(Le Figaro 22/01/2013)
La guerre au Sahel sera longue, car ses objectifs sont ambitieux. Le but clairement affiché par Paris est d'aider les forces africaines à «la reconquête totale du pays» dont le nord est occupé par les groupes islamistes depuis un peu moins d'un an. «On ne va pas laisser des poches» de résistance, affirme le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, qui promet d'«éradiquer le terrorisme» et de restaurer l'«unité du Mali».
Ce discours n'est pas nouveau. Il souffle dans les couloirs du ministère depuis de longs mois. Évoquant en septembre l'intervention militaire qui se préparait dans le Sahel, des sources dans l'entourage du ministre affirmaient déjà que l'objectif serait de restaurer l'intégrité territoriale du Mali. Seule différence, les responsables politiques excluaient à l'époque d'envoyer des troupes au sol.
L'heure de la reconquête du Nord n'a pas encore sonné. Pour l'instant, les forces françaises continuent à empêcher la progression des groupes armés grâce à des frappes aériennes et des appuis au sol. Elles entendent grignoter, pas à pas, les territoires tenus par les islamistes, tout en continuant à bombarder les bases arrière des groupe armés au Nord avec les avions et les hélicoptères. Des dépôts d'armes ont ainsi été visés dans la nuit de dimanche à lundi à Tombouctou. Après avoir envoyé les forces spéciales en avant-garde, Paris a commencé à faire monter vers le nord ses forces régulières. Lundi, elles ont repris le contrôle de Diabali et de Douentza, tout en laissant les forces maliennes pénétrer les premières dans les villes.
Poreuses frontières
Car ce sont bien les armées africaines, même si elles sont épaulées par les militaires français, qui devront se charger de récupérer le nord du pays. Elles doivent normalement constituer un «relais» à l'intervention française. Au ministère de la Défense, on espère que cette étape sera franchie le plus rapidement possible. Indispensable pour éviter les accusations de néocolonialisme, ce pari sur les forces africaines est aussi le point faible de la guerre qui se joue depuis dix jours au Mali. Car si les militaires français étaient prêts, les armées africaines de l'étaient pas. Peu formées, mal équipées, désorganisées, les troupes locales ne seront pas opérationelles avant plusieurs mois. De leur degré de compétence dépendra l'implication militaire des Français pendant la reconquête du Nord, un territoire immense, deux fois grand comme la France.
La résolution de ce type de conflit s'inscrit dans un temps politique long. La reconquête pleine et entière du nord du Mali signifie en effet que tous les éléments terroristes soient éradiqués de la zone et pas seulement repoussés de l'autre côté des poreuses frontières de la région. Un objectif particulièrement ambitieux. François Hollande a assuré que l'opération durerait «le temps nécessaire pour que le terrorisme soit vaincu dans cette partie-là de l'Afrique».
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Une provision de 630 millions pour les «Opex»
Combien va coûter l'opération Serval? Le chiffrage se fera «dans la transparence», a promis Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense au micro de RTL, en estimant que toute estimation était prématurée. Il faut attendre que la France ait achevé de mettre en place son dispositif au complet. La facture finale dépendra de la durée de la mission, du nombre de munitions utilisées et de sorties des forces aériennes. Le coût horaire industriel du Rafale, hors salaires du personnel de la base aérienne et des pilotes, tourne par exemple «autour de 14.000 euros», selon le ministère de la Défense. Un missile air-sol AASM conçu par Sagem coûte 350.000 euros. La solde des militaires est également plus importante lorsqu'ils sont «projetés» hors du territoire national. Tous les ans, la France provisionne entre 600 et 850 millions d'euros pour couvrir les surcoûts qu'entraînent ces opérations extérieures (Opex) pour le budget de la Défense. En 2013, une provision de 630 millions d'euros a été reconduite. Une somme à comparer avec les 31,4 milliards d'euros du budget de la défense. «Le surcoût du maintien de 2.500 hommes au Mali représente 8 millions par mois», estime-t-on au ministère de l'Économie. Les 2.500 hommes qui seront à terme engagés au Mali représenteront 50 % des forces déployées en Afghanistan, un engagement qui a coûté à la France 492,9 millions en 2012 et 518,3 millions 2011, selon un rapport du Sénat.
Par Isabelle Lasserre
© Copyright Le Figaro
La guerre au Sahel sera longue, car ses objectifs sont ambitieux. Le but clairement affiché par Paris est d'aider les forces africaines à «la reconquête totale du pays» dont le nord est occupé par les groupes islamistes depuis un peu moins d'un an. «On ne va pas laisser des poches» de résistance, affirme le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, qui promet d'«éradiquer le terrorisme» et de restaurer l'«unité du Mali».
Ce discours n'est pas nouveau. Il souffle dans les couloirs du ministère depuis de longs mois. Évoquant en septembre l'intervention militaire qui se préparait dans le Sahel, des sources dans l'entourage du ministre affirmaient déjà que l'objectif serait de restaurer l'intégrité territoriale du Mali. Seule différence, les responsables politiques excluaient à l'époque d'envoyer des troupes au sol.
L'heure de la reconquête du Nord n'a pas encore sonné. Pour l'instant, les forces françaises continuent à empêcher la progression des groupes armés grâce à des frappes aériennes et des appuis au sol. Elles entendent grignoter, pas à pas, les territoires tenus par les islamistes, tout en continuant à bombarder les bases arrière des groupe armés au Nord avec les avions et les hélicoptères. Des dépôts d'armes ont ainsi été visés dans la nuit de dimanche à lundi à Tombouctou. Après avoir envoyé les forces spéciales en avant-garde, Paris a commencé à faire monter vers le nord ses forces régulières. Lundi, elles ont repris le contrôle de Diabali et de Douentza, tout en laissant les forces maliennes pénétrer les premières dans les villes.
Poreuses frontières
Car ce sont bien les armées africaines, même si elles sont épaulées par les militaires français, qui devront se charger de récupérer le nord du pays. Elles doivent normalement constituer un «relais» à l'intervention française. Au ministère de la Défense, on espère que cette étape sera franchie le plus rapidement possible. Indispensable pour éviter les accusations de néocolonialisme, ce pari sur les forces africaines est aussi le point faible de la guerre qui se joue depuis dix jours au Mali. Car si les militaires français étaient prêts, les armées africaines de l'étaient pas. Peu formées, mal équipées, désorganisées, les troupes locales ne seront pas opérationelles avant plusieurs mois. De leur degré de compétence dépendra l'implication militaire des Français pendant la reconquête du Nord, un territoire immense, deux fois grand comme la France.
La résolution de ce type de conflit s'inscrit dans un temps politique long. La reconquête pleine et entière du nord du Mali signifie en effet que tous les éléments terroristes soient éradiqués de la zone et pas seulement repoussés de l'autre côté des poreuses frontières de la région. Un objectif particulièrement ambitieux. François Hollande a assuré que l'opération durerait «le temps nécessaire pour que le terrorisme soit vaincu dans cette partie-là de l'Afrique».
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Une provision de 630 millions pour les «Opex»
Combien va coûter l'opération Serval? Le chiffrage se fera «dans la transparence», a promis Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense au micro de RTL, en estimant que toute estimation était prématurée. Il faut attendre que la France ait achevé de mettre en place son dispositif au complet. La facture finale dépendra de la durée de la mission, du nombre de munitions utilisées et de sorties des forces aériennes. Le coût horaire industriel du Rafale, hors salaires du personnel de la base aérienne et des pilotes, tourne par exemple «autour de 14.000 euros», selon le ministère de la Défense. Un missile air-sol AASM conçu par Sagem coûte 350.000 euros. La solde des militaires est également plus importante lorsqu'ils sont «projetés» hors du territoire national. Tous les ans, la France provisionne entre 600 et 850 millions d'euros pour couvrir les surcoûts qu'entraînent ces opérations extérieures (Opex) pour le budget de la Défense. En 2013, une provision de 630 millions d'euros a été reconduite. Une somme à comparer avec les 31,4 milliards d'euros du budget de la défense. «Le surcoût du maintien de 2.500 hommes au Mali représente 8 millions par mois», estime-t-on au ministère de l'Économie. Les 2.500 hommes qui seront à terme engagés au Mali représenteront 50 % des forces déployées en Afghanistan, un engagement qui a coûté à la France 492,9 millions en 2012 et 518,3 millions 2011, selon un rapport du Sénat.
Par Isabelle Lasserre
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