(Liberation 26/03/2013)
Le coup de force des rebelles centrafricains qui ont chassé
le président François Bozizé de Bangui, toujours en proie aux pillages, a été
condamné lundi par l’ensemble de la communauté internationale, de l’Union
africaine aux Nations unies, de l’Union européenne à la France.
Et plus
de 24h après la chute de Bozizé, réfugié au Cameroun, le chef de la rébellion
Michel Djotodia, qui se pose en successeur du président Bozizé, tardait à
s’adresser publiquement à la Nation.
L’Union africaine a suspendu lundi
la participation de la Centrafrique à l’organisation. Elle a également imposé
des sanctions contre sept responsables de la coalition rebelle Séléka, dont
Michel Djotodia.
Paris a condamné «le recours à la force ayant abouti à
la prise de pouvoir» en Centrafrique.
L’Union européenne a qualifié
d'«inacceptable» le changement «par la force» du gouvernement en Centrafrique et
appelé à «cesser immédiatement toutes les hostilités, à faire preuve de retenue
et à contribuer au rétablissement de l’ordre public».
«Cette remise en
cause de l’ordre constitutionnel est inacceptable pour la communauté francophone
attachée aux principes de la démocratie et de l’Etat de droit», a renchéri le
secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF)
Abdou Diouf.
Et dès dimanche soir, le secrétaire général de l’ONU Ban
Ki-moon s’était déclaré inquiet des violations de droits de l’homme, tandis que
Washington appelait «de manière urgente» le Séléka à «rétablir la loi et
l’ordre» dans Bangui, livrée aux pillages.
Un des porte-parole de la
rébellion, Eric Massi, avait indiqué lundi matin depuis Paris qu’il était «en
attente d’une déclaration solennelle qui officialise l’accès à la présidence de
Michel Djotodia».
Mais depuis, ni le Séléka ni son chef ne sont
intervenus publiquement pour s’adresser aux Centrafricains, et proclamer
Djotodia président, comme il l’avait laissé entendre sur RFI.
Il a
notamment annoncé vouloir organiser des élections libres d’ici trois ans, en
soulignant: «Je n’ai pas dit que dans trois ans, je remettrai le pouvoir. J’ai
dit que d’ici trois ans, nous allons organiser des élections libres et
transparentes avec le concours de tout le monde».
«Nous resterons
toujours dans l’esprit de Libreville», a-t-il promis, confiant qu’il garderait à
son poste l’actuel Premier ministre du gouvernement d’union nationale Nicolas
Tiangaye, figure de l’opposition à Bozizé.
Les pillages
continuent
Dans la capitale centrafricaine, les incidents et pillages
continuaient lundi selon plusieurs témoignages.
Un hôtel situé dans le
quartier du palais présidentiel a été incendié dans la matinée, selon une source
militaire au sein de la Force multinationale d’Afrique centrale
(Fomac).
Toujours selon cette source, un incident a fait deux morts. Un
ressortissant indien et un membre du Séléka qui l’escortait ont été tués alors
qu’ils approchaient de l’aéroport, dont l’accès est interdit aux rebelles et
sous contrôle de l’armée française. «Ils ne s’étaient pas annoncés», a expliqué
cette source qui parle d’une erreur, sans préciser qui leur a tiré
dessus.
Une journaliste d’une radio privée a rapporté que des rebelles
étaient venus piller les locaux, repartant avec «du matériel, mais aussi des
véhicules». «Nous ne pouvons plus travailler dans ces conditions», a-t-elle
confié sous couvert d’anonymat.
«Le Séléka a donné des ordres pour
récupérer les biens volés et assurer la protection des personnes, a-t-elle
ajouté. Mais on entend toujours des coups de feu sporadiques».
De
nombreuses patrouilles rebelles circulaient dans les rues de Bangui, tirant en
l’air avec des kalachnikov, a constaté un journaliste de l’AFP. Les magasins
restaient fermés et les habitants se déplaçaient à pied, souvent en petits
groupes.
Bozizé réfugié au Cameroun
Le président déchu François
Bozizé a fui Bangui pour se réfugier au Cameroun, «où il se trouve actuellement
dans l’attente de son départ vers un autre pays d’accueil», a annoncé la
présidence camerounaise lundi.
Sa famille a été prise en charge en
République démocratique du Congo (RDC), a indiqué lundi le porte-parole du
gouvernement et ministre des médias congolais, Lambert Mende.
Au moins
treize militaires de la force sud-africaine qui avait été déployée en
Centrafrique ont été tués et 27 blessés dans des combats pendant la prise de
Bangui par les rebelles, a indiqué le président Jacob Zuma, en annonçant le
maintien pour l’instant du reste des troupes sur place.
La rébellion
avait lancé une première offensive le 10 décembre dans le nord du pays et
enchaîné victoire sur victoire face aux forces gouvernementales désorganisées,
avant de stopper sa progression sous la pression internationale à 75 km au nord
de Bangui.
Un accord à Libreville, conclu en janvier, avait débouché sur
la formation d’un gouvernement d’union nationale. Arguant du non-respect de ces
accords, les rebelles ont déclenché à nouveau les hostilités vendredi et déclaré
vouloir mettre en place un gouvernement de transition.
Par AFP
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