(Le Parisien 26/03/2013)
Des militaires français chargés de la protection de
l'aéroport ont tué deux ressortissants indiens qui se trouvaient à bord de
voitures circulant à vive allure.
Le ministère de la Défense a annoncé
que les forces françaises chargées de la protection de l'aéroport de Bangui, en
Centrafrique, avaient fait feu ce lundi sur des véhicules qui tentaient d'y
pénétrer, tuant deux ressortissants indiens et blessant plusieurs personnes,
indiennes et une tchadienne.
«Regrettant profondément ce drame, le
ministre de la Défense a demandé le déclenchement d'une enquête visant à en
déterminer les circonstances exactes.
Toute la lumière sera faite en
liaison et en transparence avec les autorités indiennes et tchadiennes», écrit
le ministère de la Défense dans un communiqué.
Les voitures ne
ralentissent pas malgré les tirs de semonce
Les forces françaises sont
intervenues «dans une situation particulièrement confuse contre trois véhicules
qui menaçaient de pénétrer dans l'aéroport alors même qu'elles venaient d'être
l'objet de tirs d'origine inconnue», écrit le ministère.
«Ces véhicules
transportaient notamment des ressortissants tchadiens et indiens. En dépit des
tirs de semonce lancés par les militaires gardant le site, les véhicules ont
poursuivi à vive allure. Deux ressortissants indiens sont morts. Les blessés
indiens et tchadien ont été immédiatement pris en charge par les forces
françaises et conduits vers une unité de soin», poursuit-il.
La France
adresse ses condoléances
«Dans ces circonstances tragiques, la France,
partenaire et amie de l'Inde, partage la douleur des familles et leur adresse,
ainsi qu'aux autorités indiennes, ses sincères condoléances» déclare le
président de la République dans un message de solidarité au Premier ministre
indien. «Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, doit s'entretenir dans
les prochaines heures avec son homologue indien», ajoute le ministère de la
Défense. Le Premier ministre indien Manmohan Singh a fait part mardi de sa
«profonde tristesse pour la mort de ces innocents». Il a précisé avoir reçu une
lettre du président français François Hollande lui faisant part de ses regrets.
Quelque 300 soldats français ont été envoyés en renfort à Bangui, la
capitale centrafricaine, depuis Libreville (Gabon) au cours du week-end. Des
renforts destinés à assurer la protection des 1200 ressortissants français
présents en Centrafrique et à sécuriser l'aéroport de Bangui après la prise de
pouvoir par les rebelles. Ces deux compagnies sont arrivées par plusieurs
rotations de Transall et de Hercules C130, portant les effectifs militaires
français en République centrafricaine à environ 550 hommes.
La France a
condamné ce lundi «le recours à la force ayant abouti à la prise de pouvoir» en
Centrafrique et a demandé l'arrêt des pillages et le rétablissement rapide de
l'ordre à Bangui, tombée dimanche aux mains des rebelles du Séléka. Le président
centrafricain déchu François Bozizé, qui avait fui son pays après la prise de
Bangui, a trouvé refuge au Cameroun.
Michel Djotodia entend conduire
le pays vers «des élections libres»
Le chef de la rébellion
centrafricaine Séléka, Michel Djotodia, a annoncé lundi, dans un discours à la
presse, qu'il allait suspendre la Constitution et légiférer par ordonnance pour
conduire la transition du pays vers «des élections libres, crédibles et
transparentes». S'il ne s'est pas explicitement autoproclamé président de la
République, il se pose clairement en nouveau maitre du pays. Il a reconduit «le
Premier ministre (Nicolas Tiangaye, Ndlr), chef du gouvernement d'union
nationale dans ses fonctions».
«Nous nous engageons à conduire désormais
les destinées du peuple centrafricain pendant cette période de transition
consensuelle de trois ans conformément aux accords politiques de Libreville», a
ajouté Michel Djotodia. L'accord de paix signé le 11 janvier à Libreville
(Gabon) mettait en place un gouvernement d'unité nationale composé du clan au
pouvoir, des rebelles et de l'opposition. Mais les rebelles affirment qu'il n'a
pas été respecté.
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