(Afriscoop 16/09/2011)
Faure Gnassingbé vient d’éliminer pour un bon moment un adversaire politique de poids, dans sa marche vers un troisième mandat, malgré le tollé que suscite cette perspective dans le giron de l’Opposition du Togo. Il s’agit de Kpatcha Gnassingbé dont la détention comme la libération demeure un argument de poids pour Faure Gnassingbé, pour mettre un peu plus la main sur le fauteuil présidentiel.
« Réclusion à perpétuité, déchéance de droits civiques et confiscation de biens » étaient les grandes lignes du réquisitoire de l’Avocat général contre Kpatcha Gnassingbé et six autres personnes avant le verdict de ce 15 septembre. In fine, la Cour suprême a choisi de flanquer trois compagnons de grande misère au demi-frère du président Faure : à savoir le général Tidjani, le Libanais Najaf en fuite et l’homme de rang Ati. En tout et pour tout, ce groupe de quatre passera 20 ans derrière les barreaux et est déchu de ses droits civiques. C’est peut-être le moindre mal pour le gros ministre Kpatcha d’écoper de 20 années d’emprisonnement, au lieu de la perpétuité requise contre lui dans le réquisitoire sus-mentionné.
Mais pour l’entourage de Faure Gnassingbé, l’arrêt de ce jeudi contre Kpatcha est un boulevard ouvert, largement, pour consacrer dorénavant un seul capitaine dans le bateau des Gnassingbé : Faure.
Sans Kpatcha, Faure verra le monde autrement
C’est plus la déchéance des droits civiques infligée à Kpatcha Gnassingbé qui doit intéresser l’entourage de son frère Faure que les 20 ans qu’il est censé passer derrière les barreaux, à partir de ce 15 septembre 2011. Car, au regard de la fracture profonde et publique qui a posé ses tréteaux dans le lot des Gnassingbé influents, ce qui importe grandement « au clan Faure » est la réduction au néant de Kpatcha sur le plan politique. Au passage, dans le contexte politique togolais fait d’éternelles suspicions, la sanction infligée aux principaux prévenus dans le « Kpatcha gate », en dépit de la légèreté de l’accusation, sont destinées, indirectement, à doucher définitivement les ardeurs du reste des supporters de l’ex ministre de la Défense… Aussi bien dans la grande muette qu’au sein du Rpt (parti au pouvoir).
Désormais donc, non seulement Faure Gnassingbé et ses proches collaborateurs disposent d’arguments sérieux pour clore le bec à tous les Gnassingbé rebelles, mais aussi pour imprimer leur vision politique au Togo. Grâce essentiellement aux généraux de la grande muette dont les maîtres à bord en ce moment sont des irréductibles du jeune président. Du moins, officiellement. Pour jouer le gentil et attentionné frère, le président togolais pourra toujours gracier son jeune frère ; mais pas question de lui rouvrir les portes d’une quelconque chaîne de commandement. Pour un bon moment.
Les nouveaux maîtres à bord du navire Togo ont dévoilé une facette des innombrables tours mesquins dont ils disposent dans leur gibecière, en orchestrant mardi dernier, contre toute attente, une sortie médiatique négationniste sur des évènements politiques macabres de 1991. Il en va de même pour leur position stérile sur la restructuration du Cpdc.
Les Opposants togolais sont plus que jamais avertis. L’alternance politique ne sera pas une réalité au Togo, s’ils continuent de tabler sur l’application des lois de la République.
par Faustin AMOUSSOUVI
© Copyright Afriscoop
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire