(Sidwaya 03/01/2012)
La tension est montée d’un cran à Dakar aussitôt après l’annonce de l’inculpation et de l’assignation sous mandat de dépôt du maire socialiste, Barthélemy Dias. Des manifestants socialistes, soutenus par des camarades du Mouvement du 23 juin(M.23) ont pris d’assaut les rues et ont été réprimés sévèrement, par la police. De fait, lors d’une altercation avec des hommes de main, dans les environs de la mairie de Sacré- Cœur-Mermoz, le secrétaire général du Mouvement national des jeunes socialistes, a répliqué en se servant de son arme.
Bilan : un mort et trois blessés. Entendu sur l’affaire, il est resté en garde à vue, 96 heures durant, jusqu’à ce que le doyen des juges lui notifie les charges qui pèsent sur lui : homicide volontaire, coups et blessures volontaires et détention illégale d’arme. En pareil cas, le présumé coupable risque gros. La sentence est, sans commune mesure sévère, dix ans au moins. L’édile risque alors gros. Il peut même finir le reste de son mandat dans les geôles. On n’avait pas imaginé que l’affaire prendrait cette tournure, tel le sieur qui plaide pour la légitime défense parlait avec assurance :« j’ai tiré deux coups de sommation. Ils étaient trop nombreux. J’ai ouvert le feu sur la foule. Ils étaient armés et nous nous sommes battus pendant une demi-heure. Effectivement, si je ne me trompe pas, deux ou trois personnes sont tombées ». A l’entendre, on croirait qu’il dispose d’un permis de port d’arme et qu’une fois les formalités d’usage remplies, il regagnerait tranquillement, son domicile.
Il a péché par sa jeunesse et sa fougue. Surtout qu’un autre ténor de l’opposition a été visité le même jour par les nervis et rien n’y fit, on finira pas de dire qu’il paie son imprudence et un trop plein de confiance. Mais là où le bat blesse, c’est que la justice s’est empressée de poursuivre son garde du corps et lui pendant que deux des présumés commanditaires de l’attaque, également en garde en vue, ne paraissent pas inquiétés. Attitude suspecte qui laisse dubitatif. Peut-être que la justice a décidé de charger les présumés auteurs du crime, avant de s’attaquer aux assaillants. Ou bien, est-ce parce qu’elle ne dispose pas suffisamment d’éléments inculpant ces deux hommes ?
Des Sénégalais et ils sont nombreux, diraient tout simplement, qu’ils bénéficient de la grâce et de la bienveillance des gourous du régime wadiste qui pourvoient à leurs besoins, en leur fournissant de l’argent, des armes et des voitures. Déjà que certains d’entre eux affirment avoir vu l’un des véhicules transportant les agresseurs du maire Dias au siège du Parti démocratique socialiste (PDS), on ne peut s’empêcher d’avancer que les politiques ont une main dans cette histoire tragique aux allures d’un western en pleine capitale. Sinon, comment comprendre que des individus armés manœuvrent impunément, en plein cœur de Dakar sans qu’une chasse ouverte ne soit lancée à leur encontre. Si l’affaire a été montée de toute pièces, par on ne sait qui, pour faire diversion au sujet de la candidature qui divise, les auteurs risquent de l’apprendre à leurs dépens. Car, il ne faut pas s’étonner que les politiques du camp adverse et alliés du M.23, jettent par milliers, leurs militants survoltés et surchauffés pour exiger la libération immédiate du bourgmestre.
Etant donné qu’avant lui, un autre dirigeant de mouvement affilié au Parti socialiste, Malick Noël Seck, a été écroué pour deux ans à Tambacounda, il faut craindre, qu’avec les effets cumulés, la réaction des protestataires ne vise plus qu’à limiter l’hémorragie dans les rangs du mouvement de l’opposition. Le succès des premières manifestations, si elles se soldaient par un recul de la justice, pourraient leur donner des idées. Et ils ne demanderaient plus que la simple relaxe de leurs compagnons de lutte. Ainsi donc, ils seraient tentés de reproduire le schéma des manifestants égyptiens de la Place tahrir en campant sur l’un des lieux les plus symboliques de la capitale sénégalaise, conditionnant leur déguerpissement, avec ce qu’ils peinent à obtenir, en dépit de leurs multiples efforts, la renonciation du président sortant, Abdoulaye Wade, à briguer un troisième mandat. Encore que la situation est sous contrôle, il urge que ce dernier prenne les dispositions qui s’imposent et fasse dire le droit.
Qu’il soit organisé le plus rapidement possible, la traque des nervis qui pullulent impunément dans le pays. De même que les mécènes soient démasqués et jugés, à commencer par l’éclaircissement de la responsabilité des deux présumés commanditaires de l’attaque des leaders de l’opposition. Il n’y a de solutions que celles-là qui donneront du répit aux autorités actuelles et par-dessus tout, au pays, dans son ensemble.
Adama BAYALA
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