(Le Monde 24/01/2013)
La France a annoncé mercredi 23 janvier que des soldats de la force africaine avaient commencé à se diriger vers le centre du Mali, et appelé à la vigilance au moment où se multiplient des accusations d'exactions commises par des soldats maliens.
"Il y a déjà des forces qui sont arrivées à Bamako. Un certain nombre de forces ont déjà commencé à monter vers des villes intermédiaires (centre)", a déclaré le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. Le ministre n'a précisé ni la nationalité des troupes en mouvement, ni les villes vers lesquelles elles se dirigent, ni enfin le nombre de militaires concernés.
A Bamako, une source au ministère de la défense malien a précisé que "160 soldats du Burkina Faso sont arrivés à Markala (270 km au nord de Bamako) pour prendre la relève des Français" qui y tiennent un pont stratégique sur le fleuve Niger. Selon cette source, "ils sont déjà installés, ils pourront ensuite aller à Niono et à Diabali", deux localités situées plus au nord, dont l'une, Diabali, a été récemment reprise aux islamistes par les armées française et malienne. "Après les Français, les Africains sont sur le terrain", a-t-elle ajouté.
Jusqu'à présent, l'armée française est la seule armée étrangère à être engagée dans la lutte contre les groupes islamistes armés qui contrôlent le nord du Mali depuis l'été dernier. Elle agit avec le concours d'unités de l'armée malienne.
"SÉRIE D'EXÉCUTIONS SOMMAIRES"
Treize jours après le début de l'intervention française qui a donné un coup d'arrêt à la progression des islamistes vers le sud, deux organisations de défense des droits de l'homme ont demandé l'ouverture d'une enquête sur des accusations d'exactions commises par les troupes maliennes dans le centre du pays, particulièrement à Sévaré, Mopti et Niono.
Selon la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), qui accuse des soldats maliens d'avoir perpétré "une série d'exécutions sommaires", au moins 11 personnes ont été tuées à Sévaré (650 km au nord-est de Bamako). Dans la région de Niono, deux Maliens d'origine touareg ont été exécutés par des soldats maliens, a ajouté la FIDH, qui a rapporté également "des informations crédibles sur une vingtaine d'autres cas d'exécutions à Sévaré où les corps auraient été enterrés en toute hâte, notamment dans des puits".
L'ONG Human Rights Watch (HRW), qui a réclamé l'envoi d'observateurs de l'ONU, a dit enquêter sur des "allégations d'exactions graves impliquant des membres de l'armée malienne". Ces exactions visent particulièrement les communautés arabe et touareg, majoritaires au sein des groupes islamistes armés.
Le ministre français de la défense, Jean-Yves Le Drian, a appelé mercredi l'encadrement de l'armée malienne à être "extrêmement vigilant" envers les risques d'exactions. "L'armée doit être irréprochable et il ne saurait être question pour nous de cautionner des actes que nous reprochons aux terroristes", a déclaré le gouvernement malien dans un communiqué mercredi soir. Il "rappelle aux forces armées et de sécurité le respect strict des droits humains et toutes les dispositions du droit international humanitaire et des conventions internationales en la matière".
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui avait salué l'intervention "courageuse" de la France au Mali, avait fait part mardi de ses craintes concernant l'impact de l'opération sur les civils et les droits de l'homme. L'Union européenne s'est également déclarée "très préoccupée" par de possibles exactions au Mali. A Paris, le chef de la diplomatie française a affirmé que tous les soutiens internationaux supplémentaires à la guerre au Mali seraient "les très bienvenus". L'intervention a coûté en treize jours environ 30 millions d'euros, selon Paris.
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