(Le Monde 18/01/2013)
L'armée malienne a affirmé avoir repris jeudi "le contrôle
total" de la localité de Konna, dans le centre du pays, dont la capture le 10
janvier par des combattants islamistes avait précipité l'intervention française
au Mali. "Nous avons repris le contrôle total de la localité de Konna, après
avoir fait subir de lourdes pertes à l'ennemi", a assuré l'armée malienne dans
un bref communiqué publié vendredi. L'information a été confirmée par une source
de sécurité régionale.
Des combats avaient opposé mercredi, puis dans la
nuit de mercredi à jeudi des soldats maliens, appuyés par des militaires
français, à des islamistes armés près de Konna. De nouvelles frappes aériennes
françaises auraient eu lieu, jeudi, pour que les soldats maliens puissent entrer
dans la ville.
La chute de Konna lors d'une offensive surprise
des combattants islamistes, le 10 janvier, avait déclenché l'intervention de la
France, qui redoutait une percée vers Bamako des djihadistes. Les forces
françaises étaient d'abord intervenues avec des bombardements aériens, puis avec
un engagement au sol. La zone n'est pas accessible à des observateurs
indépendants.
MSF DEMANDE L'ACCÈS À KONNA
Médecins sans frontières
(MSF) a réclamé vendredi que les organisations humanitaires soient autorisées à
accéder à la région de Konna pour permettre l'acheminement des secours dans les
zones touchées par les combats. L'ONG a indiqué dans un communiqué être en
négociation avec les autorités civiles et militaires maliennes, l'armée et le
gouvernement français afin d'obtenir l'autorisation d'envoyer des équipes
médicales à Konna.
"Malgré nos demandes répétées, l'accès à la région de
Konna nous est toujours refusé", a déploré Malik Allaouna, directeur des
opérations de MSF. "Depuis plusieurs mois, MSF travaille tant dans les zones
gouvernementales que dans celles contrôlées par les différents groupes armés
dans le nord du Mali", explique Malik Allaouna. "Mais depuis le début de
l'offensive des forces maliennes et françaises, nous ne pouvons plus traverser
les lignes de front malgré notre neutralité. Des régions entières sont
aujourd'hui coupées de l'aide extérieure", affirme l'ONG qui dit poursuivre,
avec 450 personnels maliens et 50 internationaux, ses actions humanitaires au
Mali, notamment dans les régions de Mopti, Tombouctou et Gao, dans le nord du
pays.
INTERNATIONALISER LA CRISE
La Belgique souhaite que
l'opération militaire de la France au Mali redevienne "le plus vite possible"
"une opération internationale", a déclaré vendredi, sur Europe 1, son chef de la
diplomatie, Didier Reynders, mais en s'abstenant de proposer des combattants
belges. "Je reconnais, c'est évident, que l'opération qui est en cours au Mali
démontre à nouveau les retards pris dans la construction d'une Europe de la
défense. On a vraiment un problème de mobilisation de moyens en Europe quand des
évènements importants se produisent", a poursuivi le ministre
belge.
L'Europe "progresse très lentement en politique étrangère
et en défense, on doit accélérer", a conclu Didier Reynders en considérant qu'au
Sahel, il s'agit d'un "combat international où l'Europe doit s'engager très
fortement".
Plus de 1 400 soldats français, des avions et des
hélicoptères de combat, sont désormais déployés au Mali. Une centaine de
militaires togolais et nigérians, premiers éléments de la force d'intervention
ouest-africaine (Misma), dont l'objectif est de chasser les groupes armés qui
occupent le Nord-Mali depuis neuf mois, sont arrivés jeudi soir à Bamako.
Quelque 2 000 membres de cette force doivent être déployés au Mali d'ici au 26
janvier.
FABIUS AU SOMMET DE LA CÉDÉAO
Le chef de la
diplomatie française, Laurent Fabius, participera samedi au sommet
extraordinaire consacré au Mali de la Communauté économique des Etats d'Afrique
de l'Ouest (Cédéao) à Abidjan, a-t-on appris vendredi dans l'entourage du
ministre. Il représentera le président François Hollande à cette réunion. Ce
sommet auquel participera le président malien par intérim, Dioncounda Traoré,
intervient une semaine après le déclenchement des opérations militaires
françaises au Mali.
Le ministre des affaires étrangère venait de
participer vendredi à Paris à un nouveau conseil de défense, devenu quasi
quotidien et consacré à la prise d'otages en Algérie et à la situation au Mali.
Le ministre français a estimé jeudi à Bruxelles que des pays européens
pourraient mettre à disposition des soldats pour l'intervention au Mali. L'Union
européenne n'a pas "déserté" dans l'intervention militaire au Mali même si elle
tarde à apporter une aide sur le terrain à la France, a déclaré Arnaud
Montebourg, le ministre du redressement productif sur BFM TV et RMC Info. "Rien
ne dit qu'ils ne s'engageront pas aux côtés de la France", a-t-il ajouté.
Le Monde.fr avec AFP | 18.01.2013 à 09h04• Mis à jour le 18.01.2013 à
11h37
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