(Le Figaro 24/02/2010)
Ali Bongo présente sa mère à Nicolas Sarkozy, mercredi, à Franceville, à 700 kilomètres de Libreville, la capitale, qu'il a rejointe ensuite.
Crédits photo : AP
Affichant son soutien au président Ali Bongo, il promet des relations «exemplaires».
Aux yeux de Nicolas Sarkozy, la rénovation des relations entre la France et l'Afrique passe nécessairement par le Gabon, son plus fidèle allié sur le continent. Il s'y était rendu une première fois, peu après son entrée à l'Élysée, en juillet 2007. Il y est retourné en juin dernier, à l'occasion des obsèques d'Omar Bongo, le doyen de la «Françafrique», au pouvoir pendant quatre décennies. Il y est revenu mercredi pour apporter son soutien à son fils Ali et plaider en faveur de la «refondation des relations privilégiées entre nos deux pays».
Ces relations, «nous souhaitons qu'elles soient exemplaires», a insisté le chef de l'État dans le discours qu'il a prononcé, mercredi, à Libreville. «Moins de mauvaises habitudes, des progrès plus concrets, des projets privilégiés», a préconisé le président de la République, en se prononçant encore pour des «relations décomplexées». «Il n'existe plus de pré carré et je ne le regrette pas», a encore déclaré Nicolas Sarkozy, en écho à Ali Bongo qui, quelques instants plus tôt, avait affirmé : «La politique des tutorats, des réseaux et des leçons est dépassée.»
Le chef de l'État a chaleureusement appuyé l'action du nouveau président gabonais, élu le 30 août dernier lors d'un scrutin sur lequel pèse le soupçon de fraudes. «La France sera à vos côtés», lui a-t-il assuré. Il s'est toutefois défendu d'avoir pesé dans le vote. «Je défie quiconque de pouvoir démontrer que la France avait un candidat», a affirmé Nicolas Sarkozy.
Avec le Gabon, comme avec les autres pays du continent, le mot-clé mis en avant est celui de «partenariat». Nicolas Sarkozy a souligné son intention de travailler avec ce pays appartenant au G28 et membre du Conseil de sécurité en 2010 et 2011. Un allié à ne pas négliger dans la perspective de débats cruciaux, sur l'Iran notamment.
Symbole de la «nouvelle relation» franco-gabonaise, un «plan d'action pour la mise en œuvre d'un partenariat stratégique», englobant tous les domaines de la coopération et donnant un coup de jeune à des textes remontant pour certains à l'indépendance, il y a tout juste cinquante ans.
Accord de défense
Paris avait annoncé il y a quelques jours que la base militaire française de Libreville serait maintenue, contrairement à celle de Dakar. Un nouvel accord de défense a également été signé mercredi, le précédent datant d'août 1960. Ce document «sera déposé sur les bureaux de nos deux Parlements, il sera publié, il n'y aura pas de clauses secrètes», a déclaré Nicolas Sarkozy en faisant allusion aux agréments, jamais rendus publics, par lesquels la France s'autorisait à jouer le «gendarme» en Afrique. «Nous voulons travailler dans la transparence, dans l'équilibre, main dans la main», a encore assuré le président de la République. Il s'est entretenu, mercredi, avec des représentants de l'opposition, autre gage du renouveau en cours.
Sur le passé, la page ne se tourne malgré tout que lentement - trop pour certains. C'est que Nicolas Sarkozy veut faire rimer «rupture» avec «fidélité», voire continuité. En témoigne son accueil, «à l'ancienne», mercredi à Franceville, le fief des Bongo, à 700 kilomètres de Libreville, la capitale, qu'il n'a rejointe qu'ensuite.
L'hommage a Omar, le père, aura précédé le soutien à Ali, le fils. En début de matinée, le chef de l'État s'est incliné sur la sépulture de «Papa». À l'aéroport, les danseurs emplumés et les tam-tams lui ont fait la fête. «Opération France-Afrique, au beau fixe. Amitié franco-gabonaise, au beau fixe», chantait notamment un groupe de musiciens.
Un peu à l'écart, un homme observe la scène. Maître Robert Bourgi est un des hommes clés de la Françafrique. «Invité personnel» du président français, c'est dans l'hélicoptère d'Ali Bongo qu'il a rejoint Franceville. «Nicolas Sarkozy est réellement l'homme de la rupture, affirme-t-il. Vous ne voulez pas me croire, et pourtant je suis bien placé pour le savoir…»
Par Alain Barluet © Copyright Le Figaro
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