(Le Monde 04/01/2013) Ansar Eddine, l'un des groupes armés occupant le nord du
Mali, a "décidé de retirer l'offre de cessation des hostilités" faite en
décembre à Alger, a annoncé son chef, Iyad Ag Ghaly, dans un communiqué publié
jeudi 3 janvier par l'agence privée mauritanienne Sahara Médias. Il reproche aux
autorités de Bamako de "mener une campagne sans précédent" et de "recruter des
mercenaires" en vue d'une intervention militaire.
Ansar Eddine ainsi que
le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg)
s'étaient dits prêts à négocier avec le pouvoir malien, au lendemain du feu vert
du Conseil de sécurité de l'ONU pour l'envoi d'une force internationale destinée
à chasser les djihadistes du nord du pays. Iyad Ag Ghaly estime que le
gouvernement a toujours "méprisé cette offre à laquelle il n'a jamais répondu
positivement", alors que la proposition avait été "arrachée" par des
intermédiaires au terme de "rudes négociations". Il s'est dit toutefois
disponible pour "l'ouverture de nouvelles négociations même si [Ansar Eddine]
n'a jamais décelé une volonté réciproque chez l'autre partie".
Le 20
décembre, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution approuvant le
déploiement par étapes d'une force armée internationale au Mali pour déloger les
islamistes, sans préciser de calendrier. Mais l'organisation a également appelé
les autorités au dialogue avec les groupes armés rejetant le terrorisme et la
partition du Mali.
Le communiqué d'Iyad Ag Ghaly intervient deux jours
après qu'une délégation d'Ansar Eddine a remis au président burkinabé à
Ouagadougou une "plateforme politique", selon une source proche du médiateur
burkinabé. Le contenu de ce document n'a pas été révélé, pas plus que la
composition de la délégation, qui a quitté le jour même (mardi) le Burkina
Faso.
LES EXACTIONS CONTINUENT
Le groupe islamiste armé domine le
nord du Mali depuis juin avec Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et le
Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), tous
prônant l'application de la charia (loi islamique), au nom de laquelle ils
commettent diverses exactions dans leurs zones d'influence.
Ces groupes
et le MNLA avaient pris ensemble le contrôle de ces vastes régions désertiques
fin mars-début avril, après deux mois et demi d'attaques contre l'armée malienne
et quelques jours après un coup d'Etat militaire à Bamako le 22 mars. Les
djihadistes ont ensuite évincé du Nord, fin juin, leurs ex-alliés rebelles
touareg.
Sous l'influence du Burkina Faso et de l'Algérie, autre pays
médiateur, Ansar Eddine avait annoncé avoir renoncé à imposer la charia dans
tout le Mali, mais exigé de pouvoir continuer à le faire dans les zones sous son
influence.
Sur le terrain, les exactions contre les populations se
poursuivent, selon des témoins. Mercredi à Tombouctou, une femme accusée de
concubinage a été battue en public puis transportée évanouie à l'hôpital. Les
islamistes obligent les femmes à se recouvrir la tête et tout le corps, et les
hommes à porter des pantalons courts. Des djihadistes ont été vus ces derniers
jours procédant eux-mêmes à la coupe de bas de pantalons d'habitants en pleine
rue, en usant de ciseaux ou de lames.
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