(Le Figaro 21/02/2010)
Les militaires, qui ont pris le pouvoir jeudi au Niger, souhaitent «réconcilier les Nigériens et organiser des élections». L'ancien président reste toujours détenu.
«Notre intention est d'assainir la situation politique, de réconcilier les Nigériens. Nous comptons organiser les élections, mais avant, il faut assainir la situation». Tel est, selon l'un de ses dirigeants, le programme fixé par la junte militaire, qui s'est emparée jeudi du pouvoir au Niger à la faveur d'un putsch. D'après le colonel Djibrilla Hamidou Hima, le but est bien de rendre le pouvoir au peuple. «Nous ne sommes pas des Moussa Dadis Camara (chef de la junte guinéenne), nous sommes ATT», Amadou Toumani Touré, le président malien qui a pris le pouvoir en 1991 à la faveur d'un coup d'Etat, avant de le remettre aux civils en 1992 et d'être démocratiquement élu en 2002.
La junte au pouvoir a toutefois refusé de fournir toute indication sur le calendrier des élections. Mais il donne des signes d'apaisement. «Je peux vous dire que tous les membres du dernier gouvernement Tandja sont désormais libres», a annoncé le colonel Hima. Ces ministres avaient été arrêtés pendant le coup d'Etat, qui a eu lieu jeudi pendant une réunion du conseil des ministres, tout comme le président Mamadou Tandja, toujours détenu. A cette occasion, le «Conseil suprême pour la restauration de la démocratie» (CSRD, junte) avait dissous le gouvernement et suspendu la Constitution très controversée, adoptée en août 2009.
Si la communauté internationale a condamné le coup d'Etat et réclamé un retour rapide à des règles démocratiques le colonel Hima a assuré avoir été «compris» par plusieurs chefs d'Etat ouest-africains en marge d'un sommet l'Union économique et monétaire qui se tenait à Bamako. A Dakar, le représentant du secrétaire général de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, a tout de même annoncé l'envoi dimanche à Niamey d'une mission pour «voir l'évolution de la situation». Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a de son côté dépêché un émissaire pour «s'assurer de la sécurité» du président déchu.
«On ne peut pas dire que tout ce que Tandja a fait est négatif»
Un peu plus tôt dans la journée, la junte avait reçu samedi le soutien d'environ 10.000 personnes rassemblées à Niamey suite à l'appel lancé la veille par la Coordination des forces démocratiques pour la république (CFDR), selon une estimation d'un journaliste de l'AFP. S'adressant aux manifestants, le capitaine Harouna Djibrilla Adamou a assuré que le Conseil militaire avait agi «au nom de l'intérêt supérieur de la nation nigérienne, et non pour [son] propre compte».
Le Niger est plongé dans une grave crise politique depuis que Mamadou Tandja, 71 ans, dont le dernier quinquennat s'achevait en décembre, avait décidé de se maintenir au pouvoir en faisant adopter une nouvelle Constitution prolongeant son mandat. A la question de savoir si le président déchu serait jugé, le colonel Hima a répondu: «Non, nous n'allons pas arriver à cette extrémité. On ne peut pas dire que tout ce que Tandja a fait est négatif».
A Tillabéri, des milliers de personnes ont également pris part à une manifestation de soutien aux putschistes. L'Association nigérienne pour la défense des droits de l'homme (ANDDH) a appelé à la tenue d'élections démocratiques, mais sans les putschistes. La veille, la junte avait déjà annoncé la création prochaine d'un «conseil consultatif» pour travailler à l'avenir du pays.
Par lefigaro.fr 21/02/2010
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