(Le Monde 03/07/2012)
Alors que sept mausolées de saints musulmans et l'entrée d'une des plus grandes mosquées de Tombouctou ont été démolis, ces derniers jours, par le groupe islamiste Ansar Eddine, la médiation ouest-africaine a dénoncé mardi 3 juillet ces actes de destruction.
Le ministre des affaires étrangères burkinabé, Djibrill Bassolé, dont le pays conduit la médiation, a déploré la "destruction de monuments historiques" qui "déchire le cœur des Maliens et de tous ceux qui ont connu ces lieux saints". Les affrontements récents à Gao et "la destruction des mausolées sont pour nous de graves incidents qui, de toute façon, ne vont pas dans le sens de l'apaisement", a-t-il ajouté.
GOUVERNEMENT D'UNION NATIONALE
Depuis un coup d'Etat qui a renversé, le 22 mars, le président Amadou Toumani Touré, les autorités de transition mises en place après le retrait des militaires n'ont pas pu empêcher la fulgurante progression dans le Nord des groupes islamistes alliés à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) – Ansar Eddine (Défenseur de l'islam) et le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). De nombreuses exactions sont, depuis, commises dans cette région aride où l'administration centrale a disparu, de même que l'armée, humiliée, démoralisée et sous-équipée.
Le président guinéen, Alpha Condé, a donc jugé prioritaire de former un "gouvernement d'union nationale", qui aura seul "la légitimité pour demander l'intervention d'une force africaine". Il faut, selon lui, régler en premier lieu "le problème de Bamako". Un mini-sommet de chefs d'Etat ouest-africains, avec des représentants de la classe politique et de la société civile du Mali, aura lieu samedi à Ouagadougou afin de mettre en place ce gouvernement.
Ce gouvernement de "large consensus" devra créer les "conditions" pour "la tenue d'élections présidentielles pour sortir de la transition", selon la médiation. Le défi de la crise au Nord du Mali sera sa seconde priorité, tout aussi urgente : "Plus on perd du temps, plus AQMI s'installe", a ajouté le président guinéen.
INTERVENTION MILITAIRE
"Il faut aider l'armée malienne à se reconstituer. Une intervention se fera nécessairement avec l'armée malienne", a aussi souligné Alpha Condé, ajoutant que l'appui des puissances occidentales était souhaité, mais qu'il n'y aurait "sur le terrain que des troupes africaines".
A Paris, le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius s'est dit optimiste, mardi, sur l'adoption prochaine d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU permettant le déploiement d'une force africaine dans le nord du pays.
RECONQUÊTE DES TERRITOIRES OCCUPÉS
"Tout ce qui peut être fait dans le sens pour nous d'une reconquête des territoires occupés, nous l'acceptons volontiers, que ces efforts viennent de l'Algérie ou, je ne sais pas, de la Suède ou de Monaco ou de la France, quand ces efforts vont dans ce sens-là, nous sommes d'accord", a déclaré le ministre des affaires étrangères malien, Sadio Lamine Sow.
Interrogé sur un possible engagement d'Alger dans l'option militaire, le ministre s'est refusé à toute réponse. L'Algérie est pour l'instant impliquée dans la recherche d'une "solution politique", que les deux parties croient toujours possible, a notamment rappelé, lundi, le ministre délégué aux affaires africaines et maghrébines algérien, Abdelkader Messahel.
Les islamistes libèrent 25 rebelles touareg à Gao
Les islamistes qui ont pris la semaine dernière le contrôle de la ville de Gao, dans le nord-est du Mali, à l'issue de violents combats avec les rebelles touareg, en ont libéré vingt-cinq, selon un de leurs porte-parole. "Il y avait des blessés" parmi eux, a précisé Abou Walid Sahraoui, porte-parole du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). "C'est pour montrer que nous sommes pour la paix", a-t-il ajouté.
Ces libérations ont été faites, selon lui, à la demande d'Iyad Ag Ghaly, chef d'Ansar Eddine, autre groupe armé islamiste présent dans le nord du Mali. Le Mujao et Ansar Eddine sont alliés entre eux, ainsi qu'avec Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Mardi, le président guinéen, Alpha Condé, a établi une claire distinction entre ces groupes islamistes et les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), qui a "une revendication identitaire" et avec qui "il n'est pas question de faire la guerre". Le MNLA, après de violents combats avec les islamistes, a été contraint d'abandonner toutes les grandes agglomérations du nord du Mali –
Gao, Kidal et Tombouctou.
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