(L'Indépendant (cf) 18/02/2010)
Il n’y a rien de plus faux quand les loups hurlent avec la colombe. Il est clair que l’hypocrisie et la rancœur résistent difficilement à la réalité du terrain.
L’on se souviendra qu’au lendemain de l’annonce du décès à Paris de l’ancien président André Kolingba le 7 février dernier, les autorités centrafricaines, à commencer par la première d’entre elles, François Bozizé, se rivalisaient d’éloges à l’endroit de l’illustre disparu.
François Bozizé, pour ne prendre que son exemple, s’est fendu d’un communiqué au ton flagorneur pour saluer la mémoire de son « frère d’Armes ».
« Mon frère d’Armes, le Général d’Armée André Kolingba, ancien Président de la République, n’est plus. La tristesse qui est celle de sa famille est également la nôtre car, la fraternité et l’unité qui étaient le sens de sa politique continuent de nous interpeller profondément pour la préservation de notre patrie », avait-il écrit dans un message rendu public au lendemain du décès de l’ancien président.
Dans le même communiqué, le président centrafricain notait qu’« en cette douloureuse circonstance, en votre nom à tous, je présente ma fraternelle compassion à la famille du disparu ainsi qu’à son parti, le Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC) pour cette perte incommensurable », avant d’ajouter que « La République en appelle à chacune et chacun de nous pour réserver, sur la terre de ses ancêtres, les adieux à la dimension de l’ancien Chef d’Etat que fut le Général d’Armée André Kolingba ».
Le ton hypocrite de ce message de François Bozizé, que beaucoup n’ont pas manqué de remarquer, cache mal sa rancœur envers André Kolingba et tranche singulièrement avec ses agissements. Personne n’a envie de dire du mal d’un mort parce qu’on ne tire pas sur une ambulance, n’est-ce pas ? Il nous faut hélas aujourd’hui déchanter.
Selon nos informations, le président centrafricain, principal ordonnateur des dépenses publiques, en sa qualité de président des réunions de trésorerie, a purement et simplement refusé de décaisser les fonds nécessaires à l’achat de billet de la famille Kolingba afin d’accompagner sa dépouille à Bangui.
D’après la source, Mireille Kolingba a seule supporté les frais relatif au rapatriement de la dépouille de son mari. Autrement dit, l’État centrafricain, qui ne reproche rien mais absolument rien du tout à André Kolingba, s’est dérobé par méchanceté de ses responsabilités élémentaires.
Car, inutile de rappeler qu’André Kolingba est un ancien chef de l’État qui a servi son pays avec cœur. Comme le reconnaissent tous les observateurs crédibles, André Kolingba est le père de la démocratie centrafricaine. Quoi qu’en dise, c’est lui qui ait introduit le multipartisme en Centrafrique. Par sa pondération, il a évité à notre pays de basculer dans la guerre civile et l’anarchie qui va avec. Son rang et son statut d’ancien président de la République font obligation à l’État centrafricain de lui accorder quelques avantages.
Le refus de François Bozizé de payer les titres de transport à la famille Kolingba traduit sa méchanceté et la fausse idée qu’il fait de ses fonctions. Il s’agit là, bien évidemment, d’une grave maladie clanique. Nous avons tendance à l’oublier mais il faut reconnaître que le président centrafricain a le tribalisme chevillé au corps. C’en est devenu son système de gestion de la chose publique : les obsèques de sa mère ont été digne d’un chef de l’État, alors qu’elle n’a jamais eu une quelconque responsabilité politique ou administrative.
Pis : Sylvain Ndoutingaï avait retiré les 8 milliards de la CÉMAC pourtant destinés au DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion des combattants) dans les caisse de la BEAC à Bangui, en prétextant que deux milliards serviront à construite un mausolée pour la défunte mère du président de la République.
Allez-y comprendre quelque chose…
Mercredi 17 Février 2010 L'Indépendant
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