mardi 3 janvier 2012

Biya aux Camerounais : un discours sans promesses concrètes

(La Nouvelle Expression 03/01/2012)

Paul Biya le « filandreux » Elections, cinquantenaire de la Réunification et opération Epervier, le chef de l’Etat ne s’est obligé à quelque engagement ferme et précis en ces matières en 2012.

Evoquant ses souvenirs de son camarade Paul Biya, feu le professeur Thomas Melone fit savoir que le chef de l’Etat s’était vu affubler du surnom de « filandreux », pour mettre en exergue cette faculté à ne jamais se découvrir. Dans son message à la nation, le 31 décembre 2011, le filandreux s’est encore signalé.L’opposition et les partenaires occidentaux du Cameroun ont eu droit à une réponse par trop générale à propos d’une éventuelle amélioration du système électoral. Adepte du service minimum en matière d’ouverture, le chef de l’Etat est resté constant sur l’honnêteté du dernier scrutin présidentiel qui légitime en quelque sorte sa réélection. Pour se livrer après à une concession sans engagement ferme de sa part. « Je saisis cette occasion pour réaffirmer que les dysfonctionnements qui ont été constatés et qui, de toute façon, n’étaient pas de nature à remettre en cause les résultats de la consultation, seront corrigés avant les prochaines échéances électorales », indique Paul Biya.
Une déclaration non contraignante, dont on peine à évaluer la portée. Minimalement, les corrections consisteront à bonifier certaines étapes du processus, lesquelles renvoient en gros à l’efficacité opérationnelle d’Elections Cameroons (Elecam). Ces phases concernent, entre autres, au toilettage du fichier électoral aux fins d’éliminer les doublons et triplons, sans oublier les noms de personnes décédées ; une distribution efficiente et à temps des cartes d’électeurs permettant, le cas échéant, de probables correctifs. D’ores et déjà, pour éviter les déconvenues récemment relevées et atténuer la défiance dont il est l’objet auprès d’une partie du public, Elecam inaugure depuis quelques jours une autre phase de la campagne d’inscription sur les listes électorales. Encore faut-il qu’une partie de son budget 2012, soit 11,5 milliards F Cfa, soit rapidement disponible pour lui permettre de remplir son office.
Cependant, l’essentiel des constats et propositions faits par différents observateurs électoraux de la présidentielle du 09 octobre 2011 débordent les compétences de la structure chargée de l’organisation des scrutins. D’ailleurs, certains observateurs ne se sont pas trompés de destinataire. « La mission demande au Gouvernement camerounais de prendre les mesures nécessaires pour asseoir la crédibilité et l’efficacité de l’Organe de Gestion des Elections(OGE) en vue de garantir l’organisation d’élections véritablement crédibles dans le futur », suggère par exemple la déclaration préliminaire de la Commission électorale citoyenne indépendante (Ceci), au soir du 09 octobre. Dans le catalogue de recommandations qu’il formule également à l’intention de toutes les parties prenantes du processus électoral local, Robert Jackson, ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, souligne, le 19 octobre, entre autres choses : « Elecam doit pouvoir démontrer son indépendance ; Le Cameroun doit adopter un bulletin de vote unique afin d’empêcher l’achat des voix, l’indisponibilité de certains bulletins et la confusion concernant comment voter ;La campagne doit s’étendre sur plus de deux semaines pour permettre à tous les partis de défendre leurs projets de société ; Les cartes d’électeurs doivent être biométriques et distribuées bien à l'avance (…) »
Des exigences qui appellent au moins un investissement législatif – au moins aussi intense que celui constaté l’année dernière, avec deux sessions extraordinaires de l’Assemblée nationale consacrées, entre autres, aux élections - dans les prochaines semaines, sous l’impulsion d’un Paul Biya plus que jamais architecte pesant du cadre électoral.
Sensibilité de la question anglophone
Au flou entretenu sur le terrain électoral s’ajoute l’incertitude sur la date de la tenue du Cinquantenaire de la Réunification. La célébration « dès que possible, à Buéa » ne fait aucunement du 1er octobre 2012 l’unique repère. Uniques indices de calendrier auxquels il faudra se référer : la prochaine convocation de la Commission d’organisation des cinquantenaires de l’indépendance et de la réunification et l’accélération, à un moment ou à un autre de l’année, des travaux de voirie dont la capitale régionale du Sud-Ouest sera la bénéficiaire.
La sensibilité de la question anglophone et, surtout, le débat né autour de ce rendez-vous manqué en 2011, en dépit d’annonces solennelles et réitérées, ont amené le chef de l’Etat à trouver une raison mâtinée d’excuse, avancée la semaine dernière par votre journal : « Seule la concomitance de la date de l’anniversaire de cet événement historique avec celle de l’élection présidentielle nous a empêchés de le commémorer au moment où nous l’aurions souhaité », précise Paul Biya.
En optant pour Buéa, il compte y réaffirmer – par défi ? – les principes d’unité nationale et d’intégrité territoriale dans une région épicentre des menées sécessionnistes anglophones et ayant subi le conflit frontalier le plus le plus violent de l’histoire du Cameroun.
Comme il est de tradition en cette circonstance, Paul Biya est contraint de renouveler ses garanties quant à la poursuite d’une opération Epervier dont la crédibilité est sans cesse remise en question et les résultats loin de combler les attentes d’une frange de Camerounais. « La création du Tribunal Criminel Spécial, dont on peut attendre une accélération des procédures en cours et, on peut l’espérer, le reversement des sommes détournées, illustre notre détermination en la matière », souligne-t-il avec gravité. La feuille de route pour 2012 de Laurent Esso, qui vient de retrouver le ministère de la Justice après s’être occupé à la présidence de cette patate chaude qu’est la campagne de lutte contre les détournements de deniers publics, a été en grande partie rédigée samedi.



par Omer Mbadi Otabela

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1 commentaire:

  1. ça c’est une réaction d’un opposant et de quelqu’un qui n’aime pas Biya de toutes les façons nous le peuple on sait que notre président nous a déjà mis sur les rails de l’émergence, donc les petits jaloux et morveux nous on avance avec notre président restez toujours à ne rien vouloir voir et comprendre.

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