(Afriscoop 03/10/2011)
(AfriSCOOP) — Depuis plusieurs années, des politiques africains comme Jean-Pierre Fabre (Togo), Etienne Tshisekedi (Rdc) et John Fru Ndi (Cameroun) espèrent, enfin, accéder à la magistrature suprême, en comptant uniquement sur les desideratas de l’électorat de leurs pays respectifs qui a soif de changements politiques. Dans les semaines et mois à venir, ces opposants risquent, hélas, de prendre encore leurs rêves pour des réalités.
Les gestes et comportements démocratiques tardent à s’encrer en Afrique francophone ; contrairement aux éclaircies démocratiques que nous livre de temps en temps l’Afrique anglophone. Michael Sata de la Zambie vient encore de nous en donner l’exemple il y a deux semaines. Le serpent de mer en Afrique francophone est et demeure le même : la mauvaise foi de la plupart des actuels gouvernants et le duo improductif immobilisme-radicalisme de leurs opposants. L’alternance n’est pas dans leur rétroviseur.
Comme un cycle immuable, les opposants de ces régimes âgés en Afrique d’expression francophone semblent ne pas avoir compris la leçon. Ou plutôt refusent de regarder la réalité en face et de chercher d’autres moyens de conquête du pouvoir ou de révision de stratégies politiques qui les forcerait à composer progressivement avec leurs ennemis jurés d’hier.
Quand on est de façon “sempiternelle” au pied du mur comme bon nombre d’opposants francophones d’Afrique qui peinent à convaincre et séduire Paris, Bruxelles, Londres autour de la survivance de la « Françafrique » et ses avatars après son accession au pouvoir, quand on n’a pas les armes comme des oppositions en Afrique anglophone et lusophone, il faut bien, à un moment donné, poser balle à terre… De la simple lucidité d’être humain commande cette attitude.
Biya, Kabila et Faure ont encore un boulevard devant eux…
Paul Biya, 78 ans dont 29 aux commandes du Cameroun ne rempile pas pour un nouveau mandat pour se faire battre par son principal challenger Ndi qui ne l’a rencontré physiquement que cette année ; en plusieurs décennies d’opposition politique et idéologique. L’impréparation et la division de l’Opposition du Cameroun devraient faciliter le succès au leader du Rdpc (parti présidentiel camerounais). Même si beaucoup de Camerounais aspirent à une véritable alternance. Un président qui n’est pas sûr d’aller au vote pour de simples formalités ne promettrait pas toute une panoplie de réalisations (socio-économiques) post-élection comme M. Biya l’a fait ces dernières semaines.
Il en va de même pour le jeune et jumeau Kabila Kabange qui veut faire de la Rdc « un pays émergent » après le scrutin présidentiel de fin d’année. Un peu comme le clament dorénavant beaucoup de présidents francophones d’Afrique, en évoquant le développement de leur République !! Seuls Etienne Tshisekedi et ses irréductibles peuvent continuer de croire, dur comme fer, à une victoire électorale dans un décor dans lequel la caution à la présidentielle représente le capital d’une Pmi en Afrique sub-saharienne. C’est aussi le fanatisme politique qui pousse les autres opposants du président Kabila à ne pas s’interroger sur la sincérité du président sortant en matière électorale, quand ce dernier affirme avoir été l’auteur de « grandes réalisations au cours de son premier quinquennat »… Alors que même son pays qui fournit du coltan aux multinationales de téléphonie mobile du monde entier peine, royalement, à nourrir ses fils et filles. Même ceux de la simple capitale, Kinshasa.
La cécité politique et la croyance au miracle divin (alors que les paroles bibliques enseignent « ora et labora »), c’est aussi le lot de l’Opposition togolaise qui oppose depuis 1990 la rue, des slogans, des marches de protestation à un pouvoir qui a pour racines l’argent et la répression. Après la condamnation de son demi-frère Kpatcha Gnassingbé à 20 ans de prison le 15 septembre dernier, Faure Gnassingbé est en train de se doter d’un nouveau parti politique pour mieux conserver le pouvoir. Contre cette nouvelle habileté du Rpt, M. Fabre et compagnie continuent de brandir la bouderie sur toute la ligne. Du Cpdc (Cadre de discussions politiques) entre autres.
Le comble dans les désillusions que connaissent ces opposants et leurs partisans après de grands rendez-vous électoraux réside dans le fait que ces politiques n’osent pas avouer à leurs irréductibles qu’ils sont devant des quadratures du cercle qui n’ont pour clé que des attitudes « savimbistes » ou à la Rawlings.
Si et seulement si les dictatures autistes de la sphère francophone en Afrique pouvaient gérer leurs pays à la Kadhafi pour favoriser le minimum de redistribution de richesses nationales, les désillusions des adeptes des oppositions francophones en Afrique seraient assurément moins durement ressenties, après les joutes électorales aux résultats pré-fabriqués.
Un commentaire de Hilarion Dembele - © AfriSCOOP
© Copyright Afriscoop
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire