(Sud Ouest 21/04/2011)
Le sort de Laurent Gbagbo, en résidence surveillée dans le Nord, pèse sur le redémarrage du pays. Et on est sans nouvelles de certains acteurs clés de l'ancien régime.
La situation se normalise lentement en Côte d'Ivoire. Hier, on tirait encore dans Abidjan, où les militaires ivoiriens tentent de réduire les dernières poches de miliciens pro-Gbagbo, dans le quartier de Yopougon. Et le nouveau pouvoir d'Alassane Ouattara, soucieux des symboles, a fait raser la « Sorbonne », qui n'est pas une université mais une sorte d'agora proche du palais présidentiel où les Jeunes Patriotes, fervents soutiens de Laurent Gbagbo, avaient coutume de lancer leurs diatribes anticoloniales et antifrançaises.
L'ex-président, lui, n'est plus à Abidjan. Après son arrestation, le 11 avril, Laurent Gbagbo a été mis en résidence surveillée au nord, loin de la capitale. On parle d'une résidence officielle à Korhogo.
« Bien traité »
Interrogé par « Sud Ouest », l'ambassadeur de Côte d'Ivoire à Paris, Ally Coulibaly, ne confirme pas le lieu précis mais tient à souligner que Laurent Gbagbo « est bien traité et ne manque de rien ». Il confirme aussi que Simone, son épouse, ex- « dame de fer » du régime, est toujours retenue à l'Hôtel du Golf à Abidjan et que sa sœur Victoire a été libérée.
Sur plus d'une centaine de personnes qui entouraient le couple Gbagbo quand il s'est rendu, les deux tiers d'entre elles - parmi lesquelles des enfants, des femmes, des personnes âgées et des employés - ont été libérées. Sont en revanche détenus plusieurs membres de la garde rapprochée de l'ex-président, comme son ministre des Affaires étrangères, Alcide Djédjé, le chef du Front populaire ivoirien Affi N'Guessan ou encore le général Dogbo Blé, qui commandait la garde présidentielle.
Manquent à l'appel, en revanche, des personnages importants : le chef des Jeunes Patriotes, Charles Blé Goudé, se serait réfugié au Ghana ; le président du Parlement, Mamadou Koulibaly, et celui du Conseil constitutionnel, Paul Yao N'Dré, sont introuvables.
Le sort qui leur est réservé, et d'abord celui de Laurent Gbagbo, est essentiel. « Alassane Ouattara n'a pas dit ce qu'il adviendrait, mais certains relèvent de la justice nationale, d'autres d'un tribunal international », se borne à dire son ambassadeur à Paris, qui tient à réitérer la promesse du nouveau président « de bâtir un État de droit et une justice indépendante dans un esprit de réconciliation ».
Le juge Ramaël à Abidjan
Ally Coulibaly précise que le ministre de la Justice et le nouveau procureur de la République « travaillent beaucoup » et que ce travail ne devrait pas épargner certains militaires ou civils du camp Ouattara, s'il s'avérait que des « actes répréhensibles » ont été commis.
Il est aussi question de faire la lumière sur certaines vieilles affaires, dont deux au moins intéressent directement Paris : la mort de neuf soldats français dans le bombardement du camp de Bouaké, en novembre 2004, et la mort de Guy-André Kieffer, dont la famille vient d'être reçue à l'ambassade ivoirienne.
S'agissant de la séquestration puis de la disparition jamais éclaircie d'un journaliste qui enquêtait sur la filière du cacao, le nouveau pouvoir affirme vouloir aider à la manifestation de la vérité et annonce qu'il accueillera à Abidjan, à la mi-mai, le juge français Ramaël, chargé de l'enquête.
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