un texte non signé ponctue chaque section. Dans une rédaction bilingue, le Premier ministre signe le prologue, pendant que René Sadi, le secrétaire général du Rdpc s’occupe de la préface. Jacques Fame Ndongo, le secrétaire à la communication du parti au pouvoir et Elvis Ngolle Ngolle, simple militant, introduisent les appels en français et en anglais. Marie Claire Nnana et Shey Peter Mabu, respectivement directeur général (Dg) et directeur général adjoint de la Sopécam (Société de Presse et d’Edition du Cameroun), ont écrit en français et en anglais le post-scriptum. L’épilogue étant une reprise de trois des derniers discours du chef de l’Etat. Et ce sont ces textes qui apportent une certaine rupture dans la continuité des publications de l’Appel.
Dans un texte écrit en français et en anglais, intitulé «pour un Cameroun émergent avec le président Paul Biya», le Pm dit que «les motions de soutien formulées par le peuple et contenues dans le présent volume proviennent de personnes qui reconnaissent que notre démocratie libérale leur permet de choisir des candidats à des charges publiques». Pour Elvis Ngolle Ngolle, Paul Biya devrait logiquement gagner l’élection présidentielle d’octobre 2011 qui fait jaser tant. «Quel est ce peuple sans pouvoir ? Quel est ce peuple sans choix ?» Le ministre des forêts et de faune (Minfof) s’est interrogé en indiquant qu’«un tel monde est une jungle animale où règne la loi du plus fort».
Polémique
Le livre parait au moment où une motion des enseignants d’universités fait polémique. Et Fame Ndongo, le ministre de l’Enseignement supérieur (Minesup) que d’aucuns voient derrière la «machination» est formel : c’est vrai qu’«il ne faut pas généraliser, mais la plupart des signataires sont sincères». Le Minesup passe à une offensive pédagogique : «ceux qui contestent le principe de la motion de soutien dans son essence ne connaissent pas la rhétorique grecque ; c’est pourquoi j’ai fait appel à Aristote que personne ne pourra contester, qui est le maître en matière de logique, et en matière de rhétorique dans la planète Terre. Personne jusqu’à présent ne l’a contesté». Expliquant que la rhétorique consiste en ce que «vous êtes un orateur qui exprime un point de vue, vous vous présentez d’abord, vous argumentez et à la fin, il y a le pathos».
Le sémioticien rappelle les cinq étapes de la rhétorique et soutien que chacune des motions de soutien publiées est différente dans son contenu, et respecte ce schéma. Non sans annoncer son ambition de ramener la rhétorique telle qu’enseignée autrefois au secondaire et à l’université. Mais avant, il donne «rendez-vous le 29 avril» à ses pairs universitaires, pour une conférence publique sur les motions de soutien, qui verra la participation de syndicalistes et d’hommes politiques.
Fautes
Un livre parfois truffé de fautes, notamment sur l’orthographe des noms des signataires. Pour Marie Claire Nnana, la Sopécam s’est simplement fait le devoir de relayer les sollicitations d’un peuple. Le plus important pour l’éditrice muée en militante, c’est «est-ce que le chef entend son peuple ?». En indiquant que « ce n’est pas à nous de répondre ». René Sadi croit pouvoir se substituer au chef. «Le président et le peuple camerounais sont en phase» et le président a déjà répondu favorablement.
Le patron du parti de Paul Biya qui a assisté pour la première fois à cette cérémonie qui a toujours coïncidé avec son déplacement à l’étranger avec le chef de l’Etat, s’en tient à la lettre adressée au peuple par le président de la république le 06 novembre 2010, via la presse écrite. En tout cas, pour le Sg/Rdpc, «le promoteur du renouveau n’a pas fini de faire bénéficier le Cameroun de son génie créateur : nous avons encore besoin de ses précieux et exceptionnels atouts pour donner toutes ses chances au Cameroun de relever les défis d’aujourd’hui et de demain», écrit-il dans la préface.
Écrit par Lindovi Ndjio
© Copyright La Nouvelle Expression
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire