(Le Pays 22/01/2013)
La formation du nouveau gouvernement centrafricain s’annonce
difficile. A peine le Premier ministre, Nicolas Tiangaye, a-t-il entamé les
consultations pour la formation de son équipe que le président François Bozizé a
annoncé la couleur. Il réclame vingt postes ministériels. On constate donc qu’il
veut se tailler la part du lion. Certes, on ne peut pas lui en vouloir d’être
ambitieux, mais il doit éviter d’en faire une fixation au point de mettre en
péril l’accord de Libreville.
En mettant ainsi la barre haut, quelle
marge de manœuvres Bozizé laisse-t-il à Nicolas Tiangaye ? Si ce dernier accepte
de lui céder les vingt postes ministériels, comment pourra-t-il satisfaire les
autres parties, notamment la société civile, la Séléka et l’opposition politique
non armée avec les dix postes restants ? Il ne faudrait pas que la boulimie du
pouvoir de Bozizé prenne le pas sur l’intérêt supérieur de la nation. Il est
évident qu’avec une telle ambition, il sera difficile de respecter l’esprit de
gouvernement d’union nationale qui constitue pourtant un des éléments importants
de l’accord signé entre les protagonistes. Le président centrafricain est déjà
si rassuré qu’il veut reprendre par la main gauche ce qu’il a cédé par la main
droite.
En tout cas, tout laisse penser que cet ancien maquisard n’est
pas prêt à accorder une parcelle importante de pouvoir aux autres. Or, il est
trop tôt de montrer des velléités à ce niveau car les rebelles de la Séléka
n’ont pas encore abandonné leurs positions. Et il suffit de la moindre étincelle
pour que le pays s’embrase de nouveau. Pour tout dire, Bozizé doit éviter de
jouer au pyromane car l’accord de Libreville est encore fragile et peut, à tout
moment, voler en éclats si on n’y prend garde. C’est vrai que le partage du
gâteau n’a jamais été une chose aisée dans les pays en proie aux rébellions et
autres crises. Mais, est-ce pour autant une raison pour passer le temps à ruser
? Pour faire taire les armes, le chemin parcouru n’a pas été des plus faciles.
Et si la formation du gouvernement dit d’union nationale doit encore
faire un bouquin de tous les diables, qu’adviendra-t-il de la cohabitation sur
le terrain ? Bozizé doit revoir sa copie. Du reste, l’adage nous enseigne qu’à
force de trop vouloir, on perd tout. En tout cas, le moins que l’on puisse dire,
c’est que la formation du nouveau gouvernement est une autre paire de manches ;
aussi bien pour Nicolas Tiangaye que pour les autres acteurs de la classe
politique centrafricaine, notamment l’opposition. Il est probable que cette
situation crée de vives tensions au sein des acteurs quand on sait que les
politiciens raffolent des postes ministériels. De toute façon, Bozizé sera le
seul responsable si l’accord de Libreville capote. C’est dommage que les
soubresauts que son régime vient de vivre ne lui aient pas servi de
leçon.
Dabadi ZOUMBARA
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