(Afrique en ligne 20/04/2011)
Il a été désigné par consensus samedi dernier à la réunion de la direction du parti aux dépens des trois challengers pourtant annoncés. C'est un véritable retournement de situation. En se retirant de la tête du parti pour une alternance inédite au congrès de février 2009 à Yaoundé, personne ne pouvait prédire un retour spectaculaire d'Anicet Ekane au devant de la scène.
Réunie samedi dernier à l'assemblée du Comité national de coordination (Cnc), la direction du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem), les 35 membres de cette chambre ont désigné «par consensus le camarade Anicet Ekane candidat du Manidem à l'élection présidentielle prévue en octobre 2011», peut-on lire dans le communiqué final signé de Charles Nforgang (président du Présidium), Valentin Dongmo Fils (Vice-président chargé des élections) et Abanda Kpama (président du Manidem).
Comment en est-on arrivé à ce résultat alors que trois autres candidats étaient aussi annoncés en lice ? Comment Dieudonné Yepga (Secrétaire national aux affaires économiques et sociales), Jean Vela (Membre du Cnc), Abanda Kpama se sont désistés au profit d'Anicet Ekane, pourtant relégué au second plan dans son rôle de Conseiller du bureau politique aux relations internationales ?
«Le parti a choisi le consensus au lieu de procéder aux élections primaires. Etant président du Manidem, je contrôle tout l'appareil du parti et pouvait être désigné candidat du parti sans peine, mais pour l'intérêt supérieur du parti, j'ai décidé de m'aligner derrière le consensus des autres camarades», déclare, énigmatique, Abanda Kpama, le président du Manidem.
Les raisons de la désignation d'un «outsider», il faut plutôt la chercher ailleurs : «Suite à la décision du congrès qui est souverain et bien que nous ayons choisi un candidat, nous conditionnons notre participation à trois facteurs :
primo, l'évolution du rapport de force (que le gouvernement donne des gages d'impartialités), la mise en ordre de bataille pour préparer les élections législatives et municipales de 2012. Tercio, le président du parti est chargé d'appliquer la seconde condition», énumère Abanda Kpama, le président du Manidem.
Dans ces conditions poursuit-il, «il n'était pas opportun de choisir le président du parti comme candidat, lui qui lui doit s'occuper de préparer les élections législatives et municipales car d'ici 5 ans, nous envisageons d'être au moins la seconde force politique à l'Assemblée nationale».
D'accord. Sauf que la désignation d'Anicet Ekane, malheureux candidat à l'élection présidentielle de 1997 et 2004 sonne faux pour le Manidem qui a envoyé des signaux d'alternance sur le plan interne à l'opinion.
«Nous ne faisons pas du surplace. C'est un message que nous passons», lance, énigmatique le président du Manidem. Avant de renchérir: «le parti continue de discuter avec la Nouvelle opposition camerounaise (qui regroupe six partis politiques) pour trouver éventuellement un candidat unique de l'opposition».
En attendant, Anicet Ekane, le candidat désigné se dit nullement surpris par le choix sur sa personne : «Le défi est grand pour moi car il ne s'agit de déployer non pas le programme du candidat Anicet Ekane, mais plutôt le programme du Manidem». La présentation officielle du candidat se fera d'ici à trois semaines, apprend-on.
Eric Roland Kongou
Le Quotidien Mutations/19/04/2011
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