(Le Point 28/01/2013)
Mohamed Morsi a annoncé des "mesures exceptionnelles" pour
faire face à l'escalade, menaçant d'en prendre d'autres si les violences
persistent.
Le président égyptien Mohamed Morsi a décrété dimanche l'état
d'urgence dans trois provinces du pays où les violences ont fait 46 morts en
trois jours, et appelé à un dialogue national incluant les dirigeants de
l'opposition lundi.
Les heurts les plus meurtriers ont eu lieu à
Port-Saïd où 37 personnes ont péri après la condamnation à la peine capitale
samedi de 21 supporteurs du club de football local Al-Masry, pour leur
implication dans des violences ayant fait 74 morts en 2012 après un match contre
l'équipe du Caire, Al-Ahly.
Dans un discours à la nation, au ton ferme,
retransmis à la télévision, Mohamed Morsi a annoncé des "mesures
exceptionnelles" pour faire face à l'escalade, menaçant d'en prendre d'autres si
les violences persistent. "Je le ferai pour l'intérêt de l'Égypte. C'est mon
devoir et je n'hésiterai pas un instant". Selon lui, l'état d'urgence entrera en
vigueur à partir de minuit dimanche pour 30 jours, à Port-Saïd, Suez et
Ismaïliya, sur le Canal. Il sera accompagné d'un couvre-feu de 21 heures à 6
heures, heure locale, pour la même période.
"Je suis contre les mesures
exceptionnelles, mais j'avais dit que si j'y étais contraint, je le ferais pour
éviter que le sang ne coule et pour protéger les citoyens", a dit le président.
L'état d'urgence, imposé durant 30 ans, avait été levé en mai 2012.
Parallèlement, Mohamed Morsi, accusé d'autoritarisme par ses
détracteurs, a appelé les dirigeants de l'opposition à un dialogue national
lundi. Selon un communiqué de la présidence, les dirigeants du Front du salut
national (FSN), principale coalition de l'opposition, Hamdeen Sabbahi, Amr
Moussa et Mohammed El Baradei, ont été conviés notamment à ce dialogue dimanche
en fin de journée au palais présidentiel au Caire. Le FSN avait réclamé samedi
une "solution globale" à la crise incluant un "gouvernement de salut national",
faute de quoi, il boycotterait les législatives prévues en mars ou avril et
réclamerait une présidentielle anticipée.
L'armée déployée à
Port-Saïd
Dimanche à Port-Saïd, six personnes, dont un jeune homme de 18
ans atteint par une balle, ont péri en marge d'obsèques, selon des sources
médicales. 467 ont aussi été blessées, dont 38 par balle. Selon des témoins, des
coups de feu d'origine indéterminée ont été entendus pendant que les dépouilles
étaient transportées d'une mosquée vers le cimetière, provoquant un mouvement de
panique parmi les milliers de personnes présentes, puis des scènes d'émeute.
Certains participants ont lancé des slogans hostiles au pouvoir islamiste,
scandant "À bas le pouvoir du guide" des Frères musulmans, dont est issu Mohamed
Morsi. Parmi les 31 morts samedi figurent deux policiers pour qui des
funérailles militaires ont été organisées au Caire. Le ministre de l'Intérieur
Mohamed Ibrahim a été empêché d'y participer par des policiers en colère, selon
l'agence Mena.
L'armée a pris position à Port-Saïd pour protéger les
bâtiments publics et les sites sensibles après une tentative des proches de
condamnés à mort de prendre d'assaut la prison où ces derniers sont détenus et
des attaques contre des postes de police. Pour des habitants de Port-Saïd, les
condamnations à mort ont été motivées par le souhait d'éviter des troubles plus
graves avec les supporteurs très organisés d'Al-Ahly, qui avaient menacé de
semer le "chaos" si le verdict n'était pas assez sévère. "C'est un verdict
politique qui a sacrifié nos enfants pour éviter le chaos. Nos enfants sont des
boucs émissaires", a affirmé Achraf Sayyed.
Mais lors de son discours,
Mohamed Morsi a affirmé que "les décisions de justice doivent être respectées
par tous. Elles ne sont pas dirigées contre une partie spécifique et ne sont pas
partiales."
Les troubles avaient commencé vendredi dans plusieurs villes,
dont Le Caire, à l'occasion du deuxième anniversaire du début du soulèvement
ayant conduit à la chute de Hosni Moubarak. Les affrontements entre opposants à
Morsi, élu en juin 2012, et policiers avaient fait ce jour-là neuf morts - huit
à Suez et un à Ismaïliya - et des centaines de blessés, reflétant les profondes
divisions dans le pays.
À Suez et au Caire, des accrochages sporadiques
ont continué d'opposer des manifestants à des policiers. Les ambassades des
États-Unis et de Grande-Bretagne, près de la place Tahrir au Caire, ont suspendu
dimanche leurs services au public.
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