(Le Pays 25/10/2011)
77,98% des voix pour le candidat sortant, Paul Biya. C’est le premier parmi les 25 candidats en lice. Verdict sans appel des urnes, l’homme rempile ainsi pour un nouveau mandat de sept ans. N’en déplaise à ses contradicteurs. L’homme est imbattable en l’état actuel des forces sur le terrain et du système politique en place. Il fait mieux qu’en 2004, où il avait remporté le scrutin avec 70% des voix.
Le peuple dont il se réclame l’aime encore plus si on s’en tient naïvement aux chiffres officiels. D’ailleurs, ne considère-t-il pas cette victoire comme celle du peuple ? Celle des 3, 5 millions de Camerounais qui lui ont accordé leur confiance sur près de 7,5 millions de votants. 34% des Camerounais ont boudé les urnes. Un chiffre assez élevé qui traduit peut-être la lassitude d’une partie du peuple face au système Biya. Au pouvoir depuis 1982, Paul Biya est à son quatrième mandat consécutif aidé en cela par un appareil politique, une machine à gagner nette et sans bavure. Tant qu’il le désire, personne ne pourra le battre, c’est ainsi malheureusement.
Et le Cameroun n’est pas unique dans ce cas de figure. L’élection présidentielle est dans les faits une simple formalité. Les scores staliniens qui en résultent contribuent incidemment à établir dans la conscience du vrai peuple que l’opposition est inexistante parce que pas représentative de ses aspirations, mais pire encore à mettre dans la tête des opposants qu’ils gagneraient mieux à venir à la soupe. Car, en dehors du parti au pouvoir, point de salut. C’est ainsi que certains chefs d’Etat, jouant le jeu de la démocratie à l’africaine, ont piégé toute idée d’alternance. Dans le cas du Cameroun, la lecture de la situation actuelle montre qu’il y a lieu de s’inquiéter pour la suite du mandat de Biya. L’homme est très âgé.
A 88 ans, aura-t-il assez de ressources intellectuelles et physiques pour aller jusqu’au terme des sept prochaines années, années de tous les dangers ? En réalité, ce mandat devrait être celui de la transition. Le vieux devrait, s’il tient encore à la stabilité de son pays, jeté les bases de son retrait définitif de la scène politique, et laisser les jeunes loups du RDPC faire leurs classes. A défaut d’une alternance à la tête de l’Etat, le parti au pouvoir pourrait au moins l’organiser en son sein. Le dernier scrutin a montré que le risque d’une explosion de violences est réel au Cameroun. Avant les élections, Biya lui-même a dû monter au créneau pour menacer tous ceux qui lui cherchent des noises.
Lui-même a senti que la fronde est présente, lancinante. C’est en cela qu’il marche sur des braises parce qu’avec le printemps arabe, l’on a appris que réaliser un score stalinien aux élections n’est pas synonyme de légitimité. Ben Ali et Moubarak l’ont appris à leurs dépens. Biya pourrait s’en inspirer et quitter le pouvoir avant que les choses ne s’empirent. Sinon, ce serait alors un mandat de trop.
Abdoulaye TAO
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Et quand il va briguer un autre de sept ans vous allez dire quoi en ce moment, qu’il soit là pour toujours il n’ya aucun problème pour nous le peuple.
RépondreSupprimerC’est ça mon frère Biya est là pour longtemps et je suis de l'avis que si le peuple le sollicite encore que feriez –vous, on ne change pas l’équipe qui gagne a-t-on souvent eu l’habitude de dire.Alors qu'il soit là pour très très longtemps peu importe le peuple ne se plaint mais est plutôt ravi.
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