(Afrik.com 04/01/2013)
La traque des biens mal acquis au Sénégal a connu une autre
tournure à la suite de la demande du ministre de la Justice et garde des sceaux
: le bureau de l’Assemblée nationale s’est réuni jeudi pour faire lever
l’immunité parlementaire de trois députés de l’opposition mis en
cause.
Le chef de l’Etat, Macky Sall veut que la procédure enclenchée
contre les biens mal acquis et autres enrichissements illicites, soit accélérée.
Dans cette perspective, il a donné des instructions à la ministre de la Justice,
pour que cette affaire qui indispose à plus d’un niveau, connaisse son épilogue
assez vite. Ce, afin de passer à autre chose, d’entamer des chantiers de
développement. A son tour, la ministre Aminata Touré a saisi le bureau de
l’Assemblée nationale, pour faire lever l’immunité parlementaire de trois
députés mis en cause. Et l’idée de la levée de l’immunité parlementaire de
certains députés de l’opposition, objet de convocation à la gendarmerie de
Colobane traversera plusieurs esprits de la mouvance présidentielle. Et, ont été
ciblés : le coordinateur du Parti démocrate sénégalais (PDS) Oumar Sarr,
l’actuel porte-parole de l’ex-président Ousmane Ngom, principal instigateur des
ripostes libérales et Abdoulaye Baldé, ex-ministre d’état sous le régime
libéral.
Autant de tergiversations que de polémiques entourent l’affaire
dite de traque des biens mal acquis, mais aussi, de l’argent planqué dans les
banques étrangères, après enquête de la gendarmerie. Le chef de l’Etat veut
opposer un cinglant démenti à tous ceux qui croient, dur comme fer, que l’action
judiciaire enclenchée n’aboutira pas.
Processus de levée de l’immunité
parlementaire
L’idée ayant fait forte impression sur les députés
présents, avant la fin de la réunion, il a été conclu qu’une commission sera
mise sur pied. Selon le député de la majorité parlementaire, Abdoul Mbow, le
bureau de l’Assemblée nationale passera par les plénières, précisant que la
conférence des présidents de commission va se réunir pour arrêter la date. Selon
nos sources, elle se composera de 11 membres et se réunira le lundi 7 janvier
2013. Et, le jeudi 11 janvier, ils passeront à l’acte de la levée de leur
immunité parlementaire. Ce qui leur ouvrirait une des portes d’entrée de chez le
Procureur, pour une probable inculpation.
Réaction de la majorité et de
l’opposition
Le député de la mouvance présidentielle, Moustapha Cissé Lo,
un de deux qui ont cautionné cette mesure, pensant que les voleurs n’ont pas
leur place à l’Assemblée, précise à ceux qui se demandent si tout cela ne va
entraver le dialogue souhaité par le Khalife général des mourides (une confrérie
islamique) : « cela n’a rien à voir avec l’appel du Khalife. Chaque jour, nous
travaillons à ce que l’unité nationale et la transparence soient de vigueur dans
ce pays qui a perdu des milliards. Donc, aujourd’hui, il y a une nécessité
d’auditer ceux qui ont eu à gérer. Nous allons poursuivre les audits. Nous
allons poursuivre les bandits à col blanc, les voleurs de deniers publics, les
blanchisseurs d’argent, auteurs de trop de mal aux sénégalais
».
Réagissant, le maire de Ziguinchor (sud), par ailleurs président de
l’Union des centristes du Sénégal(UCS) s’est dit serein. « Tout cela ne me fait
pas grand-chose car, je n’ai rien à cacher. Je n’ai pas peur et si on me
convoque, j’irai répondre », a laissé entendre Abdoulaye Baldé, visé par cette
procédure.
Pour rappel, en 2009, la même procédure avait été enclenchée,
par la majorité libérale, contre les députés Mbaye Ndiaye et Moustapha Cissé Lo,
quand ils avaient affiché leur appartenance à l’Apr Yaakaar, la formation de
l’actuel président de la république.
vendredi 4 janvier 2013 / par Khalil
Dieme
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