(Xinhuanet 28/01/2013)
ADDIS-ABEBA -- Les élections générales prévues cette année à
Madagascar, qui se dérouleront sans la participation d'Andry Rajoelina et Marc
Ravalomanana, seront financées à hauteur de 10 millions USD sur un budget total
estimé à 60 millions, a affirmé à Xinhua le ministre mauricien des Affaires des
étrangères, Arvin Boolell, dimanche à Addis-Abeba, en marge du 20e sommet de
l'Union africaine (UA).
M. Boolell s'est confié au terme d'une réunion
conjointe de la Commission de l'océan Indien et de la Communauté de
développement de l'Afrique australe (SADC), également consacrée à la République
démocratique du Congo (RDC) où, d'après une autre source diplomatique, la SADC
préconise la mise à l'écart du Rwanda, du Burundi, de l'Ouganda et de la RDC
elle-même de la force multinationale neutre prévue dans l'Est de ce
pays.
Question : Monsieur le ministre, quelles sont les conclussions de
la réunion conjointe SADC-Commission de l'océan Indien tenue ce dimanche soir en
marge du 20e sommet de l'Union africaine ici à Addis-Abeba sur les crises de
Madagascar et de la République démocratique du Congo ?
Réponse :
Concernant Madagascar, je dois dire que les choses commencent à bouger très
positivement dans la bonne direction et suite à la décision prise par les deux
protagonistes (le président de l'Autorité de transition Andry Rajoelina et
l'ex-président déchu Marc Ravalomanana, NDLR) de ne pas se porter candidats aux
élections présidentielles. Mais pour qu'on puisse arriver à cette décision, ça a
été un travail de longue haleine. Maintenant, il faut que les recommandations de
la feuille de route soient respectées. Il y a bien sûr la loi sur l'amnistie qui
doit être introduite par le Parlement de transition. Parce qu'il ne faut pas
oublier que la feuille de route a été acceptée et paraphée par tous les partis
politiques, inclus bien sûr le parti de l'ancien président
Ravalomanana.
Q : La décision de l'ancien président Ravalomanana et
d'Andry Rajoelina de ne pas se présenter à l'élection présidentielle prévue
cette année ouvre-t-elle la voie à une véritable décrispation politique et à un
retour effectif à la normalisation ?
R : C'est non seulement une
décrispation, mais je crois fermement que c'est la solution malgacho-malgache
qui donne le droit au peuple malgache d'aller aux urnes, de voter et de faire le
choix des candidats pour les élections parlementaires et les candidats pour
l'élection présidentielle et les élections communales. Maintenant, au-delà de ce
que le Parlement a voté sur les dépenses qui doivent être encourues pour
l'organisation des élections, il faut qu'il y ait un soutien de la communauté
internationale. Et là, je félicite le Premier ministre de la République de
Maurice qui a dit haut et fort qu'il y a un engagement de la part du
gouvernement mauricien pour décaisser 500. 000 dollars pour l'organisation des
élections qui, qu'on le veuille ou non, va quand même coûter 60 millions de
dollars. Au- delà de ce qui a été voté par le Parlement malgache, il faut
trouver les moyens nécessaires pour que cette somme puisse être mobilisée pour
une bonne organisation des élections à Madagascar.
Q : Est-ce qu'il y
aura un soutien financier de la SADC ?
R : Il y a un engagement pris par
la SADC pour décaisser 10 millions de dollars. Si je prends l'engagement pris
par la Commission de l'océan Indien, c'est un million de dollars, donc 9
probablement de la SADC. Il ne faut pas oublier que les Etats membres de la
Commission de l'océan Indien sont aussi membres de la SADC. Donc, 10 millions de
dollars provenant de la SADC, d'autres sources de financement de la communauté
internationale incuse l'Union européenne, je crois que la somme requise va être
recueillie sans aucun problème.
Q : Est-ce que après l'adoption de la loi
d'amnistie le président Ravalomanana pourra rentrer tranquillement de son exil
d'Afrique du Sud ?
R : L'essentiel, c'est de trouver le moment opportun
pour le retour du président Ravalomanana, et je laisse le soin à la présidence
et les membres de la troïka de continuer le dialogue déjà entamé avec les
protagonistes. L'essentiel, c'est le respect de cette feuille de route. Il faut
que la loi sur l'amnistie soit votée par le Parlement pour que les personnes qui
sont accusées de crimes contre l'humanité puissent être exonérées.
Q :
Sur la RDC maintenant, qu'est-ce qui ressort de la réunion de ce dimanche
?
R : Sur la RDC, l'essentiel maintenant, c'est de mettre sur pied ce
qu'on appelle International Neutral Army (la force internationale neutre, NDLR).
Cela est important pour redonner confiance à la RDC. Le soutien des Nations
Unies est là, mais il faut qu'il y ait une meilleure interaction avec la MONUSCO
( Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation de la
République démocratique du Congo, NDLR) et Interantional Neutral Army. Et il
faut que cela se fasse sans heurts et dans le respect de la souveraineté de la
RDC.
Q : Y a-t-il un calendrier qui a été fixé pour la mise en place de
cette force, les autorités de Kinshasa s'impatientent de son établissement
?
R : Il y a une feuille de route qui a été établie. Je sais que le
secrétaire général des Nations Unies veut rencontrer les pays membres de la
Conférence internationale sur la région des Grands Lacs. Il y a une très bonne
concertation entre la SADC et la Conférence internationale sur la région des
Grands Lacs. C'est une bonne interaction. Ce qui a été dit et condamné haut et
fort par la SADC, il ne faut pas que le groupe M23 ait une certaine légitimité.
Il faut que tout le monde soit partie prenante et qu'on respecte la souveraineté
de la RDC. Il ne faut pas qu'il y ait un sentiment d'invasion d'un pays voisin
par un autre. Il faut qu'il y ait un dialogue, des consultations pour trouver
une solution qui va nous donner beaucoup de confiance quant à une sortie de
crise durable.
Par Raphaël Mvogo
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