(Afrik.com 29/01/2013)
Il est encore malade, mais promet de reprendre bientôt le
combat politique
L’opposant André Mba Obame est au centre de folles
rumeurs depuis plus de 5 mois. Tantôt on le dit mort, tantôt très malade et
interné chez des féticheurs équato-guinéens. L’ancien ministre de l’intérieur
n’a fait aucune déclaration publique depuis le mois août 2012, ce qui a
contribué largement à alimenter la rumeur. Il vient finalement de rompre le
silence dans une longue interview accordée à l’hebdomadaire Les Echos du Nord,
dans sa parution de lundi. OMA comme on l’appelle affectueusement s’est dit «
prêt à reprendre le combat politique » et a invité le peuple à une grande
mobilisation pour la lutte pour la démocratie et la liberté au
Gabon.
Dans ses premiers propos dans le journal, Mba Obame a donné les
raisons de son silence et a livré ses sentiments à l’opinion publique. « A votre
avis, dans la vie, faut-il répondre à toutes les rumeurs ? Avant tout j’avais
mieux à faire, notamment à me faire soigner, car j’étais bien malade et ceux qui
se sont acharnés sur moi savent de quoi je parle. J’ai même appris que des
sommes colossales avaient été mises en jeu pour m’éliminer de la surface de la
terre, d’où toutes ces folles rumeurs sur ma prétendue mort. Vous savez, dans
nos villages, il est souvent dit que lorsque des gens vous souhaitent la mort ou
lorsqu’ils veulent trop vite vous enterrez, ils doivent savoir qu’en réalité ils
vous ajoutent la vie », a déclaré l’opposant. Il ajoute qu’au lieu de répondre à
des rumeurs méchantes et politiciennes au mépris de la dignité humaine, il a
préféré se consacrer à l’essentiel.
Je suis prêt à reprendre le
combat
Dans cette longue interview de trois pages, André Mba Obame a
déclaré qu’il est encore malade, même si son état de santé est « bien meilleur »
que lors de son retour à Libreville le 11 août 2012. « Je suis pratiquement et
physiquement prêt à reprendre le combat politique pour la libération de mon
pays. Pour vous dire, je me sens aujourd’hui à 70% de mes capacités. En fait,
les problèmes mécaniques que j’avais sont amoindris, je me sens beaucoup plus
alerte et en confiance spirituellement et je puis vous dire que ma rééducation
fonctionnelle se déroule normalement. D’ici peu de temps, je crois que ça ira »,
a-t-il affirmé.
L’ex ministre de l’intérieur a affirmé dans le même
registre que son état de santé est entrain de s’améliorer « grâce à une
impressionnante mobilisation de forces spirituelles » et aux soins intensifs de
la médecine traditionnelle. « Je sais que tout cela n’est pas rationnel ni
cartésien, mais le croyant que je suis peut vous dire que des gens se sont
mobilisés aussi bien chez les catholiques, les protestants, les églises de
réveil que chez les musulmans ou au sein des religions traditionnelles que sont
le bwiti et le melane », a souligné Mba Obame.
Appel à la
mobilisation
Répondant aux questions du journal, l’opposant a invité les
Gabonais à la mobilisation, pour la poursuite du combat pour la démocratie et la
liberté au Gabon, car selon lui, un nouveau cycle a commencé et les espoirs du
peuple ont de fortes chances de se matérialiser en 2013.
« L’union
nationale (UN, dissoute) et l’union des forces pour l’alternance (UFA,
regroupement de partis d’opposition) militent pour faire échec à toute velléité
monarchique et établir une démocratie véritable dans notre pays. Dans le
contexte actuel, ces forces sont incontournables ! Je profite d’ailleurs de
l’opportunité que vous m’offrez (…) pour adresser mes félicitations aux
présidents Myboto, Ogouliguendé, Ndaot, Maganga Mousavou, Eyeghé Ndong, Mouity
Nzamba, Kombila, Bengone Nsie et Eya Mvey entre autres, pour le formidable
travail de rassemblement et d’unité de l’opposition démocratique qu’ils abattent
sans cesse, en dépit de toutes les manœuvres d’isolement et d’intimidation
orchestrées par les forces de régression tapies dans l’ombre de la soi-disant
émergence », a déclaré Mba Obame critiquant les autorités de Libreville, qui
sont selon lui, sont de plus en plus discréditées sur la scène internationale et
auprès des amis du Gabon. « Des dissensions et des fissures apparaissent au sein
du régime gabonais, et même dans la famille Bongo censée être le socle de ce
régime. Et puis il n’est pas besoin d’avoir une loupe pour se rendre compte du
divorce profond entre le peuple gabonais et ses gouvernants actuels », a ajouté
l’opposant.
La CEMAC porte les germes de l’avenir de notre
pays
Sur le thème de la présidence CEMAC du Gabon, André Mba Obame a
avancé dans cette interview que les autorités de Libreville n’ont pas pris le
sujet au sérieux et qu’aujourd’hui elles sont entrain de faire les choses avec
précipitation, alors que le mandat du Gabon à la tète de cette organisation
prend fin au mois de juillet prochain. « Croyez-vous qu’en six mois qu’il soit
possible d’identifier nos axes d’intervention, mobiliser les ressources, les
moyens et les partenariats nécessaires et procéder à la mise en œuvre de la
stratégie retenue ? », s’est interrogé l’homme politique, avant d’ajouter : «
Pour moi la CEMAC est un sujet sérieux qui porte en lui les germes de l’avenir
de notre pays et je ne saurais tolérer qu’il soit noyé parmi tant d’autres
sujets. Car, que nous le voulions ou non, le Congo, le Cameroun et la Guinée
Equatoriale sont et resteront à jamais nos voisins. L’avenir du Gabon se
construira donc avec eux ».
La dernière partie de l’interview de
l’opposant contient des chiffres assez révélateurs sur le mal-être de la
population. André Mba Obame affirme que 70% de la population gabonaise ne mange
pas à sa faim et que le Gabon occupe le 7e rang mondial des pays où la
population éprouve des difficultés à se nourrir. 3 Gabonais 4 ont du mal à se
loger et 61% des Gabonais n’ont pas confiance à leur force de sécurité et à leur
système judiciaire. 28% des Gabonais rêvent de s’exiler pour tenter leur chance
ailleurs. Ces chiffres révélés par l’opposant radical au régime Bongo sont issus
d’un récent sondage de l’institut Gallup.
Le chef de fil de l’opposition
radicale a terminé son propos en citant Ghandi : « Quand je désespère, je me
souviens que tout au long de l’histoire la voie de la vérité et de l’amour a
toujours triomphé. Il y a eu dans ce monde des tyrans et des assassins et
pendant un temps, ils peuvent nous sembler invincibles et à la fin, ils tombent
toujours ».
par Pierre Eric Mbog Batassi
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