vendredi 5 février 2010

Bénin/Visite du président de la Boad au chef de l’Etat : Des baisers de Judas entre Yayi et Bio Tchané

Le président de la Banque ouest-africaine de développement (Boad), Abdoulaye Bio Tchané, et le chef de l’Etat, se sont fortement embrassés, mardi dernier à la présidence de la République, malgré les rivalités politiques qui les opposent. Si apparemment, le geste des deux hommes constitue un gage de paix, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une comédie politique offerte gracieusement aux Béninois.

Est-ce que ces accolades sont-elles sincères ? Non, et pour cause. Primo, les Européens nous ont habitués à deux accolades et les Africains à quatre. Les cinq échangés par Yayi et Tchané cachent mal la mise en scène des deux banquiers rivaux. Secundo, les rivalités politiques entre le président Boni Yayi et son potentiel challenger du Nord à la prochaine élection présidentielle sont si flagrantes pour que pour ces fortuites accolades, l’on en conclue à leur parfaite entente.
Et d’ailleurs, 72 heures avant leur rencontre, les partisans de Bio Tchané ont failli être interdits de manifestation à Djougou. Il y a quelques mois, toutes les stratégies ont été mises œuvre pour empêcher le président de la Boad d’assister à la cérémonie de lancement de la voie Djougou-N’Dali financée par son institution. De leur côté, les militants de ce dernier ne manquent pas aussi de répondre à leurs adversaires sur le terrain.
Dans le nord du pays, les rivalités s’accentuent entre les pro-Tchané et partisans du régime du Changement. Chacun de son côté multiplie des stratégies pour avoir le contrôle du terrain. Toutes ces données démontrent que la bataille sera rude à la prochaine élection présidentielle. Dans l’histoire de ce pays, c’est la première fois que l’on assistera à une telle scène.
Les deux hommes sont pratiquement à un point de non retour. Leurs accolades ne les empêchent pas de continuer la guerre sur le terrain. Dès lors, il est trop tôt de penser qu’au plan politique, ils ont enterré la hache de guerre. D’ailleurs, les hommes politiques ont déjà habitué les Béninois à ces genres de mise en scène. Le président Mathieu Kérékou, quand il était au pouvoir, recevait régulièrement en audience Nicéphore Soglo.
Mais, cela n’a pas empêché ce dernier de se présenter contre lui en 2001. Jusqu’en 2006, les deux sont restés adversaires politiques. Même dans les milieux politiques béninois, le même scénario s’observe régulièrement. Ce n’est pas le président Boni Yayi et son rival, Abdoulaye Bio Tchané qui feront l’exception.
Publié le 05-02-2010 Source : La Nouvelle Tribune Auteur : sonangon.net

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