(Le Figaro 14/03/2013)
Tout en poursuivant ses opérations militaires contre les
islamistes dans le nord du Mali, la France se prépare à passer le relais à
l'ONU. Le calendrier déjà établi prévoit que la mission de maintien de la paix
qui remplacera les soldats français et les troupes africaines engagées dans la
mission de la Misma soit déployée au 1er juillet, avant l'élection
présidentielle malienne.
«In cha' Allah», si Dieu le veut, glisse un
diplomate de l'ONU, reconnaissant que la situation sur place est encore loin de
réunir toutes les conditions. Le sous-secrétaire général chargé des Opérations
de maintien de la paix, Edmond Mulet, est justement en mission à Bamako pour
déterminer les modalités de la transition de la Misma vers une force de Casques
bleus. On parle pour l'instant de 10.000 hommes et d'une mission «sous chapitre
7», c'est-à-dire autorisée à utiliser la force. Les négociations au Conseil de
sécurité débuteront fin mars, pour une résolution prévue courant avril.
Secteurs militaires
Un point semble désormais arrêté: la France
ne restera pas sur place. Les premiers départs de ses soldats sont prévus dès le
mois prochain.«Nous ne nous ruons pas vers la sortie, rassure un diplomate, le
retrait français se fera parallèlement à l'arrivée des troupes onusiennes.»
Après leur retrait, les forces françaises pourront toujours mener des opérations
depuis leurs bases au Sénégal et au Tchad, souligne-t-on. «Nous avons prouvé que
nous pouvions intervenir rapidement», ajoute le diplomate.
À l'ONU, le
départ francais est aussi considéré comme inévitable, malgré le risque d'un
retour de l'instabilité - la reconstruction de l'armée malienne par les
formateurs européens devant prendre environ deux ans. «Les Français ont déjà
fait beaucoup et ont remporté de solides victoires avec l'aide des Tchadiens, on
ne les pousse certainement pas à rester, commente un diplomate occidental. Nous
espérons tous que d'ici à l'arrivée de la mission onusienne, les opérations
antiterroristes menées actuellement ne seront plus nécessaires.» Dans le cas
contraire, la mission ne serait tout simplement pas déployée. La difficulté sera
donc de se mettre d'accord sur l'évaluation du danger posé aux Casques bleus.
«C'est pourquoi il faudra une mission robuste», souligne une source à
l'ONU. La force de réaction rapide que souhaitent les Africains n'est pas jugée
souhaitable à New York. «D'un point de vue militaire, elle n'aurait pas de sens
dans un pays grand comme le Mali», estime un spécialiste. Une meilleure option,
pense-t-on dans certaines capitales, serait de découper le Mali en secteurs
militaires où pourraient être déployées des compagnies de réserve, prêtes à
réagir rapidement en cas d'attaques islamistes. Le degré de latitude de ces
troupes à ouvrir le feu reste à déterminer.
Au-delà de l'aspect
militaire, c'est le volet politique de la nouvelle mission qui est, de l'avis
général, le plus compliqué. «L'atmosphère à Bamako est à la revanche»,
s'inquiète un diplomate. En témoignent les tensions ethniques dénoncées par le
Haut Commissariat aux droits de l'homme mercredi. À charge pour les Nations
unies de convaincre Bamako de s'engager dans un processus de
réconciliation.
Par Adèle Smith
Journaliste Figaro
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Figaro
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