Joan Bardeletti est l'un des 4 photographes engagés dans le projet "Le quotidien des Capitales" : 4 photographes français embarqués dans 4 rédactions de journaux de 4 capitales africaines. Entretien.
30.01.2013Propos recueillis par Pascal HérardPouvez-vous nous résumer le projet "Le quotidien des Capitales" ?
Joan Bardeletti : Le projet "Le quotidien des Capitales", c'est une immersion dans le journalisme africain. L'idée est de se frotter vraiment au terrain, à ce qui remplit l'actualité des journaux africains. La majorité du temps, nous les photographes, nous traitons des sujets larges, des grandes thématiques. L'idée c'est de revenir à ce qui anime la vie de tous les jours des grandes villes africaines.
Pour cela, vous allez dans les rédactions de journaux ?
J.B : Oui, parce qu'on ne veut pas qu'il y ait de biais issu de notre vision occidentale : la seule façon de faire ça, c'est d'être en conférence de rédaction le matin avec les journalistes locaux, de voir ce qui est traité et de partir avec eux sur le terrain. On prend les voitures, les bus et on va photographier ce qui remplit le journal du lendemain matin.
Joan Bardeletti : Le projet "Le quotidien des Capitales", c'est une immersion dans le journalisme africain. L'idée est de se frotter vraiment au terrain, à ce qui remplit l'actualité des journaux africains. La majorité du temps, nous les photographes, nous traitons des sujets larges, des grandes thématiques. L'idée c'est de revenir à ce qui anime la vie de tous les jours des grandes villes africaines.
Pour cela, vous allez dans les rédactions de journaux ?
J.B : Oui, parce qu'on ne veut pas qu'il y ait de biais issu de notre vision occidentale : la seule façon de faire ça, c'est d'être en conférence de rédaction le matin avec les journalistes locaux, de voir ce qui est traité et de partir avec eux sur le terrain. On prend les voitures, les bus et on va photographier ce qui remplit le journal du lendemain matin.
Joan Bardeletti
Vous vous mettez un peu à la place des journalistes africains ?
J.B : A la place, non, puisqu'on ne les remplace pas : on se met gracieusement à leur disposition. Nous travaillons depuis longtemps en Afrique (les quatre photographes, voir encadré, NDLR). Nous avons contacté chacun une rédaction d'un journal dans un pays africain pour leur dire : "voilà, on vous propose de travailler avec vous gracieusement pendant deux semaines, on va faire des images avec vos journalistes, vous pouvez les mettre à disposition de vos lecteurs, les publier, et nous ce qu'on veut, à côté de ça, c'est faire des images d'auteur pour mieux comprendre ce qu'est la réalité, et témoigner".
Justement, avec cette approche originale, quel a été l'accueil des rédactions ? Il a été immédiatement positif ou bien il y a eu des réticences ?
J.B : Ils ont été un peu surpris au début, en nous demandant pourquoi travailler gratuitement, comment ? Mais très sincèrement, dès qu'on leur a expliqué le projet, ça a été tout de suite accepté. On leur a montré qu'on avait un gros historique de photographies sur l'Afrique, qu'on ne tombait pas comme ça de nulle part, qu'on avait envie de comprendre, de voir ce qu'ils font toute la journée, et que la seule façon de le faire c'est d'être avec eux, d'attendre l'événement, de le photographier, d'avoir des problèmes d'accès, de transport…
J.B : A la place, non, puisqu'on ne les remplace pas : on se met gracieusement à leur disposition. Nous travaillons depuis longtemps en Afrique (les quatre photographes, voir encadré, NDLR). Nous avons contacté chacun une rédaction d'un journal dans un pays africain pour leur dire : "voilà, on vous propose de travailler avec vous gracieusement pendant deux semaines, on va faire des images avec vos journalistes, vous pouvez les mettre à disposition de vos lecteurs, les publier, et nous ce qu'on veut, à côté de ça, c'est faire des images d'auteur pour mieux comprendre ce qu'est la réalité, et témoigner".
Justement, avec cette approche originale, quel a été l'accueil des rédactions ? Il a été immédiatement positif ou bien il y a eu des réticences ?
J.B : Ils ont été un peu surpris au début, en nous demandant pourquoi travailler gratuitement, comment ? Mais très sincèrement, dès qu'on leur a expliqué le projet, ça a été tout de suite accepté. On leur a montré qu'on avait un gros historique de photographies sur l'Afrique, qu'on ne tombait pas comme ça de nulle part, qu'on avait envie de comprendre, de voir ce qu'ils font toute la journée, et que la seule façon de le faire c'est d'être avec eux, d'attendre l'événement, de le photographier, d'avoir des problèmes d'accès, de transport…
Et ça ne pose pas de problèmes ? Il peut y avoir quand même des craintes sur votre approche, avec des journaux très "officiels" ou proches du pouvoir en place, comme le quotidien ivoirien "Fraternité Matin", non?
J.B : On sait qu'il y a des journaux plus ou moins indépendants, certains plus dans une ligne gouvernementale, mais ce qui nous a attirés en Côte d'Ivoire par exemple, c'est que le journal "Fraternité Matin" a pour rédacteur en chef Venance Konan, un journaliste et écrivain très réputé, très renommé, et on avait envie de travailler avec lui. Le projet n'est pas de faire un journalisme de contestation, mais de parler de la réalité du métier de journaliste en Afrique. Nous avons eu d'autres expériences équivalentes par le passé, et on s'est aperçu que même dans des journaux réputés être dans la ligne gouvernementale il y avait une grande liberté d'écriture. Il peut y avoir un effet un peu biaisé par moments, dans le choix des sujets, au moment de la conférence de rédaction, mais les journalistes en tant que tels, quand ils traitent les sujets ils les traitent bien.
Vous-même serez au sein de la rédaction de l'Express à Madagascar à partir du 18 mars : avez-vous déjà réfléchi aux types de sujets que vous aimeriez suivre ?
J.B : Une des raisons d'aller à Madagascar mais aussi des choisir des pays africains francophones, c'est que l'on fonctionne sans budget : dans un pays non francophone, la traduction aurait été trop lourde et donc chère. Il était aussi important que les gens puissent se plonger dans les articles, et qu'il n'y ait pas le barrage d'une langue étrangère. L'idée était d'aller dans différentes zones africaines (d'Ouest en Est, NDLR). Le choix de Madagascar c'est aussi parce qu'il y a l'approche des élections et qu'on a un contexte politique qui est un peu particulier, un peu tendu. Donc ma démarche est de voir comment va se dérouler le mélange de sujets politiques et de sujets plus terre-à-terre. Comment la balance entre ces différents sujets peut se faire, et comment je vais arriver à trouver la bonne approche photographique pour avoir une série qui soit homogène sur tous ces sujets là, et qui apporte une sorte de contrechamps par rapport à la photo plus classique qui va être publiée sur le journal.
J.B : On sait qu'il y a des journaux plus ou moins indépendants, certains plus dans une ligne gouvernementale, mais ce qui nous a attirés en Côte d'Ivoire par exemple, c'est que le journal "Fraternité Matin" a pour rédacteur en chef Venance Konan, un journaliste et écrivain très réputé, très renommé, et on avait envie de travailler avec lui. Le projet n'est pas de faire un journalisme de contestation, mais de parler de la réalité du métier de journaliste en Afrique. Nous avons eu d'autres expériences équivalentes par le passé, et on s'est aperçu que même dans des journaux réputés être dans la ligne gouvernementale il y avait une grande liberté d'écriture. Il peut y avoir un effet un peu biaisé par moments, dans le choix des sujets, au moment de la conférence de rédaction, mais les journalistes en tant que tels, quand ils traitent les sujets ils les traitent bien.
Vous-même serez au sein de la rédaction de l'Express à Madagascar à partir du 18 mars : avez-vous déjà réfléchi aux types de sujets que vous aimeriez suivre ?
J.B : Une des raisons d'aller à Madagascar mais aussi des choisir des pays africains francophones, c'est que l'on fonctionne sans budget : dans un pays non francophone, la traduction aurait été trop lourde et donc chère. Il était aussi important que les gens puissent se plonger dans les articles, et qu'il n'y ait pas le barrage d'une langue étrangère. L'idée était d'aller dans différentes zones africaines (d'Ouest en Est, NDLR). Le choix de Madagascar c'est aussi parce qu'il y a l'approche des élections et qu'on a un contexte politique qui est un peu particulier, un peu tendu. Donc ma démarche est de voir comment va se dérouler le mélange de sujets politiques et de sujets plus terre-à-terre. Comment la balance entre ces différents sujets peut se faire, et comment je vais arriver à trouver la bonne approche photographique pour avoir une série qui soit homogène sur tous ces sujets là, et qui apporte une sorte de contrechamps par rapport à la photo plus classique qui va être publiée sur le journal.
Illustration du 30 janvier (Les dépêches de Brazaville - Philippe Guionie / Le Quotidien des Capitales)
Comment votre projet va-t-il se décliner ?
J.B : Il y a les petits articles accompagnés de photos qui sont présentés dans le blog "Le quotidien des Capitales" (voir encadré, NDLR), ce sont des réflexions du photographe sur la journée passée, avec une reproduction de l'article publié dans le journal. On a le vrai article et un texte qui permet de comprendre comment nous, nous avons perçu de notre côté le sujet, avec tous les à-côtés. C'est pour cela que l'on a aussi une partie "coulisses" sur le blog. Mais nous voulons aller plus loin…
Justement, quels sont, au final, les objectifs du projet "Le quotidien des Capitales", au delà du blog ? Offrir une autre vision de l'Afrique, différente de celle d'un continent qui ne connaîtrait que des drames ? avec un support papier ?
J.B : Notre objectif c'est de faire connaître cette réalité du journalisme africain et de créer des liens. Ca commence par ce blog, en postant, en agrégeant le plus de personnes intéressés. C'est un peu comme si les gens ouvraient trois fois par semaines un journal africain. Donc, le projet sera essentiellement "web" jusqu'à fin mars, puis dans un deuxième temps, nous voulons créer un objet éditorial de type journal, magazine, qui serait à la fois distribué en France et dans les différents pays où on est allés. L'idée, c'est que cet objet soit acheté n'importe où en France. On n'a pas la prétention de faire changer de regard les personnes en France sur les sociétés africaines, mais au moins faire évoluer la vision qu'ils en ont. Et surtout arriver à dépasser la sphère des gens qui connaissent l'Afrique et sont déjà intéressés par le sujet. C'est pour cela qu'on cherche à faire un partenariat avec un grand journal français, comme le Parisien, le Monde ou Libération, et proposer que cette édition du journal panafricain puisse être distribué en même temps : pour que "monsieur et madame tout le monde" puissent lire pendant 3 mois cette actualité africaine, mais de façon attrayante.
J.B : Il y a les petits articles accompagnés de photos qui sont présentés dans le blog "Le quotidien des Capitales" (voir encadré, NDLR), ce sont des réflexions du photographe sur la journée passée, avec une reproduction de l'article publié dans le journal. On a le vrai article et un texte qui permet de comprendre comment nous, nous avons perçu de notre côté le sujet, avec tous les à-côtés. C'est pour cela que l'on a aussi une partie "coulisses" sur le blog. Mais nous voulons aller plus loin…
Justement, quels sont, au final, les objectifs du projet "Le quotidien des Capitales", au delà du blog ? Offrir une autre vision de l'Afrique, différente de celle d'un continent qui ne connaîtrait que des drames ? avec un support papier ?
J.B : Notre objectif c'est de faire connaître cette réalité du journalisme africain et de créer des liens. Ca commence par ce blog, en postant, en agrégeant le plus de personnes intéressés. C'est un peu comme si les gens ouvraient trois fois par semaines un journal africain. Donc, le projet sera essentiellement "web" jusqu'à fin mars, puis dans un deuxième temps, nous voulons créer un objet éditorial de type journal, magazine, qui serait à la fois distribué en France et dans les différents pays où on est allés. L'idée, c'est que cet objet soit acheté n'importe où en France. On n'a pas la prétention de faire changer de regard les personnes en France sur les sociétés africaines, mais au moins faire évoluer la vision qu'ils en ont. Et surtout arriver à dépasser la sphère des gens qui connaissent l'Afrique et sont déjà intéressés par le sujet. C'est pour cela qu'on cherche à faire un partenariat avec un grand journal français, comme le Parisien, le Monde ou Libération, et proposer que cette édition du journal panafricain puisse être distribué en même temps : pour que "monsieur et madame tout le monde" puissent lire pendant 3 mois cette actualité africaine, mais de façon attrayante.
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