lundi 18 avril 2011

Algérie - Abdelaziz Bouteflika annonce des réformes mais ne convainc pas

(Les Echos 18/04/2011)

Après le Maroc, l'Algérie - en proie à un profond mouvement de grogne qui se traduit par des manifestations quotidiennes jusque devant la présidence de la République -annonce des réformes politiques. Dans un discours télévisé très attendu, le premier depuis les révolutions qui secouent le monde arabe, le président Abdelaziz Bouteflika a promis vendredi soir « un programme de réformes politiques visant à approfondir le processus démocratique ». Au menu, le chef de l'Etat a annoncé une révision de la Constitution, qu'il avait fait amender en 2009 pour briguer un troisième mandat, une modification de la loi sur les partis politiques, de la loi électorale ainsi que du Code de l'information. « Une fois [la] loi électorale adoptée, toutes les mesures seront prises afin de garantir la transparence [...] y compris la supervision des élections par des observateurs internationaux », a promis le chef de l'Etat. La future loi sur l'information consacrera « la dépénalisation du délit de presse », a-t-il ajouté. Le tout doit aboutir avant les « prochaines échéances électorales nationales » prévues en mai 2012.
A Paris, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a estimé samedi que les réformes annoncées allaient « dans la bonne direction ». Le président algérien n'a cependant pas convaincu sur place. « Bouteflika s'est fait la voix d'un système qui veut garder les choses en main tout en faisant miroiter des réformes qui [n'en] sont pas », affirmait samedi le quotidien « El Watan ». « Le système, par la voix de Bouteflika, affirme qu'il ne cédera sur rien et que le changement et l'ouverture politique, appelés de tous les voeux, ne sont pas à l'ordre du jour », ajoutait encore le journal, considérant que le discours, qualifié de « coup d'épée dans l'eau », ne visait qu'à « gagner du temps ».
En annonçant de telles mesures politiques, le président algérien adresse aussi de facto un sérieux démenti aux propos de son Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui assurait il y a deux semaines : « L'Algérie ne vit pas une crise politique. »

MARIE-CHRISTINE CORBIER, Les Echos
18/04/11
07:00
Marie-Christine Corbier
Ecrit par
Marie-Christine CORBIER
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