lundi 21 janvier 2013

Centrafrique : Dans l'attente du gouvernement de consensus

(L'Observateur Paalga 21/01/2013)
Il y a quelques semaines, la crise centrafricaine était au-devant de la scène africaine et internationale. Mais depuis l'accélération du conflit malien et la prise d'otages en Algérie, la Centrafrique a subi la dure loi des événements médiatiques : l'actualité chasse toujours une autre, plus brûlante.
En effet, une rébellion menaçait de chasser le président François Bozizé de son fauteuil présidentiel. Acculé, il avait demandé l'aide de la France pour sauver son pouvoir moribond, mais l'Hexagone y avait opposé une fin de non- recevoir, arguant que ses militaires étaient à Bangui pour la sécurité des ressortissants français.
De guerre lasse, l'ancien putschiste, avec le soutien de ses pairs de l'Afrique centrale qui ont déployé une force d'interposition entre les rebelles et les loyalistes, a réussi à faire signer à Libreville un accord de cessez-le-feu assorti d'une feuille de route qui impose la formation d'un gouvernement d'union nationale avec un Premier ministre issu de l'opposition.
Pour montrer sa bonne foi, le président Bozizé s'est empressé de dissoudre l'exécutif pour nommer, après quelques jours de tergiversations et de tractations, à la Primature, Nicolas Tiangaye, chargé de former rapidement une nouvelle équipe gouvernementale.
Cet avocat de formation, qui a défendu l'empereur Jean Bedel Bokassa, aurait les faveurs des chancelleries occidentales, mais n'est pas apprécié du maître de Bangui, dont il a pourtant plaidé la cause alors qu'il était accusé de complot en 1989. Mais des amis d'hier peuvent être des ennemis d'aujourd'hui, et entre Bozizé et Tiangaye, les relations ne sont plus au beau fixe depuis le Conseil national de transition, que le chef du gouvernement a dirigé en 2004. Du coup, la cohabitation, prévue pour durer jusqu'en 2016, ne sera pas de tout repos si les accords de Libreville sont respectés. En attendant, le nouveau gouvernement, dit de consensus, se fait toujours attendre, et on imagine que le chemin est parsemé d'embûches, car il faut un savant dosage pour satisfaire chaque bord politique en vue d'une gouvernance pacifique.
Il est évident que les faucons du régime, même hors jeu, ne baisseront pas les bras pour laisser Tiangaye gérer les affaires à sa guise. Les manœuvres souterraines de la coalition Séléka et du pouvoir peuvent saper l'action du PM, qui a pourtant du pain sur la planche parce qu'il devra relancer l'économie, réorganiser la sécurité et préparer les législatives.

Adama Ouédraogo
Damiss
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