(Le Monde 13/09/2011)
Au cours de sa première visite officielle en France, le président rwandais Paul Kagame a été pris à partie à plusieurs reprises par des associations de défense de droits de l'homme qui ont eu du mal à se faire entendre. Retour sur deux jours de contestation.
Arrivé dimanche 11 septembre à Paris, le président Kagame a du affronter dès le lendemain les premières salves de critiques lors d'une conférence sur le rôle de l'Afrique dans la gouvernance mondiale organisée par l'Institut français des relations internationales. Des militants des ONG Human Rights Watch (HRW) et Reporters sans frontières (RSF) ont réussi à s'inviter à la conférence et ont interpellé le président sur la situation des droits de l'homme au Rwanda, citant des noms et des cas d'opposants emprisonnés, de journaux menacés et temporairement fermés et de journalistes tués ou forcés à l'exil. "Il n'y a que Human Rights Watch qui ne voit jamais de progrès au Rwanda. Nous allons continuer à faire de notre mieux pour notre peuple", a rétorqué le président Kagame. Amnesty International avait par ailleurs publié en juin un rapport sur la liberté d'expression au Rwanda, qui révélait un certain nombre de violations des droits de l'homme.
DU PÉRIPHÉRIQUE JUSQU'AU RITZ
Lundi, toujours, près de 200 personnes, majoritairement des Rwandais et des Congolais, ont défilé dans différents endroits de Paris contre la venue de Kagame. Les manifestants arboraient des photos de Kagame barrées de l'inscription "Recherché, criminel de guerre" et portaient des banderoles mentionnant : "Les réfugiés rwandais ne sont pas dangereux, ils sont en danger". Des pneus ont été brûlés et une voiture a été incendiée. Vers midi, un petit groupe d'une trentaine de personnes a manifesté sur la voie express du périphérique extérieur au niveau de la porte Maillot. Sur le Web, une vidéo réalisée par un collectif congolais va jusqu'à menacer de mort le président Kagame.
Mardi matin, enfin, une trentaine d'activistes de l'ONG Reporters sans frontières se sont retrouvés devant le Ritz. Le président Kagame a reçu dans cet hôtel parisien une délégation de patrons français, invités à investir au Rwanda. "Il y a aujourd'hui des journalistes qui croupissent en prison au Rwanda, il n'est pas normal que la France déroule le tapis rouge à un tel prédateur des libertés de la presse", a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de RSF.
LEMONDE.FR
13.09.11
16h40 • Mis à jour le 13.09.11
16h41
Le Monde.fr avec AFP
© Copyright Le Monde
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire