(L'Observateur Paalga 01/09/2011)
Le 9 octobre 2011, les Camerounais se rendront aux urnes pour élire le président de la République. Comme toujours, l’opposition ira au vote en désordre de bataille.
Depuis le renoncement, lors de la dernière élection, en 2004, du cardinal-archevêque de Douala, Christian Tumi, le seul capable de contrer la machine du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), et le retrait du patron du Social démocratic Front (SDF), s’occupant plus de son exploitation agricole que de politique, les jeux semblent jouer à l’avance à chaque scrutin majeur.
Le Chairman à la touche, quelques seconds couteaux tentent de s’affranchir de lui en se lançant à l’aventure.
Ainsi, en est-il de l’avocat Bernard Muna, Cador du SDF qui a décidé de se mettre sur la ligne du départ à la course pour le Palais d’Eoudi ; ou encore de la seule dame de cette présidentielle, Kah Wallah, cette égérie de la diaspora camerounaise, qui est déjà en campagne pour cette compétition jadis réservée à la gente masculine ; mais, indiscutablement, les Camerounais ont les yeux rivés sur le président sortant, Paul Barthélémy Biya, dont l’adoubement comme le candidat naturel du RDPC devrait intervenir du 15 au 16 septembre lors du congrès du parti ; un raout politique qui mettra fin à la pseudoapnée des militants et autres thuriféraires, par l’acceptation officielle du remplaçant d’Ahmadou Ahidjo comme le champion du RDPC.
Car ils savent bien que, même si, à 6 semaines du scrutin, l’enfant terrible de Mvomeka n’a pas encore pris sa décision, il sera bel et bien au rendez-vous du 9 octobre prochain. D’ailleurs, certains de ses fidèles le crient à la cantonade.
En outre, il n’a pas supprimé l’article qui restreint à 2 le nombre de mandats pour que le bénéficiaire soit un autre que lui ; une abrogation à laquelle il avait pensé déjà en juin 2005, un an après la dernière présidentielle, en réunissant à ce sujet quelques constitutionnalistes aguerris, pour ne pas dire experts es-tripatouilleurs, au bord du lac Leman à Genève.
Le 9 octobre 2011, Paul Biya sera donc sur un boulevard pour succéder à lui-même pour 7 ans de règne. Sa victoire est annoncée, avec ce scrutin à un seul tour.
A bien des égards cependant, ce sera le mandat de trop pour cet ex-séminariste, 79 ans aux pelotes et pratiquement 30 ans au compteur présidentiel. Tout comme un Blaise Compaoré du Burkina Faso ou un Idriss Déby du Tchad, Paul Biya doit songer à passer la main.
Que peut-on encore faire pour son pays que l’on n’ait pu faire après plus de 20 ans au pouvoir ? Nul n’étant indispensable, les logiques biologique (Biya aura 86 ans en 2018, s’il a la santé d’un Wade) et politique (le leadership du RDPC s’est érodé avec le temps, surtout avec l’opération "Epervier") commande l’alternance.
Mieux, de même que l’Elysée via le Quai d’Orsay a fait savoir au président du Faso de ne pas se présenter en 2015, la France a envoyé un signal fort dans le même sens à Paul Biya.
Et puis, il ne faut pas abuser de la patience et de l’apparente indolence d’un peuple qui, lorsqu’il se lève, tranche dans le vif en quelques jours.
Les émeutes de la faim au Cameroun sont encore vivaces dans les mémoires. En rappel, Ben Ali de Tunisie a été contraint de lâcher le pouvoir en février 2011, soit 3 mois après l’onction des urnes à plus de 80% des voix. Les printemps, ce n’est pas seulement pour le Maghreb.
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
L’Observateur Paalga
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