jeudi 12 juillet 2012

Divisée, l'Union africaine cherche toujours un nouveau président pour sa Commission

Une fois encore à Addis-Abeba, en Ethiopie, où se tient le 19e sommet des Chefs d'Etat membres de l'Union africaine (UA), les points dominants de l'actualité et l'impasse concernant l'élection du président de la Commission, principale instance de l'Union, dament le pion à l'examen du thème principal à sa voir la relance du commerce intra-africain.
Pourtant, il faudra s'activer, car les échanges commerciaux entre pays africains sont bien loin d'être satisfaisants, sachant que pas plus de 10% des échanges commerciaux du Continent africain se font entre nations africaines, alors même que les vertus de l'intégration régionale dans une économie globalisée ne sont plus à prouver, en Afrique comme ailleurs, soulignent des économistes.
Cette problématique doit d'ailleurs inciter les dirigeants africains à évoquer, encore une fois, les enjeux de l'intégration continentale qui passe inéluctablement par le renforcement de la coopération entre les groupements sous-régionaux, à travers la construction d'infrastructures de communication et la facilitation de la libre circulation des personnes.
D'autres sujets importants et non des moindres sont les crises qui secouent actuellement plusieurs pays et des régions entières du Continent. Le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne, la crise en Somalie qui dure depuis deux décennies, le conflit entre le Soudan et le Sud Soudan, les crises en Guinée-Bissau, au Mali et en République démocratique du Congo restent encore des défis sécuritaires majeurs pour l'Afrique. Alors que des progrès ont été réalisés en Somalie, aussi bien sur le front politique que militaire, des développements préoccupants continuent de se produire dans d'autres régions du continent , a déclaré le Vice-président de la Commission de l'UA, Erastus Mwencha.
Les chefs d'Etats et de gouvernements présents au Sommet devront surtout examiner les tensions entre les frères ennemis du Soudan et du Sud Soudan.
Khartoum et Juba sont, en effet, aux prises à cause du contentieux pétrolier.
C'est dire que le principe de l'intangibilité des frontières, défendu avec acharnement par les Etats membres de l'Union africaine, est donc plus que jamais à l'ordre du jour. D'ailleurs, comment comprendre autrement les activités belliqueuses d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), groupe d'origine algérienne, dans la région Sahélo-saharienne et sa connexion avérée avec la secte Boko Haram ? se demandent les analystes.
Mais tous ces débats sur l'insécurité ambiante vont être éclipsés par le duel pour la présidence de la Commission de l'Union africaine, l'un des temps forts de ce Sommet.
En effet, depuis six mois le président sortant, le gabonais Jean Ping et la ministre sud-africaine de l'Intérieur, Nkosazana Dlamini-Zuma, ancienne épouse de l'actuel chef d'Etat sud-africain, se disputent ce siège. Les chefs d'Etats et de gouvernements de l'UA ont échoué lors du 18e Sommet de l'Union réuni à Addis-Ababa les 29 et 30 janvier dernier à élire un président de la Commission.
En janvier 2012, plusieurs tours de scrutin ne sont pas arrivés à les départager, d'autant plus que cette élection requiert les deux tiers des suffrages. Les efforts de médiation intra-africains n'ont pas eu de résultat, y compris ceux de l'actuel président de l'Union africaine, Thomas Boni Yayi, qui a réuni un Comité de huit membres, présidé par son pays, le Bénin.
Devant cette impasse, les présidents sud-africain, Jacob Zuma et gabonais, Ali Bongo Ondimba, ont été invités par leurs pairs à engager des consultations bilatérales en vue de parvenir, par la voie du dialogue, à une solution concertée dans l'intérêt supérieur du continent africain.
Rappelons à ce sujet que par la voix de son président Mwai Kibaki, le Kenya avait rejeté la candidature de la ministre sud-africaine de l'Intérieur à la présidence de la Commission de l'UA et demandé à l'Afrique du Sud de revoir sa position. Un refus motivé par la crainte du Kenya de perdre sa position de vice-président actuellement occupé par le Kenyan Erustus Mwencha, candidat à sa propre réélection.
Commentant ce bras de fer entre les candidats des deux pays, un observateur africain a indiqué que le Sommet peut envisager soit de supprimer le vote des deux tiers, ce qui paraît difficile, soit le retrait des deux candidats afin de permettre de nouvelles candidatures .
Outre cette querelle de leadership, même le lieu de rencontre de ce 19è Sommet de l'Union africaine a posé question. Le fait qu'il se tienne au siège de l'organisation panafricaine, à Addis-Abeba, cache une autre pomme de discorde qui traverse l'Union africaine. Il s'agit en fait de l'attitude à adopter vis-à-vis de la Cour pénale internationale (CPI).
Le Sommet, qui normalement devait être tenu au Malawi, a été déplacé à la capitale éthiopienne, car le Malawi avait refusé d'accueillir le président soudanais Omar Hassan el-Bechir, arguant qu'il est sous mandat d'arrêt de la CPI. D'où le changement de dernière minute.
C'est dire aussi qu'à Addis-Abeba, seul peut-être le thème principal du Sommet Relancer le commerce interafricain fera l'objet de consensus. Encore que cela reste à démontrer !

MAP
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