(L'Humanite 29/04/2011)
À la tête d’un régime autoritaire et répressif depuis vingt et un ans, le sortant Idriss Déby Itno devrait remporter, sans surprise, une élection présidentielle boycottée par l’opposition.
Un scrutin boycotté par l’opposition, aux résultats courus d’avance, pour perpétuer un régime dictatorial avec la bénédiction de la France et de l’Union européenne. Ainsi se présente l’élection présidentielle tchadienne, dont le premier tour s’est tenu ce lundi. Alors que les résultats provisoires ne doivent être proclamés que le 9 mai, le président sortant, Idriss Déby Itno, s’est dit «certain» de garder un pouvoir conquis par un coup d’État il y a vingt et un ans. Une simple formalité, en somme, après la victoire de son parti aux élections législatives du 13 février, entachées de fraudes et d’irrégularités mais saluées par Paris et Bruxelles. En 2001, au terme d’un scrutin présidentiel truqué, Idriss Déby Itno avait fait arrêter les principaux candidats d’opposition. En 2006, après une révision constitutionnelle de convenance pour briguer un nouveau mandat, il sortait vainqueur d’une farce électorale boycottée par l’opposition. Cette fois encore, Idriss Déby s’est présenté aux électeurs sans concurrents sérieux. Les trois principaux opposants, Saleh Kebzabo, Wadal Abdelkader Kamougué et Ngarlejy Yorongar se sont retirés de la course, refusant de cautionner un «cirque électoral». À la tête d’un régime autoritaire et répressif, Idriss Déby Itno a entretenu un cycle de violences, de rébellions et de répression qui a laissé le pays exsangue. Malgré l’exploitation du pétrole dans le Sud depuis 2003, le Tchad reste classé parmi les pays les moins avancés. «Dans la vie des Tchadiens, rien n’a changé. Les gens continuent de mourir de faim, du paludisme ou de diarrhée parce qu’il n’y a pas d’eau potable», résume l’avocate Delphine Djiraïbé. Ce despote au désastreux bilan peut pourtant compter sur l’appui sans faille de la France, qui maintient depuis 1986 au Tchad une présence militaire au travers du dispositif Épervier. En février 2008, sans l’appui des militaires français, Idriss Déby, menacé par des mouvements d’opposition armée, serait tombé.
Rosa Moussaoui
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