(L'Express 22/02/2010)
ABIDJAN - Les manifestations contre le régime de Laurent Gbagbo, qui a une nouvelle fois repoussé sine die l'élection présidentielle initialement due en 2005, se sont poursuivies lundi en Côte d'Ivoire.
La grand route menant d'Abidjan, poumon économique du pays, à Yamoussoukro, la capitale politique, était coupée en plusieurs points par des protestataires, a constaté un correspondant de Reuters.
A Daloa, centre de production du cacao, dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial, des opposants ont mis le feu à des pneus et lancé des pierres sur les forces de sécurité, qui ont répondu à coups de gaz lacrymogènes.
A Abobo, une banlieue nord d'Abidjan, un caméraman de Reuters a vu la police disperser des manifestants, dont au moins un portait une machette.
A Toumoudi, au sud de la capitale, quelque 2.000 protestataires ont défilé pacifiquement sous les yeux de la police et des militaires, qui ne sont pas intervenus.
Les troubles sont devenus quasi quotidiens en Côte d'Ivoire depuis que le président Laurent Gbagbo a dissous le gouvernement et la commission électorale le 12 février.
Vendredi, au moins cinq manifestants ont été tués et des dizaines d'autres blessés par les forces de sécurité à Gagnoa, au sud-est de Yamoussoukoro, lors d'un rassemblement contre les initiatives de Gbagbbo.
La colère populaire est attisée par les atermoiements du régime concernant la présidentielle prévue il y a cinq ans mais sans cesse repoussée au prétexte que les listes électorales ne comporteraient pas que des Ivoiriens "de souche".
Cette question de l'"ivoirité" est au centre de la crise que connaît la Côte d'Ivoire depuis la tentative manquée de coup d'Etat contre Gbagbo en 2002, qui débouché sur une division de facto du pays entre Nord et Sud.
D'une manière générale, les manifestations déclenchées par la décision de Gbagbo de dissoudre la commission électorale indépendante se déroulent pacifiquement, à l'exception de celle de vendredi à Gagnoa.
Mais la tension monte dans l'ancienne colonie française en attendant la formation d'un nouveau gouvernement, dont l'ancien rebelle nordiste Guillaume Soro doit annoncer sous peu la composition.
Gbagbo est soumis de son côté à une pression internationale croissante, notamment de la part de ses partenaires de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et de son médiateur le président burkinabé Blaise Campaoré, pour remettre rapidement sur les rails le processus de normalisation politique.
Par Reuters, Ange Aboa à Toumodi et Media Coulibaly à Abidjan, Marc Delteil au service français
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