(Rewmi 22/02/2010)
C’es vendredi dernier, à 12 heures précises que le Chef de l’Etat du Sénégal, Me Abdoulaye Wade a reçu, le Ministre de la Défense de la France, Hervé Morin. Au terme de cette rencontre, le principe du retrait des troupes françaises au Sénégal a été retenu à la grande surprise de l’Elysée qui pensait que jamais le président Wade n’allait accepter.
Il est 12 heures à la présidence de la République du Sénégal. Hervé Morin, Ministre de la Défense de France franchit le seuil du bureau du Chef de l’Etat.. Vêtu d’un costume moins sombre que celui du Chef de l’Etat, assorti d’une cravate bleue, Morin est installé sur le canapé qui fait face à la porte du bureau. Le président Wade l’a sur sa droite. Les deux hommes vont décider d’un dossier politiquement important et militairement stratégique relatif aux accords de défense entre le Sénégal et la France. A la gauche du président Wade, le Chef d’Etat Major particulier du Chef de l’Etat, le Général Antoine Ndiaye. Pour une affaire aussi sérieuse, l’audience n’a pourtant pas durée plus de 30 minutes. Hervé Morin est porteur d’un message du Président Nicolas Sarkozy. Ce que cache cette visite du Ministre de la Défense de France ce sont les intentions inavouées de l’Elysée. Certes, Morin a informé le président Wade du désir de l’Elysée de retirer ses troupes de Dakar. Mais ceci n’est pas en réalité la volonté réelle de la France. La France veut certes diminuer sa présence en Afrique mais pas à Dakar qui occupe une position stratégique par rapport au reste du monde. Des déclarations antérieures de Morin et le Livre blanc le confirment. Le Ministre de la Défense française a donc été surpris quand le Président Wade a accepté séance tenante, le retrait des troupes françaises au Sénégal.
UNE VOLONTE POPULAIRE
Le principe a été retenu. Mais la vraie question, selon certains, dépasse les considérations politiques car les sénégalais s’interrogent sur l’utilité des troupes militaires françaises en terre sénégalaise depuis 1960. Le président Sénégalais a le dos au mur et il ne peut pas ramer à contre courant de la volonté de la majorité des sénégalais. Mais il est évident que l’Opposition sénégalaise prendra la position inverse à celle du régime. Les français vont partir avant la célébration de nos 50 ans d’indépendance. En annonçant au président Wade le principe retenu par la France de retirer ses troupes du Sénégal, l’Elysée ne s’attendait pas une réponse affirmative de la part du président Wade. Les français ont donc été surpris. Juste après cette audience, un communiqué laconique a été publié depuis Bamako par les services de la Présidence. «Le Sénégal et la France ont décidé vendredi du retrait prochain des bases françaises, maintenues à Dakar cinquante ans après l’indépendance du pays. Les bases françaises vont quitter le Sénégal, en vertu d’un accord, qui sera paraphé avant le 4 avril 2010, par les deux parties. Cette décision a été prise à l’issue d’une audience que le président sénégalais Abdoulaye Wade a accordée vendredi à Dakar à Hervé Morin, ministre français de la Défense » lit-on dans le communiqué.
LE LIVRE BLANC DE L’ELYSEE
Pendant trois siècles, le Sénégal a été une ancienne colonie de la République française jusqu’en 1960. Dakar fut la capitale de l’Afrique occidentale française (AOF). Certes, le président Nicolas Sarkozy avait annoncé lors de sa première visite en Afrique du Sud, le départ des militaires français d’Afrique. Mais le flou a été maintenu sur les pays africains concernés. La preuve c’est que dans le Livre Blanc publié par l’Elysée sur les nouvelles orientations de défense et de sécurité, de Nicolas Sarkozy, il est clairement écrit que le France compte : «concentrer les capacités de prévention et d’intervention sur l’axe Méditerranée/Golfe arabo-persique/Océan indien-zone de risques les plus élevés, tout en conservant des capacités à l’ouest de l’Afrique, dans la bande sahélienne et dans la zone Antilles-Guyane». Ceci explique de manière précise les ambitions militaires de la France dans la Méditerranée, l’Arabie, l’Inde et l’Afrique de l’Ouest. D’ailleurs c’est ce qui explique en partie le grand rassemblement de l’Union pour la Méditerranée lancée en 2008 par le président français Sarkozy qui voulait regrouper les pays arabes qui ont la Méditerranée en commun autour d’une unité politique organique comme l’Otan. Déjà, en mai 2008, le président Wade avait déclaré que le Sénégal ne serait pas le dernier pays à maintenir une base (militaire) française en Afrique. Selon lui, le Sénégal ne peut pas être victime «d'agressions extérieures ». Et à son avis, «les accords de protection du chef de l'Etat ou de Gouvernement, personnellement, je n'en ai pas besoin. Si cela existe, il faut les supprimer. Je suis suffisamment protégé par mon armée » avait publiquement dit le président sénégalais. Depuis cette date, les autorités françaises étudient la question.
QUELLE EST L’UTILITE DES 5 BASES FRANCAISES A DAKAR ?
Les français ont, depuis la période de la colonisation occupé des positions stratégiques dans la capitale sénégalaise et même à Thiès. Des zones qui font face à l’Océan atlantique. Il faut aller à la Résidence française pour s’en rendre compte. De l’intérieur de cette résidence vous pouvez avoir une vue large jusqu’à Gorée. La France comptabilise 5 bases : la Base aérienne, la Base Navale et la 3eme BIMA. C’est sous le magistère socialiste que ces accords devaient être révisés puis suspendus. Mais pour des raisons politiques, Abdou Diouf n’a pas voulu aller jusqu’au bout. Des informations font état du retrait des troupes françaises et du maintien des services sociaux comme les Sapeurs pompiers. Des sources estiment que la France souhaite conserver à Dakar un «pôle de coopération militaire» qui va couvrir toute la sous-région Ouest africaine. Pour rappel, La France et le Sénégal, ex-colonie française, sont liés par un accord de défense depuis 1974, et quelque 1.200 militaires français (terre, air, mer) sont en position à Dakar dans le cadre des Forces françaises du Cap Vert. «Quelque 25.000 Français vivent dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, réputé pour sa stabilité politique et qui est l'un des rares du continent à n'avoir jamais connu de coup d'Etat depuis son indépendance en 1960 » constate un journal français. «Il s'agit de la plus importante communauté française en Afrique subsaharienne avec Madagascar. La fermeture prochaine des bases françaises a été très vite confirmée à Paris par le ministère de la Défense » précise ce journal. Après son départ de Dakar, des proches de Morin ont déclaré que «le concept de base a vécu et on va vers autre chose, la mise en place d'un pôle de coopération régionale». Et pourtant, en septembre 2009, M. Morin avait affirmé que «les bases de Dakar et de Libreville seraient maintenues». Selon une source française, le départ des troupes sera ni «une diminution », ni «une disparition». Espérons que la stabilité politique du Sénégal ne sera pas menacée suite à cette affaire.
RIMKA AKM
Source : http://www.rewmi.com
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