(Le Monde 26/10/2011)
Selon les premiers résultats partiels et officiels annoncés mardi par la commission électorale ISIE, le parti Ennahda est arrivé en tête dans neuf des 27 circonscriptions du pays, notamment dans la métropole économique de Sfax (Centre-Est). Le parti islamiste obtient 28 des 55 sièges dans ces neuf circonscriptions. Avec les neuf sièges obtenus à l'étranger, il peut déjà compter sur 37 élus dans la future assemblée de 217 membres.
Dans les neuf circonscriptions où le dépouillement a été achevé, Ennahda est suivi par le Congrès pour la république (CPR, gauche nationaliste) avec 9 sièges, à égalité avec la liste Pétition populaire pour la justice et le développement (PPJD). La surprise est venue de cette liste absente du terrain et dirigée par Hechmi Haamdi, un millionnaire tunisien basé à Londres, ancien islamiste devenu un allié du régime de Ben Ali, qui a fait campagne depuis la Grande-Bretagne par le biais de sa télévision satellitaire Al-Mostakilla, regardée en Tunisie. La PPJD fait déjà l'objet de plaintes, en France et en Tunisie, pour le non-respect des règles de campagne, notamment pour l'utilisation abusive du média privé du millionnaire et pour l'opacité de son financement.
Le parti de gauche Ettakatol obtient 4 sièges, le Parti démocrate progressiste (PDP, centre) 4 également. L'Initiative, parti dirigé par un ancien ministre de Ben Ali, obtient deux sièges. L'Alternative révolutionnaire, appuyée par le PCOT (communistes), et Afek Tounes (libéral) obtiennent un siège chacun.
"DISCUSSIONS AVEC ENNAHDA"
Sans même attendre les résultats définitifs et complets, le chef du parti de gauche Ettakatol, Mustapha Ben Jaafar, a annoncé que les discussions pour la constitution d'un exécutif après l'installation de l'Assemblée constituante avaient commencé, notamment avec les islamistes d'Ennahda.
"Les discussions ont commencé avec tous les partenaires politiques, y compris Ennahda, et se poursuivent en attendant l'annonce des résultats définitifs", a-t-il précisé, tout en se disant personnellement "prêt à assumer les plus hautes responsabilités si un consensus se dégage".
De son côté, Nourredinne Bhiri, dirigeant d'Ennahda, a confirmé que "les discussions étaient bien engagées et portaient sur la formation d'un gouvernement de large union, où personne ne sera exclu, sauf ceux qui refusent d'y participer".
Dans une interview au journal belge Le Soir, mardi, M. Ben Jaafar s'est dit candidat à la présidence de la république par intérim. Le débat avec les partis politiques "est ouvert, loin d'aboutir, pour un accord consensuel entre tous les partenaires. Personne n'est exclu", a-t-il assuré. "On peut être candidat à des postes de responsabilité – chef de l'Etat, chef du gouvernement, présidence de la constituante – mais tout cela dépendra du consensus qui se dégagera", a-t-il dit.
"TRANSPARENTE"
"Nous publierons les résultats au fur et à mesure. Les mécanismes de dépouillement demandent du temps", a déclaré le secrétaire général de l'ISIE, Boubaker Bethabet.
Les Tunisiens ont voté en masse, dimanche, pour élire une assemblée constituante, premier scrutin libre de leur histoire, neuf mois seulement après la révolution qui a chassé Zine El-Abidine Ben Ali, le 14 janvier, et donné le coup d'envoi du "printemps arabe". Deux jours après le scrutin, auquel plus de 7 millions d'électeurs étaient conviés, les observateurs internationaux ont généralement salué une élection "libre" et "transparente", malgré quelques "irrégularités mineures".
LEMONDE.FR avec AFP • Mis à jour le 26.10.11
07h07
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