mardi 16 février 2010

Rwanda-Rdc : Paul Kagame prône la libéralisation des frontières

(Digitalcongo.net 16/02/2010)
Dans le souci d’une normalisation des relations entre la Rdc et le Rwanda, Paul Kagame, s’est adressé aux autorités de son pays, en leur conviant de relaxer les mouvements des personnes et des biens à la frontière avec la Rdc dans le but d’une maximisation de l’exploitation des potentiels de deux pays.
Facilitation des mouvements de personnes et des biens entre la RDC et le Rwanda. Première décision prise dans ce sens par le président rwandais Paul Kagame qui a instruit toutes les autorités rwandaises, surtout celles exerçant leurs fonctions le long des frontières entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Elles sont appelées à réduire toutes les restrictions pour permettre une meilleure circulation des biens et des personnes en vue d’intensifier le commerce entre les deux pays. Kagame demande aux autorités congolaises d’en faire autant.
Du coup, la question qui se pose est celle de savoir si les FDLR ne constituent plus un danger pour le régime de Kigali Serait-ce la preuve de l’anéantissement de la capacité de nuisance des FDLR ? Manifestation de la normalisation des relations entre Kigali et Kinshasa ? Kigali tient-il à anticiper les décisions qui seront prises lors du prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL, portant certification des « minerais du sang » ?
Mardi 9 février, Paul Kagame, président du Rwanda, s’est adressé à toutes les autorités de son pays. Particulièrement aux maires, gouverneurs, autorités territoriales, ministre des Finances ainsi qu’à toutes les personnes qui peuvent rendre possible et faciliter le commerce entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Adresse qui s’appuie sur la relance de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale, CEPGL, dans le but d’exploiter au maximum les potentialités dont disposent particulièrement la RDC et le Rwanda.
Dans son adresse, le président rwandais a demandé aux autorités locales « de relaxer les mouvements des personnes et des biens à la frontière avec la République démocratique du Congo ». Mieux, il les a instruites à réduire les restrictions pour accorder des visas à toute personne qui désire venir au Rwanda et exercer toute activité commerciale.
A en croire des informations concordantes en provenance de Kigali, cette déclaration fait suite à la mise en place « de la bourse des matières premières » qui vient d’être lancée à Kigali. Aussi, « si les hommes d’affaires du Kivu apportent de l’argent et des minerais, il n’y a aucune raison de refuser », a-t-il dit.
Le président rwandais souligne « qu’il est temps de redynamiser le commerce entre la RDC et le Rwanda », en citant le cas du district de Nyamasheke, dans le territoire de Cyangugu, et la ville de Bukavu. Les échanges commerciaux entre les deux, district-ville, ont doublé et qu’il est possible d’en faire plus. En outre, affirme-t-il, le Rwanda produit du lait, de la farine et autres aliments qui peuvent être écoulés en RDC où la demande est plus grande, permettant ainsi aux hommes d’affaires rwandais de suppléer au marché congolais. Des instructions formelles ont été données au ministre des Finances, et son collègue de l’Agriculture et Infrastructures pour que des activités commerciales se déroulent normalement.
Surprise
Cette décision a surpris de nombreux observateurs. Car en « libérant » les frontières, la menace FDLR est-elle définitivement écartée ? Il est encore prématuré de répondre affirmativement à cette interrogation tant les FDLR continuent à tuer, à violer en RDC. Toutefois, de deux choses l’une. Que les opérations militaires conjointes RDC-RWANDA aient anéanti la puissance de nuisance des FDLR, ou alors Kigali a conclu un « accord secret » avec ses « opposants armés » pour qu’ils ne constituent plus un danger pour son régime.
Dans cette dernière hypothèse, c’est Kinshasa qui aura été le dindon de la farce après les crimes économiques et contre l’humanité commis en RDC par les FDLR. Par cette décision de Kigali, ils pourraient désormais vendre « officiellement » les minerais qu’ils exploitent illégalement en RDC.
La deuxième surprise est que le Rwanda n’est pas producteur des matières premières. Quel but poursuit-il ou quelle est cette motivation qui a poussé le Rwanda à installer une « bourse des matières premières » à Kigali ?
Pour comprendre les faits, il est important de noter que depuis 2008, le Rwanda devrait devenir « une zone franche ». Une sorte de « Suisse d’Afrique » où pourraient s’installer plusieurs banques pour permettre des transactions bancaires en Afrique avec le reste du monde. Pour ce faire, le Rwanda devrait donner une bonne image autre que celle d’un « Etat belliqueux », démontrer ses capacités d’un Etat « stable, sécurisant » susceptible d’inciter des investisseurs dans le secteur bancaire à venir s’y installer. Quand on jette un coup d’œil sur les médias qui soulignent le « bon climat d’affaires au Rwanda », on peut facilement comprendre cette dernière initiative. Le président rwandais est donc déterminé à conduire le Rwanda dans cette voie.
RDC : Réaction très attendue
La décision du président rwandais intervient à quelques semaines de la tenue du prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL. Au cours de cette rencontre, il est question de lever des options sur la certification des ressources naturelles. C’est-à-dire des « minerais du sang ». Allusion faite au coltan, cassitérite, or et bientôt le nickel. Selon des statistiques, le Rwanda aurait exporté cinq fois plus de cassitérite qu’il n’en produit.
Tout comme les groupes armés du Kivu et de l’Ituri, y compris les FDLR, ont soutenu les filières rwandaises et ougandaises à exporter frauduleusement l’or, la cassitérite et le coltan en direction du Liban, parfois via le Congo-Brazzaville.
Pour décourager ce trafic illicite, le Centre d’évaluation et d’expertise des matières minérales, CEEC, vient de lancer une filière aurifère au Sud-Kivu. L’installation de cette filière est intervenue vendredi 12 février à Bukavu. Aussi, pour encourager les négociants, la CEEC a décidé de jouer franc jeu en annonçant la réduction des taxes imposée aux tenanciers des comptoirs d’achat d’or. Cette taxe passe désormais de 75.000 à 7500 USD pour endiguer la fraude en direction de la Tanzanie, du Kenya, du Burundi, en plus du Rwanda et de l’Ouganda.
Il revient donc au gouvernement de Kinshasa d’apprécier cette attitude de Kigali pour apporter une note positive. Si effectivement les FDLR ne constituent plus une « menace pour Kigali », les autorités rwandaises doivent se prononcer clairement et officiellement. Mais s’il ne s’agirait que « d’officialiser l’exploitation illégale des minerais de la RDC », il y a lieu de dénoncer cette subtilité malicieuse. Il s’agirait ni plus ni moins que d’un autre marché de dupes.
La question devrait être posée dans les meilleurs délais dans le cadre bilatéral, de l’initiative Tripartite plus 1, structure qui regroupe la RDC, le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Ensuite, dans le contexte de la CEPGL et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL). La réaction de Kinshasa est très attendue pour permettre à tous les observateurs de se rendre compte si la RDC a bien fait une bonne lecture de cet « esprit de grande ouverture de coopération » de Kigali.

Le Potentiel

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