mercredi 25 mai 2011

Burkina Faso - Hermann Yaméogo: “Une Constituante peut sauver le Faso”

(L'Observateur Paalga 25/05/2011)

L’Etat se délite de nos jours au Burkina, et la classe politique, toutes tendances confondues, y va de sa thérapie. L’UNDD, par la voix de son président Me Hermann Yaméogo, estime que l’heure est grave et qu’il faut une “trêve politique et une commission tripartite” qui se penchera sur les réformes, lesquelles doivent déboucher sur une “constituante ou un référendum”.
Autre chose : il faudra éviter de braquer le locataire de Kosyam, mais plutôt créer les conditions d’une alternance. C’est la substance du dîner de presse donné le 23 mai dernier par le fils du premier président burkinabè à son domicile, lequel dîner s’est achevé précipitamment à cause du crépitement des armes de la Garde républicaine, dont le casernement est situé à quelques encablures de là.
C’est le Hermann Yaméogo de l’époque de la confrontation CFD/ARDC des années 90, en tout cas par la verve et la conviction chevillée aux tripes, qu’on a retrouvé debout ce soir-là face aux journalistes. Le sujet de cette conférence de presse commandait peut-être ce comportement du patron de l’UNDD. Pour ce dernier, si certains disent qu’il “faut rompre les amarres avec Blaise Compaoré, d’aucuns avancent qu’il faut encore l’accepter comme partenaire ; l’UNDD, au vu de l’ampleur de la contestation, qui a atteint toutes les structures de l’Etat, estime qu’il faut une trêve politique”. Cette sorte de moratoire évitera au Faso de sombrer dans le non-Etat, observé au Liberia et en Sierra-Leone il y a plus d’une dizaine d’années, dira-t-il.
“Que l’on revienne au respect de l’ordre établi, de la hiérarchie et au vouloir-vivre collectif”, martèlera Hermann, qui ajoutera que “le seul espoir qui nous reste réside dans les réformes, et le pouvoir ne perd pas grand-chose en préparant ces réformes, car après tout, c’est lui qui est responsable de cette situation”.
Mais attention, l’UNDD récuse le ministère des Réformes politiques, parce que pour ce parti, ces réformes ne doivent pas être “chaperonnés par le gouvernement” ; exit donc le Conseil consultatif pour les réformes politiques (CCRP).
Selon le conférencier, il faut plutôt mettre en place une commission tripartite (opposition/pouvoir) sans oublier les autres corps socioprofessionnels, et même au niveau régional. Les travaux d’une telle structure devraient être transmis au président du Faso, qui convoquerait une convention nationale susceptible d’aboutir à une constituante ou à un référendum. Telle est, résumée, la solution que propose l’UNDD pour sortir le Faso de cette crise à tiroirs.
Hermann Yaméogo, au détour, fustigera le comportement ou plutôt la passivité du Conseil constitutionnel, qui est “là pour protéger la hiérarchie des normes juridiques, mais on n’a pas vu son président à labour, on n’a pas vu l’institution monter au filet pour affirmer que l’Etat est toujours là, le Conseil constitutionnel s’est plutôt comporté comme un machin”. La trêve préconisée par l’UNDD suppose le consensus. Que faire pour obtenir ce consensus ?
Pour l’UNDD, “le consensus est un passage obligé pour résoudre la crise... le Collège de sages a fait un bon travail, mais l’histoire burkinabè n’est pas restée figée depuis 1999, et il y a d’autres travaux d’hommes politiques, de religieux, de simples citoyens, dont il faut tenir compte”, répondra Hermann à un journaliste.
En outre, Hermann Yaméogo professera devant les journalistes, pratiquement comme un serment, que “les semaines à venir, vous allez assister à un travail de l’UNDD, vous allez voir qu’il y a parti politique et parti politique... Nous allons frapper aux portes des amis du président Maurice Yaméogo, aux portes de tous les républicains pour leur dire qu’il faut remettre le pays debout, il faut restaurer l’autorité de l’Etat” (NDLR : les tournées débuteront par Gaoua, Bobo). Hermann Yaméogo estime qu’il ne faut pas “mythifier l’opposition”, car, lorsque les fondements de l’Etat sont menacés, tout le monde doit œuvrer à le sauver. Aujourd’hui, il y a de l’incrédulité et un rejet de l’Etat et il faut travailler à corriger cela.
Que pense-t-il de l’amnistie proposée par certains citoyens ? La position de l’homme du “tékré” relativement à la problématique de l’amnistie est claire : pour lui, l’UNDD n’est pas partante pour le Conseil consultatif, mais il “faut aérer désormais les discours, l’amnistie dont on parle maintenant est une constante à l’UNDD, qui en avait émis l’idée depuis des lustres”.
Hermann Yaméogo a rappelé que le président Lamizana avait créé une commission y relative en 1978 qui avait abouti à sa concrétisation. “Désormais la sportivité dans la politique doit être une réalité”, laissera entendre celui qui tient les rênes de l’UNDD. Combien de temps doit durer cette trêve proposée ? Pour Hermann, c’est le temps nécessaire pour taire les différences et aboutir à un consensus.
Enfin, y a-t-il lieu de parler de constituante vu que le Burkina Faso n’est pas dans une situation telle qu’il faut changer de République ? Pour Hermann, une constituante est la conséquence d’un grave dysfonctionnement entre les pouvoirs de la République, or il y a un problème institutionnel actuellement au Faso, car, “lorsque dans un système les réformes sont telles qu’on ne reconnaît plus ce système, (ex : l’avènement d’un sénat), on peut aller à une autre République, la constituante peut être une réponse naturelle, et le référendum par contre dans le contexte actuel est un pis-aller”, foi du président de l’UNDD.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
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