Paul Kagamé a-t-il ordonné l'abattage de l'avion du président Habyarimana? Lors de sa visite le 11 septembre 2011 à Paris, Paul Kagamé a une fois de plus insisté sur la responsabilité des Hutu et non sur la sienne. Il les accuse d’avoir abattu l’avion transportant le président rwandais Juvénal Habyarimana.
Sauf qu’un ancien allié de l'actuel président rwandais Paul Kagamé accuse aujourd'hui ce dernier de complicité dans la mort de l’ancien président. Théogène Rudasingwa a déclaré qu’il avait entendu M. Kagamé se targuer en 1994 d’avoir ordonné l'abattage de l'avion transportant le président Juvénal Habyarimana.
«En perpétrant ce genre de crime, Kagamé a une responsabilité dans le crime de génocide», a-t-il déclaré à la BBC.
Le déclenchement du génocide est souvent perçu comme une conséquence de la mort du président. Simultanément à cet assassinat débutait le génocide des Tutsi dans plusieurs provinces du pays. Quelque 800.000 Tutsi et Hutu sont morts dans le génocide qui a commencé le soir du 6 avril 1994, après l'explosion de l’avion présidentiel. Mais le président Kagamé a toujours nié toute implication dans l'attaque.
Théogène Rudasingwa vit aujourd'hui aux Etats-Unis. Devenu persona non grata auprès du président Kagamé, il a été condamné par contumace en mars dernier au Rwanda à une peine d'emprisonnement de 24 ans pour avoir menacé la sécurité d'Etat et instillé la division entre les ethnies. Proche de Paul Kagamé lors de ses premières armes, Théogène Rudasingwa semble à présent le trahir avec ses déclarations à la presse.
En 2006, un juge français avait déjà accusé Paul Kagamé et ses alliés, une allégation qu'il avait rejetée et qualifiée de «ridicule», insistant sur le fait que les extrémistes Hutu avaient abattu l'avion. En 2007, Paul Kagamé déclarait à nouveau à la BBC:
«Je ne suis pas responsable de la mort d'Habyarimana (…). Je n'étais pas responsable de sa sécurité et il n'était pas responsable de la mienne.»
Comment comprendre des révélations aussi tardives? Théogène Rudasingwa avoue qu’il a menti pendant trop longtemps. Lui et d'anciens membres du FPR (Front Patriotique Rwandais) ont créé en 2010 le Conseil national du Rwanda, une organisation en exil opposée au gouvernement du président Paul Kagamé. Le doute plane toujours sur les responsabilités des acteurs de l’époque dans le génocide rwandais, tant en France qu’au Rwanda.
BBC News Africa
© SlateAfrique
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire