(Le Pays 26/09/2011)
Décidément, 2011 aura été une des années les plus difficiles pour bien des chefs d’Etat accrochés au pouvoir et qui entendent y rester ad vitam aeternam. Tous les peuples, de par le monde, ont manifesté leur soif du changement, allant jusqu’à évincer même les satrapes qui se croyaient indéboulonnables et qui tenaient à leur pouvoir comme à la prunelle de leurs yeux. Certains ont mis le pied à l’étrier et ont pu se tirer d’affaire. D’autres par contre sont encore sur la sellette.
Et c’est le cas du président sénégalais Me Abdoulaye Wade à qui l’opposition, à travers le Mouvement du 23 juin (M23), a donné jusqu’à fin octobre pour renoncer à briguer un nouveau mandat en 2012. C’était au cours d’un meeting géant qui a réuni les partis politiques de l’opposition, les organisations de la société civile et les redoutables rappeurs dont la mélodie, pour dire vrai, donne de l’urticaire à l’octogénaire président. "Le peuple vient de fixer un ultimatum à Wade. On attend jusqu’à la Tabaski, et s’il ne renonce pas, ce seront des manifestations tous les jours, tous les jours jusqu’à son départ comme pour Zine el Abidine Ben Ali", a lancé le leader du parti écologiste sur un ton empreint de colère et d’assurance. Les dés sont donc jetés.
Et Wade gagnerait à partir, lui qui, on s’en souvient, conseillait la sagesse à son homologue libyen au début de l’insurrection. "Plus tôt Kadhafi partira, mieux cela vaudra", avait-il clamé, impavide et serein, devant les projecteurs du monde entier. S’il est donc vrai que la charité bien ordonnée commence par soi-même, Wade donnera le bel exemple en faisant valoir ses droits à la retraite au risque de se retrouver dans la même situation que le guide libyen qui, jadis tout-puissant, est aujourd’hui contraint de rentrer dans la clandestinité. Ne dit-on pas que la voix du peuple est la voix de Dieu ? De la bérézina qu’il a essuyée lors des dernières élections locales au revers consécutif à son projet de succession dynastique, Wade, en principe, aurait dû tirer toutes les conclusions qui s’imposent plutôt que de passer le temps à ruser avec le peuple.
Malheureusement, il est fort à parier que Wade ne pliera pas l’échine d’autant que, en réaction au M23, ses thuriféraires soutiennent que celui-ci peut se présenter autant de fois qu’il le voudra. C’est connu. C’est généralement l’entourage de certains chefs d’Etat qui leur cherche des noises. Car, dans le souci de protéger leur tirelire, certains proches sont prompts à farder la vérité jusqu’au jour où ils vont se retrouver dos au mur, pris dans leur propre piège. De toute façon, Wade et ses sbires doivent faire preuve de plus de sagesse et reconnaître qu’ils n’ont pas le droit de confisquer les acquis démocratiques d’une nation réputée pour la maturité politique de ses fils et filles.
Boundi OUOBA
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