(Le Figaro 28/03/2013) Le rapport du secrétaire général Ban Ki-moon sera examiné
mercredi, à huis clos, par le Conseil de sécurité et devrait déboucher, en
avril, sur une résolution prévoyant une force de stabilisation déployée avant
l'été.
Le rapport de Ban Ki-moon, qui doit être discuté ce mercredi par
le Conseil de sécurité, recommande le déploiement au Mali d'une opération de
maintien de la paix (OMP) de 11.200 hommes, accompagnée d'une «force parallèle»
chargée de poursuivre la lutte contre les djihadistes. Ces Casques bleus
seraient principalement constitués par les effectifs de la Minuas, la force
africaine, déjà présente au Mali avec quelque 7000 hommes qui ne feraient que
«changer d'écusson». Le rapport suggère également l'envoi de 1440
policiers.
Une des deux options évoquées par le secrétaire général de
l'ONU envisage de confier aux troupes africaines les opérations militaires
contre les combattants d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Car dans son
rapport, qui a commencé à circuler mardi à New York et que Le Figaro a pu
consulter, Ban Ki-moon est clair: «Les Nations unies ne sont pas configurées
pour superviser, au niveau stratégique, de telles opérations (militaires)», pour
mener des combats qui iraient «au-delà de sa doctrine du maintien de la paix».
Un diplomate martèle: «Il ne peut s'agir que d'une mission de stabilisation, pas
d'interposition.»
La contribution de la France attendue au sein d'une
«force parallèle»
De plus, prévient le patron de l'ONU, «il est douteux
que l'Organisation ait la capacité d'absorber le nombre de pertes induites par
ce type d'opérations». Car si l'opération Serval a fait des «progrès
significatifs» en termes de sécurité au Nord-Mali, les groupes islamistes armés
(Aqmi, Mujao, Ansar Dine) constituent toujours une «sérieuse menace», relève le
rapport.
Ban Ki-moon, le 21 mars dernier.
Ban Ki-moon, le 21 mars dernier.
Crédits photo : MARK GARTEN/AFP
D'où l'insistance de Ban Ki-moon sur la
mise en place d'une «force parallèle» qui puisse faire face à «des attaques
asymétriques contre les unités de l'ONU et contre les institutions
gouvernementales, des démonstrations de force, des engins explosifs improvisés
et des attentats suicides». Les pays susceptibles de contribuer à cette force ne
sont pas nommés mais, selon les observateurs, il est clair que le secrétaire
général des Nations unies songe à la France. «Il y aura une présence française
au sein de cette force de réaction rapide qui devrait être positionnée au Mali
ou au Niger», indique un diplomate.
L'argent pour organiser les élections
n'est pas réuni
Tandis que les combats se poursuivent dans le nord du
pays, le calendrier malien se précise. Sur la base du rapport de Ban Ki-moon,
une résolution portée par la France devrait être votée «dans la deuxième
quinzaine d'avril», indique-t-on, à New York. Un mois plus tard, la mission
onusienne devrait débuter sur le terrain, avec le passage de relais de la Misma
(forte alors de 9500 hommes, espère-t-on). Une élection présidentielle,
envisagée le 7 et le 31 juillet, marquerait le coup d'envoi du processus de
transition politique soutenu par l'ONU.
Des perspectives sur lesquelles
pèsent des hypothèques, politiques, financières et sécuritaires. Quelque 151
millions de dollars sont nécessaires «de façon urgente» pour permettre
notamment, dans les trois mois qui viennent, le retour des réfugiés, note le
rapport. Le financement des élections (126 millions de dollars) n'est toujours
pas réuni. Surtout, «ce que l'on craint, c'est que surviennent des événements
graves sur le terrain après le départ des militaires français», s'alarme un
diplomate. Le début du retrait des forces de l'opération Serval est annoncé pour
la fin avril. «Pour déployer une mission de maintien de la paix, il faut qu'il y
ait une paix à maintenir», ironise gravement un diplomate
français.
Alain Barluet journaliste
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