(Le Figaro 22/10/2011)
Un ancien bras-droit du président rwandais Paul Kagame accuse le dirigeant d'avoir ordonné l'attentat contre l'avion de l'ex-chef de l'Etat du pays, Juvenal Habyarimana, qui a déclenché le génocide de 1994. L'opposition rend régulièrement Kagame responsable de l'attaque, mais il est plus rare que l'accusation vienne d'un ex-proche collaborateur. Kagame a lui toujours accusé des extrémistes Hutu au sein du camp d'Habyarimana. Le génocide de 1994 a fait, selon l'ONU, environ 800.000 morts, essentiellement des Tutsi.
"Maintenant, la vérité doit être dite. Paul Kagame, alors commandant en chef de l'Armée patriotique rwandaise, la branche armée du Front patriotique rwandais (FPR), était personnellement responsable des tirs contre l'avion," accuse Théogène Rudasingwa sur sa page Facebook. "Paul Kagame lui-même m'a dit qu'il était responsable des tirs sur l'avion, avec son cynisme caractéristique," poursuit cet ancien ambassadeur rwandais aux Etats-Unis. "Malgré les dénégations publiques, le fait que Kagame soit coupable de ce crime est un secret de polichinelle au sein du FPR et dans les milieux proches du FPR," affirme-t-il.
L'ancien bras-droit de Kagame admet encore, "comme beaucoup d'autres au sein de la direction du FPR", avoir vendu "ce récit mensonger avec enthousiasme en particulier aux étrangers qui pour la plupart l'ont cru", alors même qu'il savait "que Kagame était l'auteur de ce crime". "En tuant le président Habyarimana, Paul Kagame a introduit un élément imprévisible dans un cessez-le-feu déjà fragile," ajoute-t-il. "Ceci a créé un mécanisme dévastateur qui a fait basculer le pays dans la reprise de la guerre civile et le génocide, et la région des Grands Lacs dans une déstabilisation généralisée qui l'a ruinée," estime-t-il encore. "Paul Kagame doit immédiatement répondre de ce crime et de ses conséquences."
Avec d'autres anciens proches de Kagame, Rudasingwa a fondé l'an dernier le Congrès national rwandais, un parti d'opposition qui appelle le président rwandais à quitter le pouvoir. Rudasingwa, qui vit en exil aux Etats-Unis, a confirmé le contenu de sa page Facebook, dont le quotidien Libération s'était fait l'écho plus tôt dans la semaine.
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