(Le Pays 24/01/2013)
Comme promis dans son message de fin d’année à la Nation, le chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba, a convié l’ensemble de la classe politique de son pays, majorité présidentielle comme opposition, à une concertation politique le 22 janvier dernier. A l’ordre du jour de ces retrouvailles, il y a eu les modalités d’introduction de la biométrie dans le processus électoral et la relance du Conseil national de la démocratie.
Dans l’optique d’un large consensus sur la biométrie, le chef de l’Etat a donné un autre rendez-vous au cénacle politique vers la mi-février pour plancher sur les conclusions d’un comité de 10 membres composé à part égale de représentants de la majorité et de l’opposition qui sera incessamment créé et placé sous l’autorité du Premier ministre. Ainsi, le pouvoir et l’opposition peuvent se rencontrer même si, le 22 janvier, des poids lourds des adversaires du régime en place comme André Mba Obame (AMO) étaient absents officiellement pour cause de dissolution de son parti, l’Union nationale (UN).
Bien des opposants doivent certainement envier leurs homologues du Gabon qui ont au moins eu la « chance » de rencontrer et de discuter avec le pouvoir sur des sujets majeurs de la vie nationale, sur certaines de leurs revendications. Sous nos tropiques, la réponse qui est généralement apportée aux revendications des opposants est la répression. Les tenants du pouvoir ne trouvent pas nécessaire de « perdre le temps » à discuter avec des « aigris ». Au Gabon, on peut déjà se féliciter, car comme le dit l’adage : mieux vaut tard que jamais. Une telle rencontre était inespérée au regard du bras de fer permanent entre le pouvoir et la frange radicale de l’opposition qui exigeait la tenue d’une conférence nationale souveraine pour faire sortir le pays de la crise structurelle dans laquelle il est plongé.
La biométrie a aussi été pendant longtemps un point d’achoppement entre l’opposition et le pouvoir avant que celui-ci ne daigne aujourd’hui en discuter sans tabou. On se rappelle bien que les adversaires du locataire du Palais du bord de mer ont demandé sans succès son introduction à l’élection présidentielle de 2009 puis aux législatives de décembre 2011. Le pouvoir a fait la sourde oreille et a organisé ces scrutins qu’il a remportés. Tout se passe comme si le régime a assuré sa victoire à ces élections avant de songer à l’introduction de la biométrie pour les prochaines consultations.
Déjà, ceux qui ne jurent que par la biométrie demandent qu’elle soit introduite lors des élections locales d’avril 2013, quitte à les reporter de deux mois. Si toutes les parties prenantes au dialogue amorcé jouent franc jeu, on est bien parti pour régler cette question de la biométrie de manière pacifique. Et c’est tant mieux pour la paix sociale dont a grandement besoin le régime en place pour sortir le pays de l’ornière.
Séni DABO
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