jeudi 6 octobre 2011

Zambie - La part d’ombre des groupes miniers

Opérant loin des regards, les grandes entreprises minières communiquent peu. Pourtant elles sont très exposées aux risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) qui doivent être pris en compte, notamment par les investisseurs.

Les entreprises minières sont peu loquaces. Une étude de Novethic, centre de recherche spécialisé sur l’investissement socialement responsable (ISR) et du cabinet de conseil Be Linked, le confirme en publiant, le 8 septembre, une analyse détaillée sur un panel de 23 groupes miniers cotées sur les bourses internationales et leur communication, notamment vis-à-vis des parties prenantes (ONG, société civile…). Résultat, l’étude pointe la faiblesse de l’information publiée concernant les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance. Sur les 23 entreprises du panel, 12 ont une communication qualifiée de partielle et 5 peuvent être considérées comme opaques dont Glencore, l’un des géants du secteur qui a pourtant fait une entrée fracassante en bourse, en mai dernier. En Zambie, Glencore est sur la sellette.

Ces groupes brassent des milliards
L'étude souligne que plus de la moitié des entreprises du panel n'a pas pris d'engagements volontaires concernant les problématiques du secteur. Par exemple, seulement dix groupes ont adhéré à l'ITIE, une initiative lancée en 2003 pour accroître la transparence des paiements et revenus dans le secteur des industries extractives. Or ces groupes brassent des milliards: le chiffre d’affaires cumulé des 23 groupes miniers représentait plus de 386 milliards d'euros en 2010.
Pour Novethic et Be-linked, il s’agit d’alerter les actionnaires et les investisseurs responsables sur les risques potentiels que constituent le manque d’information mais aussi les conflits récurrents avec les communautés locales et les ONG, dont les campagnes médiatiques peuvent être dévastatrices pour l’image de l’entreprise ciblée.
De par leurs activités, les groupes miniers sont régulièrement mis en cause, au plan local et international: accusés de polluer les eaux et les sols, de contribuer à la déforestation, de dégrader la biodiversité, mais aussi de profiter d’opérer dans des pays en développement pour capter les richesses et spolier les populations locales. On peut dès lors comprendre qu’ils préfèrent se faire oublier en communicant le moins possible.
Cette attitude n’est pas viable à long terme.
«Les ONG constituent une force de frappe médiatique qui peut, au minimum, nuire à la réputation des entreprises, mais peut aussi présenter un risque opérationel pour elles. Leurs activités locales peuvent être menacées et les conflits peuvent se transformer en procès intentés pour demander réparation de dommages dont le coût peut atteindre plusieurs centaines de millions de dollars», rappelle l’étude.
Les exemples ne manquent pas. En juillet 2010, les actionnaires de la société britannique Vedanta (5,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2010) se sont opposés à l'extraction de bauxite dans la région d'Orissa en Inde, suite à un rapport d'Amnesty International dénonçant les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance du projet. Résultat, l'entreprise a vu son cours en bourse chuter de 30% les jours suivants. Dans le monde du pétrole, Shell vient de passer en procès et va payer très cher.
«À l' heure où les sociétés minières affichent des performances économiques exceptionnelles, nous avons voulu sensibiliser les investisseurs responsables sur les risques de ce secteur», a commenté Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic.
Ainsi, pour que les parties prenantes, investisseurs en tête, puissent évaluer la capacité des entreprises à identifier les risques et à y apporter des réponses convaincantes, elles doivent les pousser à publier une information de qualité sur les dimensions environnementales et sociales de leur activité.

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