Dans ce quartier qui abrite 22 204 habitants, les femmes se plaignent d’être battues et humiliées au vu et au su par leurs maris. Les causes de cette violence sont souvent liées à l’infidélité de l’homme, à son refus d’assumer ses responsabilités et ses devoirs, à la pauvreté, la promiscuité et à l’incompréhension. L’inceste est aussi prévalent dans ce quartier et est grandement imputable à la promiscuité. L’exploitation sexuelle est à son comble car pour subvenir à leurs besoins, de nombreuses jeunes filles se prostituent.
Une femme, en l’occurrence Henriette Akani Dembo, qui est aussi chef de quartier adjointe à Kimbuala, en est très consciente et s’emploie à accompagner les victimes de violences par le biais légal et par la sensibilisation dans les foyers affectés par la violence. Lors de son exercice de porte-à-porte, elle explique aux Kinois que la police du quartier a le droit d’agir contre les agresseurs présumés et cite le cas de la petite de deux ans et dix mois, violée par un sexagénaire connu comme papa Bona.
Cet homme a été traduit devant la justice par les parents de la fillette. C’est en baignant l’enfant que sa mère s’est rendue compte que son bébé avait été violenté. Elle a obtenu confirmation après un examen médical. Et comme son mari était en déplacement, elle a fait appel à ses beaux-frères. Lors des audiences en Cour, la fillette, interrogée par l’officier du ministère public, a toujours désigné du doigt papa Bona. Henriette Akani Dembo a accompagné la famille à chaque séance en Cour et le fera jusqu’à ce que justice soit rendue. «Il faudrait qu’il y ait une véritable politique nationale du genre en RDC. Il faudrait aussi redynamiser les conseils nationaux et provinciaux de la femme, de l''enfant et de la famille et créer des comités locaux pour eux sur le terrain. Le cas de cette petite a révolté beaucoup des mères qui se sont alors plaintes de viols perpétrés sur leurs filles à un très jeune âge et du fait qu’il était très difficile d’obtenir justice pour elles au civil.»
Et c’est vrai. Kitete Losamba, juriste, explique que «l'exécution de jugement pose souvent problème aux victimes de violences sexuelles en RDC. La plupart n’ont pas de revenus suffisants pour encourir les frais d’exécution d’un jugement et l'assistance judiciaire gratuite ne prend pas en compte cet aspect des choses. De ce fait, c’est très difficile d’exécuter un jugement. Et lors des rares fois où cela s’avère possible, on butte sur l'insolvabilité du condamné». Tel pourrait être le cas pour papa Bona dont l’unique sanction reste le verdict de la Cour qui pourrait le condamner à une peine de prison.
La mère d’une autre fillette de 10 ans, elle aussi victime de viol, a fait un appel aux autorités pour plus de protection aux jeunes filles et aux femmes. « Il faut aussi que les identités de toutes les victimes soient scrupuleusement protégées afin de leur garantir une croissance tranquille et leur donner la chance de se marier un jour. J’estime que l’Etat devrait même les délocaliser ou leur faire étudier dans une autre province à ses frais pour leur assurer la protection contre les stigmatisations».
Ces suggestions méritent d’être considérées en haut lieu car la RDC est signataire du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement qui demande notamment aux Etats membres de réduire de moitié leurs taux de violence basée sur le genre d’ici 2015. Le gouvernement congolais doit maintenant traduire dans les faits ses engagements pris sur papier.
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