mardi 24 mai 2011

Cameroun - Hévéa : 5% de la production nationale, les planteurs villageois prennent du volume au Cameroun (PAPIER GENERAL)

(Xinhuanet 24/05/2011)

YAOUNDE-- Environ 1200 recensés avec les deux tiers regroupés au sein d'une union nationale ayant son siège dans la capitale Yaoundé, les petits planteurs villageois qui pour l'heure représentent 5% de la production nationale d'hévéa au Cameroun évaluée à 60.000 tonnes par an et dominée par trois agro-industries, sont à l'attaque pour acquérir une plus grande place.
« Pendant longtemps, on n'a vu l'hévéa que sous l'angle des plantations industrielles au Cameroun. Après une mission du ministère de l'Agriculture et du Développement rural en Côte d' Ivoire entre 2007 et 2008, la volonté a été exprimée de promouvoir l'hévéaculture villageoise. C'est ainsi que nous avons créé en 2009 l'Union nationale des planteurs d'hévéa (UNPH), a déclaré à Xinhua le secrétaire général de cette organisation, Emmanuel Ndo Mvondo.
Pour la plupart, les petites exploitations villageoises se dressent aux alentours des plantations industrielles, soit au Sud- ouest autour de la CDC (Cameroon Development Corporation, étatique) , au Sud à Nyete autour d'HEVECAM (ancienne société étatique privatisée et désormais aux mains d'une multinationale chinoise), dans le Littoral à Dizangué, près de Douala, la métropole économique camerounaise, autour de SAFACAM (filiale du groupe Bolloré).
Globalement estimées à 3.500 hectares, les superficies individuelles varient entre deux et quatre hectares, pour un rendement de 300 à 400 kilos par hectare et par mois, rapporte M. Ndo Mvondo. « On a beaucoup de pertes de statistiques, car, une très grande partie de la production est achetée par des commerçants nigérians installés dans les bassins de production, surtout au Sud, et expédiée dans leur pays », révèle-t-il.
Les chiffres disponibles à l'UNPH sont celles recueillies plutôt auprès des trois usiniers que sont la CDC, HEVECAM et SAFACAM, par rapport aux quantités achetées directement chez les planteurs pour la première transformation locale en caoutchouc brut. « HEVECAM passe une à deux fois par mois, alors que les Nigérians, eux, sont là tous les jours pour acheter le produit », explique le secrétaire général de l'UNPH.
L'organisation, affirme M. Ndo Mvondo, réfléchit sur de nouvelles méthodes de commercialisation, qui lui permettraient d'avoir des données réelles. Le processus, prévoit deux sessions mensuelles de vente du produit à HEVECAM, entend être lancé en juillet à Nyete. « Au Sud-ouest, on va aussi essayer de le faire, pour que ce soit un usinier camerounais qui achète. En Côte d'Ivoire (d'avant-crise), on n'exporte pas l'hévéa brut », fait savoir le secrétaire général.
A 800 francs (1,8 USD) le prix d'achat actuel au kilo, le marché les petits planteurs ont de quoi avoir le sourire et au regard de la demande internationale croissante, les perspectives restent rassurantes. « Les plantations d'Asie du Sud-est ont vieilli. L'Amérique latine, à cause d'une maladie chronique, est totalement en quarantaine pour tout ce qui est produit d'hévéa », observe aune un optimisme non dissimulé Emmanuel Ndo Mvondo.
Comme quoi, l'avenir de l'hévéa, c'est en Afrique et plus spécifiquement au Cameroun. « C'est l'une des raisons pour lesquelles nous avons saisi le gouvernement pour qu'on lance un programme PPTE (issu des fonds relatifs à l'initiative de la Banque mondiale en faveur des pays pauvres très endettés auxquels le Cameroun appartient, ndlr) sur l'hévéa », informe le secrétaire général de l'UNPH.
Dans cette optique, un projet est en cours de finalisation avec le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, portant sur un programme d'appui au développement des plantations villageoises d'hévéa, d'un montant de 10 milliards de francs CFA ( 20 millions USD) sollicité par l'UNPH.
Déjà en 2010, 42 millions de francs CFA (84.000 USD) ont été alloués et ont permis de fournir « près de 60.000 plants aux planteurs villageois et de former 40 greffeurs ». « Cette année, nous avons reçu 100 millions de francs (200.000 USD) et nous avons consacré 60 millions (120.000USD) à la mise sur pied de jardins à bois et de pépinières. Ce qui nous permettrait de pouvoir livrer à partir de 2013 environ 2,5 millions de plants aux petits planteurs », indique M. Ndo Mvondo.
Pour la certification de ces plants et aussi les formations, l'Union nationale des planteurs d'hévéa a conclu en 2010 une convention de partenariat avec l'Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) du ministère de la Recherche scientifique et de l'Innovation. Pour cette année, elle a prévu le lancement d'un programme de 10 hectares de jardins à bois, dont 10. 000 pieds par hectares, au Sud et au Sud-ouest. Suivront en 2012 le Centre et l'Est.
« Nous nous sommes attelés à la résolution d'un problème qui est général à l'agriculture camerounaise. A savoir, la fourniture d'un matériel végétal de qualité aux petits planteurs. Dans le cas de l'hévéa, il s'agit principalement d'avoir deux choses : un jardin à bois associé à une pépinière », soutient le secrétaire général de l'UNPH.
A terme, l'UNPH, dont les dirigeants ont été impressionnés lors d'une visite en avril-mai 2010 au Nord de Thaïlande, premier producteur mondial, par l'expérience de ce pays d'Asie où 95% de la production nationale d'hévéa provient des petits planteurs, avec des rendements d'une tonne à l'hectare, puis celle de la Malaisie, envisage de créer 150.000 hectares de nouvelles petites plantations d'hévéa au Cameroun dans les 15 prochaines années.
« La production va augmenter. Nous aurons besoin de partenariats pour la mise en place de mécanismes de transformation », prévoit Emmanuel Ndo Mvondo qui fait en outre part de deux programmes dits l'un de « préparation retraite pour les cadres » et l'autre « jeunes ruraux », destinés à « donner une autre image de l'hévéa dans les villages, afin de susciter l'intérêt des jeunes ». « Nous voulons atteindre 10 à 20.000 hectares pour le programme des cadres », dit-il.
En vue de la recherche des financements de ces projets, des négociations sont en cours avec l'Agence française de développement (AFD) qui, avec l'organisme allemand Kfw, a déjà permis aux responsables de l'UNPH de participer à Accra au Ghana en novembre 2010 à une conférence internationale sur l'hévéa, spécifiquement axée sur l'hévéaculture villageoise.

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