mardi 13 septembre 2011

R.D. CONGO - Pour avoir déposé sa candidature à la présidentielle : Adam Bombole suspendu du MLC

(L'Avenir Quotidien 13/09/2011)

Adam Bombole Intole, président inter fédéral du Mouvement de libération du Congo (Mlc) ville de Kinshasa est suspendu de toutes ses fonctions au sein de ce parti. Il lui est reproché le fait de s’être présenté comme candidat indépendant à la présidentielle de novembre prochain. *En attendant, M. Valentin Gerengo fait son intérim à la présidence Inter fédéral de Kinshasa pour ce parti politique cher au sénateur Jean-Pierre Bemba, toujours incarcéré à la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. *La malheureuse décision est intervenue tard, pourtant ce dernier aurait déposé sa candidature en tant qu’indépendant, avec le quitus du chairman.
C’en est fini. L’unité ne sera plus au rendez-vous au sein du parti cher à Jean-Pierre Bemba Gombo, qui se débarrasse petit-à-petit de ses vaillants lieutenants. Après José Makila, François Muamba, Delly Sesanga …, à qui le prochain tour ? Le MLC apparait comme étant un parti miné par des divisions internes et incapable de trouver une solution qui satisfasse tout le monde. A cette allure, nombreux sont les Congolais qui ne donnent aucune chance aux candidats du MLC aux élections présidentielles et législatives de 2011. D’ailleurs, consciente de ses faiblesses, la deuxième force au scrutin de 2006 aura ses drapeaux de plus en plus en berne. En effet, une décision est tombée hier lundi 12 septembre 2011. Selon celle-ci, Adam Bombole Intole, président inter fédéral du Mouvement de libération du Congo (Mlc) Kinshasa, est suspendu de toutes ses fonctions au sein de ce parti. Il lui est reproché le fait de s’être présenté comme candidat, si indépendant soit-il, à la présidentielle de novembre prochain. Pour ce faire, il est remplacé illico par M. Valentin Gerengo, qui assume l’intérim à la présidence de l’Inter fédéral de Kinshasa du parti politique cher au sénateur Jean-Pierre Bemba, toujours incarcéré à la Cour Pénale internationale (CPI) pour des crimes de guerre et des crimes et contre l’humanité.
Par conséquent, la décision portant suspension retire Adam Bombole de la liste du Mlc au scrutin législatif de novembre prochain. Une décision qui ne va nullement étonner ce leader kinois, dans la mesure où en déposant sa candidature à la présidentielle, il a préféré aller en tant qu’indépendant. Pour ce faire, aucun parti politique ne pouvait se l’approprier et chercher, pour son élection, le soutien des Congolais de tous bords. Disons qu’au regard des statuts du MLC, tels qu’amendés et adoptés, spécialement en leurs articles 46 et 48 ; vu le Règlement intérieur, ainsi que la décision du Collège des fondateurs de ne présenter aucun candidat aux élections présidentielles de 2011 afin de faciliter l’unité et la cohésion de l’opposition, Adam Bombole a déposé sa candidature à l’élection présidentielle sans l’autorisation, ni l’avis du parti. Bombole aurait reçu mandat Interrogé dernièrement sur Télé 50, Adam Bombole ne s’est pas gêné de dire qu’il avait reçu l’aval de Jean-Pierre Bemba, président du parti. Qui dit la vérité, lorsqu’on sait comment ce parti politique est géré ? C’est probablement dans la politique de l’ex-vice- président de la République qui, au regard de ses faiblesses intrinsèques, encouragerait la chute de son parti pendant son absence, comme s’il le ressusciterait une fois en liberté.
Mais plusieurs autres arguments sont avancés par le parti. Cependant pour beaucoup, c’est la fin d’une épopée. Si hier, ce parti avait contribué de façon significative à la libération du Congo et à occuper la deuxième place aux élections de 2006, aujourd’hui, on a l’impression d’assister à l’effondrement brutal du mur. Le rêve de libérer les Congolais s’éloigne davantage, alors que plusieurs y croyaient encore. Si le mythe de la candidature du chairman à la présidentielle a été longtemps entretenu par Thomas Luhaka et plusieurs autres cadres de ce parti, alors que la réalité était tout autre, l’opinion estime que ce parti devait sauver les meubles, quelles que soient les conditions. Il alignerait alors un candidat, valable, capable de faire le contrepoids au président Joseph Kabila Kabange et continuer à assurer son leadership dans l’opposition congolaise.
MLC perd Kinshasa et la Rdc
L’éviction d’Adam Bombole Intole et son retrait de la liste MLC risque de porter un coup dur, irréparable au MLC. Nul n’ignore le poids politique de ce candidat président, le député le plus élu de Kinshasa hier et sans égal au sein de son parti. Aussi, cette décision apparemment très dangereuse risque d’ouvrir un autre feuilleton judiciaire dont personne n’a en réalité besoin. On a inutilement entretenu un mythe et le suspens autour de JP Bemba, pendant qu’on savait pertinemment bien que la CPI ne laisserait pas Jean-Pierre Bemba, même pour quelques minutes de liberté, afin qu’il vienne déposer sa candidature et s’enrôler en même temps en Rd Congo. Il y a peu, le secrétaire général du Mlc, Thomas Luhaka a dit qu’il n’était pas possible pour son président national de se présenter à la présidentielle de 2011, à cause de sa détention. Ceci, pendant que lors du congrès de ce parti, Jean-Pierre Bemba a été choisi comme seul candidat aux élections de novembre 2011. Pourquoi ne l’avait-il pas dit en son temps non seulement pour préparer les ambitions des uns et des autres mais aussi pour informer objectivement les militants ? Pourquoi avoir attendu le dépôt des candidatures à la présidentielle pour dire toute la vérité après avoir floué les militants ? Pourquoi avoir pris en dérision toute une frange de la population qui croit encore aux idéaux du parti, pendant qu’il fallait dire toute la vérité aux nombreux militants que compte ce parti politique de l’opposition institutionnelle ?
De ce jeu de cache-cache, la décision courageuse de Adam Bombole Intole veut probablement sauver le parti par cette carte qui devait permettre au Mlc d’être compétitif au front. Et vouloir l’enterrer, c’est le crédibiliser tout en crachant sur le MLC qui, aux dires des analystes, serait mieux géré par Bombole après le départ de François Muamba. Car, même si l’on ne veut pas le dire, ce parti semble perdre les pédales par rapport aux réalités actuelles.
Voilà pourquoi le secrétariat général fait abattre la foudre sur lui en le suspendant même du parti. Alors que tout le monde, bien qu’un peu surpris, attendait voir le Mlc soutenir de toutes ses forces ce candidat, qui se présente en solo. En indépendant, la stratégie est bien choisie, car le parti s’était auto-exclu de la compétition.
Adam Bombole, François Muamba : même sort !
Alors qu’amis au sein d’un même parti avec la même vision certainement, les voilà désormais hors-parti. C’est le destin qui en a décidé ainsi. Déjà en son temps, l’homme de Kabeya Kamwanga était prudent, car il avait vu loin. Et pendant tout ce temps, le parti a multiplié dans toutes les facettes, plusieurs discours tendant à faire croire à tout le monde que Jean-Pierre Bemba serait incessamment libéré et se présentera à la présidentielle de novembre prochain. Les plus avérés et les décideurs du Mlc savaient très bien que ce discours était fallacieux et trompeur. Ce qui est une injure à l’endroit de ceux que l’on prétend diriger un jour. François Muamba est donc l’un de ceux qui ne pouvaient continuer à tenir ce discours. C’est ainsi que l’homme avait décidé de sortir de son silence pour clamer tout haut la vérité cachée par ses collègues. Notamment sa volonté de se présenter comme candidat du Mlc en l’absence de Jean -Pierre Bemba, dont la libération n’est pas du tout à l’ordre du jour. Pour Muamba, ce fut une question de potentialité et d’atouts. Il pensait comme Adam Bombole que le Mlc, un peu comme une marchandise à proposer, est encore crédible, prenable sur le marché. Car, beaucoup sont ceux qui croient à l’essor de ce pays par cette formation politique. Et donc, pour eux, il fallait que le Mlc saisisse la balle au bond et présente un candidat à la présidence de la République. Malheureusement, le rêve et la réalité sont deux mondes différents. François Muamba embrasse la porte. Et aujourd’hui, c’est celui qu’on attendait voir diriger le parti en l’absence de Jean-Pierre Bemba Gombo qui est suspendu.
Le Mlc se fragilise et se discrédite aussi
Si hier ce parti auquel plusieurs Kinois et Kinoises s’étaient identifiés lors des scrutins de 2006, aujourd’hui le Mouvement pour la libération du Congo est pratiquement l’ombre de lui-même. Ce parti ne fonctionnerait plus que de nom. Car, des grosses têtes, alors crédibles et capables de mobiliser des foules sont aujourd’hui remerciés de la façon que l’on connaît et dans les circonstances que l’on connaît. C’est comme qui dirait que tous les efforts déployés au bénéfice du parti sont foulés au pied, balayés d’un revers de la main, au point que le parti risque de manquer du répondant lorsque les Kinois auront besoin de lui. L’impression qu’on a actuellement de ce parti, c’est celle d’un serpent mort il y a longtemps, mais dont le squelette continue à faire peur. Parce que, pendant et après l’arrestation de son leader, le parti devra vivre et poursuivre l’atteinte de ses ambitions et objectifs.
Le MLC devra continuer
Ce n’est pas parce que son autorité morale est en prison que la vie du parti doit s’arrêter. La vie continue et les actuels dirigeants du mouvement doivent comprendre cela, s’ils veulent que le parti se maintienne sur l’échiquier national congolais. Car, estime-t-on, renoncer à cette idée, c’est tuer deux fois Jean- Pierre Bemba.

L’Avenir
© Copyright L'Avenir Quotidien

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire