(Lutte Ouvrière 28/04/2011)
Idriss Déby devrait sans surprise être reconduit à la présidence du Tchad, à l'issue de l'élection organisée le 25 avril. La fraude électorale étant la règle et le résultat connu d'avance, peu d'électeurs se sont d'ailleurs déplacés jusqu'aux bureaux de vote. Comme lors des présidentielles de 2006, les principaux partis d'opposition avaient également boycotté cette parodie de démocratie.
Déby va donc se succéder à lui-même, comme il le fait depuis 1990, date à laquelle il était arrivé au pouvoir, après avoir chassé Hissène Habré par un coup de force militaire. De Tombalbaye à Déby, en passant par le général Malloum en 1975, Goukouni Weddei en 1979 et Hissène Habré en 1982, le Tchad n'a connu qu'une succession de coups d'État et de régimes dictatoriaux depuis son indépendance.
Déby et son clan perpétuent donc cette situation, en imposant leur censure à la presse et une répression sanglante contre les opposants. En février 2008 une offensive rebelle, parvenue jusqu'aux portes du palais présidentiel dans la capitale N'Djamena, avait bien failli provoquer la chute du régime. Avec la complicité de l'armée française, Déby s'en était sorti. Il s'en était suivi une répression au cours de laquelle plusieurs opposants disparurent.
Malgré la découverte et l'exploitation de gisements pétroliers dans la région de Doba en 2003, la situation du pays, l'un des plus pauvres d'Afrique, n'a guère changé. Déby et son clan en ont certes profité pour s'enrichir, renforçant également les moyens mis à la disposition de l'armée, mais la population connaît toujours la misère et l'absence d'infrastructures. Le manque d'eau potable et les mauvaises conditions d'hygiène favorisent les épidémies : méningite, rougeole, choléra... Quant à la flambée des prix des denrées alimentaires, elle a aggravé la famine qui frappe de nombreuses familles.
Malgré ce tableau accablant, Déby, comme ses prédécesseurs d'ailleurs, a toujours bénéficié du soutien de la France. Il faut dire que le Tchad occupe une position stratégique au cœur de l'Afrique. C'est pourquoi l'impérialisme français y maintient en permanence plusieurs centaines de soldats, prêts à intervenir aux quatre coins du continent, partout où les intérêts des Bouygues, Bolloré, Total, Areva et autres trusts seraient menacés. Et ce n'est pas le gouvernement de Sarkozy qui remet en cause cette politique de soutien au dictateur tchadien.
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