mercredi 14 septembre 2011

RDC : Des concessions minières vendues secrètement

Le Réseau Européen pour l’Afrique Centrale (EURAC) dénonce dans un communiqué le "bradage" de concessions minières à des acteurs privés par la République démocratique du Congo (RDC). Ce réseau accuse le gouvernement de transactions opaques "à des prix inférieurs à ceux du marché".

La République démocratique du Congo est riche en minerais. Le pays détient 34% des ressources mondiales de cobalt et 10% des réserves de cuivre. Mais ces richesses ne bénéficient pas réellement à l'Etat congolais et encore moins aux Congolais eux-mêmes. L'Etat reste pourtant présent dans les projets miniers en RDC, notamment grâce à ses entreprises publiques. La Gécamines et Sodimico sont en effet "actionnaires minoritaires au sein des joints ventures d’investisseurs étrangers". Une bonne occasion pour la RD Congo de pouvoir engranger quelques recettes.
Mais selon le Réseau Européen pour l’Afrique Centrale (EURAC) et ses ONG membres, "des ressources minières publiques auraient été secrètement vendues à des acteurs privés, en l’absence de tout processus concurrentiel et à des prix inférieurs à ceux du marché". Toujours d'après l'EURAC : "Gécamines et Sodimico auraient récemment vendu leurs parts respectives de plusieurs projets miniers notamment Mutanda, Lonshi et Frontier, tous basés dans la province du Katanga. Révélée après les faits, la vente de ces actifs n’aurait pas respecté le principe de concurrence transparente et équitable. L’identité des acheteurs n’a toujours pas été divulguée par les autorités congolaises. Dans les deux cas, nous avons de bonnes raisons de penser que ces actifs – d’une valeur totale d’1 milliard de dollars – aient été vendus à des prix inférieurs à leur valeur réelle sur le marché."
Le Réseau estime que de telles informations "constituerait une violation de la Matrice pour la Bonne Gouvernance Economique conclue entre la RDC et la Banque Mondiale en Mars 2011." L'EURAC demande donc aux bailleurs européens et la Banque Mondiale de "se montrer plus proactifs dans la surveillance de telles manoeuvres et de pousser pour la mise en place effective de la Matrice pour la Bonne Gouvernance Economique conclue entre le gouvernement congolais et la Banque Mondiale en Mars 2011."
Malgré les bonnes promesses des autorités de Kinshasa pour améliorer la transparence de l'économie du secteur minier, les mauvaises pratiques semblent perdurer. Car dans le cas précis de la Gécamines et Sodimico, l'EURAC conclut "qu'une entreprise publique n’a aucun intérêt à vendre le peu d’actifs qu’elle détient au sein des joints ventures minières étrangères." Une question demeure sans réponse : pourquoi le gouvernement congolais a-t-il autorisé une telle transaction ?

Christophe RIGAUD
Photo : Ch. Rigaud (c) http://www.afrikarabia.com/

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